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Hep Taxi : Lous And The Yakuza poursuit son ascension vertigineuse avec son deuxième album, « Iota »

Lous And The Yakusa

© PROPERTY OF ARNO PARTISSIMO

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Par Laure Verheye

Il a suffi de deux singles entêtants, Dilemme et Tout est gore pour que Lous And The Yakuza sorte de l’anonymat. Trois ans plus tard, la belgo-congolaise est devenue un véritable phénomène doublé d’une icône glamour. Hep Taxi l’a rencontrée

Des yeux pétillants, un sourire délicieux, un physique avantageux, une spontanéité débridée et une forte personnalité. Marie-Pierra Kakoma aka Lous And The Yakuza est irrésistible et son charisme n’a d’égal que son talent. Du haut de ses 26 ans, la jeune femme a franchi cette année, un cap décisif dans sa carrière. Comme Angèle ou Stromae, elle porte à présent nos couleurs nationales à l’international.

Lous And The Yakusa, entre mode et musique

Avec son allure folle et sa beauté troublante, nul ne s’étonne de voir Lous sur les podiums. Déjà mannequin pour les maisons Dior ou Chloé, Louis Vuitton en a fait son égérie après qu’elle ait défilé au printemps dernier pour la marque de luxe à la Fashion week de Paris. Côté musique, son cocktail pop, RNB et soul allié à sa plume poétique a mené Lous And The Yakuza à assurer les premières parties belges de Coldplay et celles de la tournée mondiale d’Alicia Keys. Mais la belle Lous a déroché le jackpot en signant un contrat avec Roc-Nation, le label de Jay-Z. Dorénavant, tous ses espoirs sont permis.

Lous And The Yakusa, la musique à tout prix

Alors que vient de sortir Iota, son deuxième album qui fait la part belle à l’amour dans tous ses états, Lous And The Yaskuza embrasse la sérénité. A part une déception sentimentale qui a donné le la, la thématique à cet opus, la vie de l’autrice compositrice s’est enfin pacifiée. Le calme après la tempête. Un coup d’œil dans le rétroviseur suffit pour intégrer l’idée que la chanteuse n’a pas volé son succès. Elle le doit à sa volonté infaillible. Et celle-ci fut mise à rude épreuve.

Chanter, une vocation qui prend naissance à l’adolescence

L’histoire de la famille Kakoma n’est pas étrangère sa vocation. Lous qui est née au Congo a connu un double exil. Sa mère pédiatre d’origine rwandaise est jetée en prison en raison de son appartenance ethnique. Libérée après deux mois, cette dernière trouve refuge en Belgique. Aussi " à 4 ans, j’arrive à Saint-Josse avec mes frères et sœurs pour rejoindre ma mère […] Je ne connais pas ma mère et il n’y a plus mon père. J’ai intériorisé le sentiment d’abandon " explique notre invitée qui exorcisera ses blessures dans son premier album, Gore.

En 2005, retour en Afrique. Elle est envoyée avec sa petite sœur au Rwanda chez sa tante et sa grand-mère. " Là je revis un abandon parce qu’on nous dit qu’on va en vacances. La rentrée arrive et on n’est pas en Belgique. Moi ça m’a fendu le cœur parce que je n’ai pas dit au revoir à mes amies. C’était vraiment un désastre. Il n’y avait que moi et ma petite sœur " précise Lous qui reviendra en Belgique pour étudier à l’âge de 15 ans.

De la rue à la scène musicale

Sa passion pour la musique a raison de la fac où elle est inscrite en philosophie. Elle veut être chanteuse. Mais ses parents ne l’entendent pas de cette oreille. " Là s’opère une rupture familiale […] On me dit que je suis un échec. J’ai été éduquée dans le monde de mon père qui a une obsession pour l’excellence. On devait toujours être premier de classe, toujours très intelligents. On devait être des têtes. Et être traitée d’échec quand toute ta vie a été formée autour du concept de l’excellence, c’était la pire de mes hantises " confie Lous. Son père gynécologue lui coupe les vivres.

Lous va connaître la rue et ses dangers pendant un certain temps. " Aujourd’hui, je trouve ça tellement absurde de ne pas avoir envoyé un message à mes parents, de faire preuve d’humilité. La fierté m’étouffait et je pense qu’il n’y avait que la rue pour faire sortir cet orgueil " déclare-t-elle. C’est le rappeur Damso qui va l’aider à s’en sortir. A son contact, elle réalise l’emprise de son ego et décide de le dompter : " On devrait apprendre à savoir où le mettre. Mon ego peut exister quand je crée. Il faut de l’ego pour savoir que ce que tu crées est bien et le sortir ".

A l’époque, ni le rappeur ni la chanteuse ne doutent de leur avenir. " Je pense qu’il faut être un peu fou pour voir son talent comme sa plus grande richesse " raconte Lous. Pas faux. Son incroyable parcours donne raison à celle qui n’a jamais cessé de créer même dans la précarité. 52 chansons et 7 EP sont même nés dans ce contexte. La belle ayant fini par délaisser les pavés pour squatter un studio d’enregistrement.

La musique comme exutoire et bien plus encore

J’étais tellement en colère. J’étais tellement triste. J’étais désorientée. C’était vraiment gore " se souvient Lous. Mais il y avait matière à création. En 2019, ses deux premiers titres autobiographiques Dilemme et Tout est gore produit par l’espagnol El Guincho, le beat maker de Rosalia, ont tout de suite fait tourner les têtes. L’industrie musicale et les médias se sont enflammés. Sa carrière était lancée

Son premier album, Gore paru en 2020 lui a valu une nomination aux Victoires de la musique et a révélé l’ampleur du talent de la miss. Ses clips témoignent, eux, d’un sens prononcé de l’esthétique. Si la chanteuse n’y est entourée que de mâles noirs, c’est qu’elle s’attache à défendre les minorités. Mais la réduire à une femme noire qui a réussi la dérange car à juste titre " Je ne définis pas comme un vagin ou taux de mélanine " clame Lous. Pour parachever son portrait, sachez qu’elle est aussi peintre, férue de philosophie et de mangas.

Exubérante, peps et lumineuse, Lous And The Yakuzas est en quête d’harmonie : " J’attends de vieillir. C’est ça que je veux parce que ça me donne plus de temps pour construire mon for intérieur et atteindre cet équilibre. La paix intérieure, vous imaginez ? La paix intérieure non-stop " avoue l’artiste dont la vie publique est toute tracée.

 

Retrouvez Lous And The Yakuza dans Hep Taxi, ce dimanche 27 novembre, à 22h45 sur La Trois et en replay sur RTBF Auvio !

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