En Sarthe comme ailleurs, des producteurs bio se retrouvent en difficulté face au recul du marché du bio dans les grandes surfaces, boudé par les consommateurs.
Après avoir montré des signes d’essoufflement en 2021, le marché alimentaire du bio a commencé à décroitre en 2022 dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) en France et cela s’est confirmé l’an passé. En 2023, les commerces ont réduit de 11 % leurs références de produits bio dans les rayons.
La faute à qui ? À l’inflation et au pouvoir d’achat en berne des consommateurs.
Un produit alimentaire bio, plus coûteux à produire, est donc forcément vendu plus cher. Mais dans un contexte de crise (inflation à 4,9 % en 2023 selon l’Insee), et même si le recul de l’inflation devrait se confirmer en 2024, les comptes sont vite fait pour les consommateurs.
À l’heure des courses, c’est le bio qui subit la loi du marché ! D’où son déréférencement dans les commerces. Moins de demandes, c’est, à terme, moins d’offres sur les étales. Et les producteurs bio en tirent les conséquences.
Retour au conventionnel
Selon le député de la 3e circonscription de la Sarthe, Eric Martineau, arboriculteur de profession à Chenu, « l’association nationale pommes-poires indique que 2 000 ha de bio vont repasser en conventionnel cette année. L’agriculture biologique est très difficile et les changements de consommation dans les magasins nous obligent à revoir nos positions ».
Associé à Pierre Leroy, arboriculteur à Oizé depuis 2022, Eric Martineau a lui aussi pris la décision de réduire la voilure.
20 % du verger arraché
« J’ai décidé d’arracher 20 % de mon verger bio car les débouchés sont moins importants aujourd’hui. C’est triste, mais c’est la conséquence de la suppression de références en GMS, car certains produits ne se vendent plus », déplore l’arboriculteur.
Pour éviter de produire des pommes sans avenir, les deux arboriculteurs associés ont donc décidé « d’adapter leurs productions à la demande. Chez moi, certaines variétés ne se vendent plus en grandes surfaces, car trop rustiques ou trop typiques, comme la Canada grise ou l’Idared. Comme elles ne plaisent pas aux consommateurs, on les arrache. On ne peut pas continuer à produire des choses que les gens ne veulent pas manger », explique Eric Martineau, qui dénonce, en outre, le problème des marges dans la grande distribution et chez les intermédiaires.
À l’inverse, dit-il, la vente directe à la station et sur les marchés continue de bien se porter.
« Adapter l’offre à la demande »
« Oui, le bio doit rester plus cher que le conventionnel, mais il faut rétablir un équilibre dans les prix, pour le producteur et le consommateur », annonce l’arboriculteur.
Pour tenter de relancer la filière bio, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a mis « cinq millions d’euros sur la table pour une campagne de pub sur le Bioréflexe », annonce le parlementaire sarthois, qui conserve toutefois ses parcelles arrachées en bio… Au cas où les ventes redécolleraient.
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