“Lana Del Rey est la raison pour laquelle la moitié d'entre vous existent. Et moi aussi !”. Tels sont les mots de Billie Eillish sur la scène du festival californien Coachella, ce vendredi 12 avril 2024 (samedi matin en France). Invitée par sa consœur, la jeune femme est venue chanter son tube “Ocean Eyes”, ainsi que “Video Games” avec celle que l'on a souvent qualifié comme sa mère spirituelle. Leurs deux présence sur scène ont ainsi confirmé les comparaisons, plaçant Eilish comme l'héritière naturelle de la pop ésotérique et teintée de nostalgie de Lana Del Rey. Les deux faces d'une même pièce.
À mesure que la saison des festivals s'approchent, Vogue fait le point sur les festivals à ne pas manquer en France en 2024, pour leur programmation soignée, leurs engagements ou leur cadre bucolique.
Lana Del Rey à Coachella 2024 : pour l'amour du rock
Elle étincelait, cette nuit, sur la scène du festival Coachella. Entre problèmes de son et moments flottants, Lana Del Rey a comme rappelé à ses fans la relation chaotique qu'elle entretient avec la scène, motivée par un amour du rock, et donc, de l'improvisation. Durant près de deux heures, la chanteuse à l'âme mélancolique a revisité l'entièreté de sa discographie, à commencer par le morceau “Without You”, issu de Born to Die, son premier album, et qu'elle n'avait pas performé depuis dix ans. Dix ans : c'est également le nombre d'années qui nous séparent de son dernier concert sur la scène de Coachella, juste avant la sortie de son troisième album, Ultraviolence. Depuis, l'artiste a sorti six autres opus – l'occasion d'enrichir sa prestation. Pourtant, le défi ne semblait pas si aisé : réputée pour sa timidité, Lana Del Rey a souvent fait connaître son désamour de la scène, entre des annulations de dernière minutes (comme au Trianon, à Paris en 2014, ou plus largement l'entièreté de sa tournée européenne en 2020, qui devait passer en France par la salle de l'Accor Arena). Sans parler de ses retards légendaires : un peu plus d'une demie-heure lors de son concert à l'Olympia en juillet 2023, tout comme lors du festival Glastonbury dont elle était la tête d'affiche un mois plus tôt, ce qui avait entraîné un arrêt brutal de sa performance. De quoi s'attendre au pire pour son concert à Coachella ce vendredi 12 avril 2024.
En pleine course aux Grammy Awards, dont la cérémonie se tiendra ce 4 février à Los Angeles, Lana Del Rey dévoile des informations exclusives sur son prochain album.
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Avec son attitude désinvolte, Lana Del Rey a donc toujours cultivé un rapport décomplexé à la scène. Ses absences, ses retards, son refus de chanter certaines paroles : la star ne s'en excuse que rarement, jusqu'à devenir, aux yeux de son public, une véritable diva. Attention : le mot, sur notre clavier, n'a rien d'infamant. Il signale au contraire une exigence artistique élevée, saupoudrée d'une liberté sans frontière. À l'image du concert que la chanteuse américaine vient de donner. Sur la scène immense du festival Coachella, Lana Del Rey a proposé la scénographie la plus élaborée de sa carrière, s'est essayée au pole dance, a revisité ses morceaux en leur offrant d'étonnants twists (l'outro jazz de “Young & Beautiful”, un morceau composé pour la bande originale du film Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann, va sans doute nous hanter pendant longtemps).
Au bout d'environ deux heures de performance, elle s'est évadée comme elle était arrivée, sur une moto, cheveux au vent, graciant son public de l'image la plus Lana Del Rey-esque que l'on ait pu voir à ce jour. Sans oublier le parterre de stars qui s'est succédé à ses côtés : le pianiste virtuose Jon Batiste, pour entonner leur collaboration “Candy Necklace” issu du dernier album de la chanteuse (Did You Know That There's a Tunnel Under Ocean Blvd, 2023), le producteur émérite Jack Antonoff, collaborateur de longue date de l'artiste américaine, qui lui aussi s'est assis au piano pour jouer une version revisitée de “Hope Is a Dangerous Thing for a Woman Like Me to Have - But I Have It” avec une Lana Del Rey présente sous la forme d'un hologramme où elle apparaissait vêtue d'une robe similaire à celle de sa mythique performance lors de l'émission Saturday Night Live en 2012, largement critiquée, puis parodiée à l'époque de sa diffusion. Mais la présence la plus remarquée est sans doute celle de Billie Eilish, que d'aucuns (et nous en faisons partie) définissent comme l'héritière de Lana Del Rey.
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Pour Bleachers, son groupe, Jack Antonoff est sur le devant de la scène. Mais pour Taylor Swift, Lana Del Rey ou encore Lorde, il opère dans l’ombre des studios. Le producteur s’est prêté au jeu de l’interview pour Vogue, lors d’un passage éclair à Paris.
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Billie Eilish, héritière de Lana Del Rey
Dès ses débuts, Billie Eilish se trouve comparée à Lana Del Rey. Lorsqu'elle se trouve propulsée par son morceau “Ocean Eyes” posté sur la plateforme Soundcloud, elle a 13 ans. Depuis, elle a sorti deux albums, remporté de nombreux prix (dont quelques Grammy Awards) et est devenue l’une des plus grosses stars de l’industrie musicale, suivie par des millions d’adolescent·es à travers le monde. Une trajectoire similaire à celle de Elizabeth Woolridge Grant (le vrai nom de Lana Del Rey), devenue une star mondiale en 2011 grâce au succès viral de son single “Video Games”, puis à celui de son premier album, Born to Die, sorti un an plus tard et classé numéro un des ventes dans de nombreux classements nationaux, à l'échelle mondiale. Il était donc presque naturel de les voir chanter ensemble les deux chansons qui ont fait d'elles de véritables popstars. Pourtant, à ce jour, les deux femmes ne comptent aucune collaboration dans leurs discographies respectives – ce qui pourrait éventuellement changer avec la sortie du troisième album de Billie Eilish, prévu pour mai 2024.
Il est aisé, presque évident, de voir l'invitation de Billie Eilish sur la scène de Coachella comme une passation, tant leurs identités musicales sont proches. En effet, Lana Del Rey a pavé la voie pour toute une génération : celle d'une écriture exigeante, hantée par un spleen latent, des paroles souvent crues et des confessions intimes sur sa vie amoureuse comme familiale En introduction de son sixième album, Norman Fucking Rockwell!, elle annonce : “Mon Dieu, homme-enfant / Tu m'as tellement bien baisé que j'ai failli te dire ‘je t'aime’ / Tu es amusant et tu es sauvage / Mais tu ne sais pas la moitié de la merde que tu me fais subir”. Pourtant, si elle est aujourd'hui reconnue comme l'une des plus grandes compositrices de son temps, les critiques n'ont, à l'aube de sa carrière, pas compris la musique de Lana Del Rey. C'est par exemple la publication Pitchfork qui accorde à son premier album, la note sévère de 5.5/10 : “Born to Die ne permet jamais la tension ou la complexité dans ses productions, et son regard sur la sexualité féminine finit par être tout à fait banal. Malgré tous ses chants d'amour et de dévotion, c'est l'équivalent d'un orgasme simulé, une collection de chansons sans flamme” écrivait à l'époque la critique Lindsay Zoladz. Il est amusant de noter que quelques années plus tard, en 2021, Pitchfork a revu sa note à la hausse, sacrant le premier album, qui a marqué les années 2010, d'un solide 7.8/10 : “Born to Die s'est avéré être un signe des choses à venir, comme des ballades pop agnostiques sur des rythmes hip-hop, et le fait que langueur arquée et dépressive est aujourd'hui plus que jamais dans l'air du temps”. Clin d'œil appuyé, sans doute, aux mélodies cafardeuses d'une Billie Eilish, qui sortait en 2021 son deuxième album, Happier Than Ever.
Bien heureusement, en une décennie, la perception des femmes dans l'industrie musicale – et surtout dans la pop – a largement évolué. Billie Eilish n'a pas dû faire face aux mêmes critiques que Lana Del Rey, saluée dès l'aube de sa carrière pour sa plume incisive et les productions bizarroïdes imaginées avec son frère, Finneas. Pourtant, la jeune femme a toujours affirmé avec conviction à quel point son aînée l'avait inspirée. Toutes deux réunies en février 2023 par Interview Magazine, Billie Eilish en avait profité pour confier à Lana Del Rey qu'elle était le fond d'écran de son tout premier téléphone portable, et qu'elle avait souvent repris ses morceaux les plus cultes, comme l'inoubliable “Brooklyn Baby” lors de nombreux concours de chant : “Tu as vraiment ouvert la voie à tout le monde. Les gens ont essayé de te ressembler et de sonner comme toi depuis que tu as commencé. J'en parle avec Finneas. Tu as changé la façon dont l'industrie musicale entend et voit la musique, et tu as changé la façon dont les gens chantent”. Ce à quoi Lana Del Rey répondait : “La seule chose qui compte, c'est que les gens qui m'obsèdent, comme toi, aiment mon travail. C'est un endroit magnifique pour commencer à créer. Je t'en remercie”.
Récemment, elle laissait deviner à ses fans que sa nouvelle ère arrivait très prochainement. Billie Eilish vient tout juste d'annoncer son troisième album, HIT ME HARD AND SOFT.
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