Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La coprophagie, un passeport santé pour les oiseaux

Une étude australienne montre que manger des fientes permet à de nombreux volatiles d’enrichir leur microbiote et de s’adapter aux changements d’environnement.

Publié le 07 avril 2024 à 16h17, modifié le 08 avril 2024 à 13h54 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Une autruche mâle et ses oisillons, dans le désert du Kalahari, dans le parc transfrontalier de Kgalagadi, en Afrique du Sud.

Avouons-le, voir son chat ou son chien manger des crottes – les siennes ou celles des autres – a quelque chose de repoussant. Difficile de ne pas s’identifier à son animal de compagnie préféré. Pourtant, dans le monde naturel, la coprophagie est un comportement des plus banals. Pensons insectes, mouches, cafards et évidemment bousiers. Ou encore lombrics. Plus près de nous, de nombreux vertébrés ne dédaignent pas de déguster des excréments. Lapins, marmottes, castors, chinchillas, koalas, musaraignes et bien d’autres s’y adonnent joyeusement.

Derniers admis dans ce club au menu un peu particulier, les oiseaux. Dans une étude publiée le 12 mars dans la revue Biological Reviews, une équipe australienne en dresse la liste et surtout détaille les bienfaits de cet usage. Prenons l’autruche, par exemple, coprophage avérée. Des chercheurs de l’université de Lund (Suède) ont suivi deux groupes d’oisillons, les uns profitant d’un apport de matière fécale d’autruches adultes, les autres non. Le résultat, publié en août 2023 dans Evolution Letters, est sans appel : une meilleure croissance, une moindre présence de pathogènes intestinaux et une mortalité plus faible dans le premier groupe. L’explication, selon les chercheurs, tiendrait essentiellement au microbiote. Dopé par les bactéries issues des intestins des aînés, il serait à la fois plus riche et son développement plus rapide.

La grande sprinteuse est loin d’être la seule dans son genre. Canards, pétrels, lagopèdes, poules d’eau, foulques, bécasses, vautours et plusieurs espèces de passereaux, comme les pies, les becs-croisés et les tohis, consomment des fèces. Certaines espèces ne touchent qu’aux excréments de leurs congénères. Moins difficile, la foulque macroule, l’été austral venu, savoure les déjections d’oies et de mouettes, note Barbara Drigo, de l’université d’Australie du Sud, à Adelaïde.

Une forme d’automédication

L’article de Biological Reviews qu’elle cosigne met en avant trois bienfaits de ce comportement. D’abord, comme chez les mammifères, il fournit aux oiseaux un nécessaire surcroît d’énergie et de nutriments. C’est le cas pour la foulque justement, mais aussi pour le bec-croisé d’Hispaniola, en Haïti, qui trouve son complément de calcium dans les crottes de loutre.

Ensuite, la coprophagie permet aux poussins de construire leur microbiote intestinal. Les autruches en témoignent : sans ces bactéries, difficile, voire impossible, de digérer les aliments nécessaires à leur bon développement et de lutter contre certains pathogènes. Or, ils en sont largement dépourvus à la naissance. Les oisillons ne sont toutefois pas les seuls à en profiter, et c’est là le troisième bienfait. Pour les adultes, ces déjections permettent de s’adapter aux modifications de l’environnement. « C’est particulièrement précieux pour faire face à un changement de régime alimentaire, qu’il soit dû à une migration, à un changement de saison ou aux variations du climat », insiste Barbara Drigo.

Il vous reste 24.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.