Avant d’entrer en politique en 2015, Donald Trump avait construit sa réputation en exhibant des signes de richesse. Sur les écrans, l’entrepreneur new-yorkais incarnait le succès dans les affaires. Au-delà des tours, des casinos et des complexes sportifs portant son nom, il était difficile d’évaluer le montant réel de sa fortune, dans le maquis des hypothèques et des crédits. Ce flou ne joue plus en sa faveur. A 77 ans, candidat pour la troisième fois à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump est aujourd’hui confronté à une menace immédiate autre qu’une défaite possible en novembre face à Joe Biden : des coffres vides. Cet assèchement de fonds concerne à la fois sa capacité à assumer ses frais de justice et à financer une campagne électorale forcément onéreuse, où les deux candidats rivalisent de messages négatifs l’un envers l’autre.
S’agit-il d’un bluff pour en appeler, à nouveau, aux contributions de ses partisans, ou d’une détresse réelle ? Selon ses propres avocats, Donald Trump serait incapable d’avancer la somme de 454 millions de dollars (418,5 millions d’euros), au titre de garantie, pour s’acquitter de l’amende reçue au civil en février pour fraudes financières au sein de son empire immobilier. Trente sociétés d’assurances ont été sollicitées afin de prendre en charge cette garantie, avec intérêts, au cas où il perdrait son appel et n’obtiendrait pas une réduction substantielle de l’amende. Elles ont toutes refusé. Le 8 mars, dans une affaire distincte mais aussi au civil, Donald Trump avait obtenu de la Federal Insurance Company le versement d’un dépôt de 91,6 millions de dollars, équivalent au dédommagement dû à la chroniqueuse E. Jean Carroll, reconnue victime d’agression sexuelle et de diffamation.
Dès lors, la menace se rapproche pour le candidat. Il a jusqu’au 25 mars pour déposer cette somme considérable, sous peine de voir la procureure générale, Letitia James, passer à l’acte comme promis : la magistrate pourrait organiser la saisie de certains biens immobiliers de Donald Trump. « Je regarde le numéro 40 sur Wall Street chaque jour », notait Letitia James, non sans malice, dans un entretien sur la chaîne ABC il y a quelques semaines, au sujet de l’immeuble appartenant à l’entrepreneur dans le quartier de la finance. De telles saisies impliqueraient de nouvelles démarches judiciaires.
Réputation éthique désastreuse
Tandis que Donald Trump dénonce l’ampleur de la pénalité infligée, ses avocats tentent de banaliser le manque de liquidités disponibles. « Personne, y compris Jeff Bezos, Elon Musk et Donald Trump, n’a 500 millions qui traînent », a résumé l’un des conseils du candidat, Christopher Kise. Pourtant, dans une déposition vidéo en avril 2023, Donald Trump avait prétendu qu’il disposait de « plus de 400 millions de dollars en liquide ».
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