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"Ça fait mal à l'ego": 3.000 personnes ont participé à une dictée en plein air au pied de la tour Eiffel

Les participants de tous âges étaient rassemblés pour participer à cette "Grande dictée des Jeux olympiques".

"J'ai fait 10 fautes!" À 100 jours des Jeux olympiques de Paris, des centaines de personnes ont participé à une Grande dictée en plein air au pied de la Tour Eiffel vendredi 12 avril.

Les participants de tous âges étaient rassemblés près du Grand Palais éphémère, où a lieu jusqu'à dimanche le Festival du livre de Paris, pour participer à cette "Grande dictée des Jeux olympiques", où le célèbre Champ-de-Mars remplace les murs de la salle de classe et la Dame de fer le tableau noir.

Des textes de David Foenkinos ou Marc Lévy

Retraités, étudiants, lycéens ou élèves de primaire: installé sur sa chaise d'école colorée par des animateurs en marinière, chacun guette le début de l'exercice, saisit son stylo et se penche sur une feuille de papier.

Ils planchent une demi-heure sur un texte original, avant de repartir avec leur copie, une fois la correction terminée. L'exercice, heureusement, n'est pas noté. Les plus sérieux sont venus avec leur trousse et serrent au creux de la main leur stylo fétiche, les plus prévenants ont pensé à emporter un chapeau et une bouteille d'eau pour se prémunir de la chaleur.

Sur scène, micro en main, les écrivains Agnès Martin-Lugand, David Foenkinos et Marc Lévy se succèdent pour mener la dictée, d'après des textes signés de leur plume. Mais si des gouttes de sueur perlent sur le front des participants, ce n'est pas dû qu'au soleil qui tombe raide sur les nuques parallèles aux pupitres: un même mouvement d'hésitation parcourt l'assistance au moment d'orthographier "tachycardie" ou "tréfonds".

Soudain, dans le silence concentré, un chuchotement: "Sisyphe, c'est avec deux i ou deux y?" Rires complices dans l'assistance.

"Des mots que je ne connaissais pas"

Le journaliste et écrivain français Rachid Santaki est à l'origine de l'événement. Surnommé "Monsieur dictée", il n'en est pas à son coup d'essai: après des années passées à organiser des dictées dans les banlieues françaises dans le cadre de son projet "la dictée des cités", sa "plus grande dictée du monde" sur les Champs-Elysées a battu un record d'affluence avec 1.397 participants en juin 2023, selon le Guinness des records.

La dictée achevée, il commente le corrigé affiché sur écran géant pendant de longues minutes, n'épargnant aucune règle de grammaire. Jeunes et vieux regardent au loin, gribouillent dans les marges de leurs copies ou chuchotent à voix basse. Un instant, l'illusion d'une salle de classe dissipée par un chaud après-midi de printemps est parfaite.

"Il y avait quelques pièges et des mots que je ne connaissais pas", avoue une participante à BFM Paris Ile-de-France. Un autre peste car il a écrit "croc-en-jambe" au singulier et non au pluriel. "Je pense que les deux peuvent s'accepter", assure-t-il à notre micro.

"J'ai réalisé trois fautes, ça fait mal à l'ego mais je suis content de ce que j'ai fait", indique un jeune participant.

"Le sport national"

"Tout ce qui peut permettre de donner envie de lire, d'écrire, de pratiquer la langue française me donne envie de soutenir ce type d'initiative", indique à notre micro Rima Abdul-Malak, l'ancienne ministre de la Culture, présente lors de l'événement.

"Une dictée olympique de cette ampleur en même temps que le Festival du Livres est une magnifique idée, que j'avais soutenue lorsque j'étais ministre de la Culture. Maintenant que j'ai du temps, j'ai pu faire la dictée", a-t-elle ajouté avec un sourire.

"La dictée, c'est un peu le sport national", souligne Jean-Baptiste Passé, le directeur du Festival du Livres de Paris. Avant de poursuivre: "Des familles sont réunies autour de l'amour du sport, de la lecture et de la culture. L'important c'est de participer et de progresser dans l'orthographe."

Tous les participants sont repartis avec autour du cou une médaille commémorative sur laquelle figure la tour Eiffel, en écho aux médailles d'or des Jeux olympiques qui débuteront le 26 juillet.

Milan Argelas avec Clément Boutin et AFP