En l’espace de quatre décennies, le hip-hop est passé de phénomène underground à l’un des mouvements les plus populaires et influents dans la culture française. Après une entrée à l’Opéra de Paris en 2019 – grâce à une chorégraphie audacieuse de Bintou Dembélé –, les débuts du breaking en tant que discipline olympique aux Jeux de Paris 2024 marqueront une nouvelle étape dans la consécration de l’un des styles de musique et de danse les plus fortement associés à la diversité française et à la jeunesse urbaine, en particulier dans les banlieues.

Le hip-hop et d’autres styles de street dance sont introduits peu à peu dans les conservatoires, les spectacles et l’enseignement. Cependant, les professeurs qui transmettent ces disciplines n’ont pas le même statut, les mêmes garanties ni les mêmes droits que ceux qui enseignent des styles de danse plus traditionnels. Seuls les professeurs de danse classique, de jazz ou de danse contemporaine peuvent obtenir un diplôme officiel, indispensable pour travailler dans le système éducatif français. Il est requis pour donner des cours dans les conservatoires, se présenter aux concours de la fonction publique et bénéficier de ses possibilités de promotion ou de reconversion.

Cette situation est sur le point de changer grâce à un projet de loi déposé à l’Assemblée nationale par les députées Fabienne Colboc (Renaissance) et Valérie Bazin-Malgras (Les Républicains). Son objectif est de créer un nouveau cadre juridique pour “professionnaliser l’enseignement” de tous les styles de danse. Mais le texte divise la communauté hip-hop française, partagée entre la crainte de l’institutionnalisation et la nécessité d’un système qui protégerait mieux les enseignants et les élèves.

“Des communautés stigmatisées”

L’une des oppositions suscitées par le projet de loi est qu’il introduit l’obligation pour toute personne souhaitant enseigner les danses hip-hop de posséder un diplôme d’État. La formation dure trois ans après le bac, et elle est payante. En l’absence de ce diplôme, le texte prévoit jusqu’à 15 000 euros d’amende et la fermeture des écoles de danse. Ces exigenc