Pendant les deux jours du procès de Florian Jouan, un homme âgé de 27 ans jugé par la cour d’assises du Finistère pour le meurtre d’un codétenu, la famille et les proches de la victime, Paul (*), sont venus en nombre pour rendre hommage à leur fils, frère, ami. « C’est sûr, il n’a pas eu une vie facile suite au décès du papa », a notamment témoigné la maman. Un papa avec lequel la victime entretenait une relation très fusionnelle. Paul avait alors 13 ans et ne s’en remettra jamais malgré une famille aimante. Une longue « descente aux enfers », comme l’avait décrit l’un de ses proches, qui fût sans retour.
Un fils « trop gentil »
Progressivement, Paul s’était marginalisé et avait commencé à s’éloigner de ses proches, plongeant tête la première dans de la petite délinquance et, surtout, se noyant dans une importante addiction aux stupéfiants. Une voie qui l’avait conduit à multiplier les passages devant la justice avec de petites périodes d’incarcération pour, entre autres, des faits de délits routiers ou de vols.
« Il n’était pas violent, pas du tout. Il n’aimait pas la bagarre. Il était courageux mais ce n’était pas facile avec ses addictions », a continué la maman à la barre. « Il était très influençable, très gentil. Il était prêt à rendre service à tout le monde », a-t-elle poursuivi, précisant qu’il était d’ailleurs peut-être « trop gentil. Il se laissait marcher sur les pieds ». « Il se faisait racketter par Florian pour des cigarettes. Il l’envoyait faire ses courses », a assuré l’un des anciens codétenus de Paul. Un quadragénaire qui, contrairement à la victime, est un habitué du milieu carcéral.
« Il ne méritait pas ça »
« Il avait peur. Il m’avait fait de la peine quand il m’a raconté son histoire. Il avait été incarcéré pour un vol dans un magasin pour 17 €. Sa place n’était pas en prison. Franchement, je suis désolé de ce qui lui est arrivé », a-t-il raconté à la barre de la cour d’assises du Finistère. Entendu également pendant le procès, l’ancien directeur de la maison d’arrêt de Brest a également évoqué Paul comme un détenu modèle, un homme « discret » qui « ne se faisait jamais remarquer ». « Certes il a fait des bêtises mais il ne méritait pas ça. On l’a aidé jusqu’au dernier moment. La porte était toujours ouverte pour lui. On a toujours gardé contact avec lui. On s’appelait une fois par semaine. Je l’aidais beaucoup pour les papiers. On le poussait à avoir des projets. Aujourd’hui, il n’est plus là. Il n’y a plus que les souvenirs, les photos », a ajouté sa sœur aînée avant de fondre en larmes.
« On se l’était promis. En 2022, il devait venir voir où j’habitais. J’étais fier de lui montrer où je vivais. On n’a pas eu le temps », a de son côté raconté le petit frère après la diffusion de plusieurs photos de famille au cours du procès. Dans la nuit du 23 août 2021, son grand frère, qui purgeait une peine de trois mois de prison ferme pour une affaire de vol en récidive, avait perdu la vie dans la cellule 454 située au 4e étage de la maison d’arrêt de Brest.
« Qu’il assume »
Un décès qui avait été causé par Florian Jouan, son codétenu, car Paul avait eu le malheur de ne pas trouver le sommeil, allumant la télévision et se faisant un « rail » d’un médicament. Pendant pratiquement deux heures, l’accusé avait battu à mort la victime qu’il avait ligotée et bâillonné : coups de poing, écrasement de tête avec le pied, étranglement à l’aide d’un drap. Un accusé de plus de 100 kg et une victime d’à peine cinquante kilos. Paul n’avait aucune chance.
« Qu’il prenne ses responsabilités et qu’il assume », a affirmé la maman à la barre, s’adressant à l’accusé. Si ce dernier a reconnu les violences, les décrivant d’ailleurs très longuement et froidement face à la cour, il a néanmoins réfuté avoir voulu donner la mort. Le verdict est attendu lundi, en soirée.
(*) Le prénom de la victime a été modifié.