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Féminicide à Rennes : deux ans après la mort de leur mère, Jenifer et ses sœurs attendent le procès

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Il y a deux ans, à Rennes, Marie Thakizimana était victime d'un féminicide. La quadragénaire avait été rouée de coups par son mari, dans la nuit du 11 au 12 avril 2022, quartier Villejean. Aujourd'hui, les filles de Marie attendent avec courage le procès de celui qui leur a pris leur mère.

Jenifer, fille de Marie, victime d'un féminicide à Rennes le 11 avril 2022 Jenifer, fille de Marie, victime d'un féminicide à Rennes le 11 avril 2022
Jenifer, fille de Marie, victime d'un féminicide à Rennes le 11 avril 2022 © Radio France - Céline Guétaz

"Elle nous a transmis sa gentillesse et son écoute", sourit Jenifer, l'une des filles de Marie Thakizimana, victime d'un féminicide à Rennes, il y a deux ans. La quadragénaire est décédée sous les coups de son mari, qui avait pourtant interdiction de l'approcher. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 11 au 12 avril 2022, dans l'appartement de Marie, en présence de deux de ses filles, âgées alors de six et huit ans.

Aujourd'hui, les deux fillettes vivent avec Jenifer. Leur grande sœur, âgée de 27 ans, a obtenu leur garde, deux mois après le décès de leur mère : "C'était impossible pour moi de les laisser dans un foyer. Nous devions vivre notre deuil ensemble", raconte Jenifer. "J'ai obtenu leur garde le jour de mon anniversaire."

"Au début, les petites pleuraient beaucoup et pensaient que c'était de leur faute que maman soit morte"

Les trois sœurs ont quitté le quartier Villejean et vivent dans un appartement dans le centre de Rennes. "Je voulais que l'on emménage toutes les trois dans un nouveau logement." Les premiers mois ont été un peu difficiles, explique la jeune femme : "Les petites pleuraient beaucoup, elles pensaient que c'était de leur faute que maman soit morte, parce qu'elles n'avaient pas pu l'aider. Je leur ai expliqué, avec des mots d'enfants qu'elles ne pouvaient rien faire, que c'était leur papa qui était méchant." Aujourd'hui les deux petites filles, toujours suivies par une psychologue "sont épanouies", sourit leur grande sœur. "Elles font du sport, de la gym et de la natation, elles ont des amis." Leur grande sœur fait tout pour qu'elles aient une vie normale. Leur quatrième sœur vit dans la région lyonnaise.

"À la maison, il nous faisait peur"

Jenifer, est née d'une première union et elle avait quitté le foyer familial depuis quelques mois avant le drame. Elle évoque un climat de peur, "quand il était là dans le salon, on partait tous, il nous faisait peur". La relation entre sa mère et son mari, "ce n'était pas de l'amour, il avait une emprise sur elle". Jenifer explique qu'elle avait entendu plusieurs fois le mari de sa mère (Marco K) dire "qu'il voulait tuer", mais elle n'imaginait pas "qu'il passe un jour à l'acte".

Dans l'attente du procès

Trois ans avant le drame, Marco K avait été condamné pour violences conjugales, "maman aurait pu mourir ce jour-là, c'est une voisine qui l'a sauvé", raconte Jenifer. La jeune fille considère que sa mère n'a pas été suffisamment protégée après cette première alerte. "Il aurait dû avoir un bracelet anti rapprochement. Maman aurait dû avoir un téléphone grave danger." Marco K avait interdiction de s'approcher de Marie, après cette condamnation prononcée en 2019. Le jour du drame, il est entré chez Marie, "j'ai senti que quelques chose se passait, car maman n'avait pas répondu à mes appels téléphoniques, or elle me rappelait toujours très vite", murmure la jeune femme. Comme ses sœurs, Jenifer attend avec impatience le procès : "Je veux le regarder droit dans les yeux."

Aucune date n'est encore annoncée pour cette audience en cour d'assises. Une reconstitution des faits doit avoir lieu. En attendant, l'appartement de leur mère est toujours sous scellé : "On a seulement pu récupérer quelques vêtements pour les filles, mais on ne peut pas toucher aux affaires de maman. On a simplement pu prendre une écharpe sur laquelle il y a son odeur."

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