En ce début de printemps timide, ce sont de magnifiques azalées rose pétant qui accueillent le visiteur sur le trottoir devant le pavillon des Rio à Quévert. Passé le portail, dès l’entrée dans leur jardin, on plonge dans une ambiance parfaitement bucolique, joyeusement surannée. Des plaques de gwenn-ha-du, des décors fleuris, des animaux et autres statues de canards se côtoient dans un joli charivari autour et dans les mares d’eau. Et que dire quand on pousse la porte de la maison. Les Rio aiment les objets, ça se voit. Sur les murs, les étagères, les tables, les meubles de cuisine, il y en a partout. Et pour cause, Roselyne collectionne les lampes à huile depuis plus de 30 ans. Son mari Michel, lui est collectionneur de verres à bière. Et bien plus encore.
Esprit Petite maison dans la prairie
Pour Roselyne, bretonne d’adoption, mais née en Afrique il y a 67 ans où elle vivait en famille avec un papa militaire, cette fascination remonte à l’enfance. La petite fille qu’elle était, adorait la lampe à huile de sa grand-mère, une lampe pourtant très simple « pas vraiment belle » mais chargée d’histoire. Roselyne s’est ainsi mise à sa passion il y a plus de trois décennies. Aujourd’hui, ses objets sont exposés dans chaque recoin de la pièce de vie, ou de la véranda. « J’ai plus de 800 lampes à pétrole, toutes différentes, raconte-t-elle. Ce qui me plaît, ce sont les dessins, les formes ». Au maximum, la collectionneuse dépense entre deux et cinq euros « mais on voit bien que les prix ont beaucoup augmenté maintenant », regrette Roselyne. À la différence de Michel, Roselyne n’achète que des lampes qui lui font de l’oeil « il faut qu’elles soient jolies. Lui, il achète s’il n’a pas l’exemplaire ». Toutes disposent de leur verre et sont en état de fonctionnement, cependant elles restent bien éteintes. « On a essayé une fois, raconte le couple, l’ambiance était très chouette dans le salon, à l’ancienne ». Sauf que le lendemain, ils se sont aperçus que le plafond de leur salon était noir. Il a fallu repeindre ! L’esprit « Petite maison dans la prairie » qu’affectionnait tant Roselyne reste dans l’esprit !
Il faut qu’elles soient jolies. Lui, il achète s’il n’a pas l’exemplaire
Plus de 4 000 verres
D’une étagère à l’autre, c’est la passion de son mari qui y prend place. Michel pour sa part collectionne depuis un demi-siècle des verres à bière. Il en a plus de 4 000. Une partie est exposée, de la cave au jardin, en passant par la véranda, une autre est en carton. Car ça prend de la place. Et la poussière. Autant Roselyne s’attaque deux fois par an au nettoyage de ses lampes mais les verres de Michel, elle ne veut pas les toucher « il n’y en a qu’un exemplaire de chaque, je n’imagine pas en casser un ! ».
Pour cet ancien agent de sécurité, tout a commencé rue de la Soif à Dinan. Coup de foudre pour un verre à bière de la marque PilsnerUrquell et son blason rouge, jaune et vert. Depuis même méthode pour les trouver : le couple écume les vide-greniers de la région.
Mais pas seulement. Avec de la famille en Belgique, les Rio aiment y aller souvent. « On a aussi des amis là-bas qui cherchent pour nous ». D’ailleurs l’un des copains de Michel collectionne les goodies de la marque Ricard, alors l’un cherche pour l’autre des pépites. Il a des verres des cinq continents : Vietnam, Québec, Japon, Australie, Chine, différents pays d’Afrique, États-Unis, Mexique, Russie, Inde… de toutes les tailles et toutes les formes : ici une tête de mort, là une botte, des tout-petits gravés ou des chopes de 3 litres.
« On fera du ball-trap »
Si dans leur jeunesse, chacun de leurs cinq enfants a aussi eu son lot de collections, aujourd’hui « ils ne collectionnent plus, et ils se fichent bien des nôtres ». Pire, ils disent que quand ils en hériteront, ils feront du ball-trap avec ! », sourit le couple. Tant pis, ça ne les empêche pas de continuer. D’ailleurs, Michel collectionne aussi les BD, il en a plus de 400. Il s’est également découvert récemment une nouvelle passion pour du verre encore, mais des tubes gravés désormais « ça a commencé en découvrant une sculpture des World Trade Center », raconte le collectionneur à côté d’une étagère où l’on trouve des pièces de monnaie, des figurines Schtroumpfs ou encore de belles voitures miniatures Pinder. Dans des cartons, attend aussi sagement la crèche du monde et les 1 000 santons, créée par Michel lui-même. Artiste à ses heures, il dessine également...
Derrière lui, une série impressionnante de cordons tour de cou. Une autre collection ? Non, pas cette fois. Les retraités Roselyne et Michel, quand ils ne parcourent pas les brocantes, sont des bénévoles actifs dans de nombreuses associations de Dinan et alentours : agility, triathlon, l’enfant dans la Ville, la fête des Remparts… La passion, un véritable mode de vie chez eux.