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CommentaireSerial winner, quand il faut écraser les autres pour gagner

Quand Cristiano Ronaldo déploie son poitrail vigoureux, muscles bandés et mâchoire serrée, on convoque Patrick Bateman, l’antihéros carrément flippant d’«American Psycho». Celui-là même qui admire ses biceps dans le miroir en plein coït, avant de hacher menu ses victimes.

Et lorsque Rafael Nadal aligne machinalement ses bouteilles entre autres ribambelles de rituels, il y a clairement quelque chose d’Hannibal Lecter dans le soin apporté au détail.

Ou encore quand les yeux de Novak Djokovic fusillent l’adversaire, exorbités par la fureur de vaincre, ça rappelle les couloirs de l’Overlook Hotel, où Jack Nicholson est pris d’une folie meurtrière à l’affiche de «Shining».

On divague, mais les études sont formelles: les grands champions ont les mêmes traits de caractère que les psychopathes. Oui, il faut être égoïste, imbu de soi-même, dénué d’empathie, un peu fêlé, carrément mégalo, pour ne pas dire complètement siphonné du bocal.

Sacrifier toute sa jeunesse, sinon sa vie, y laisser au mieux ses genoux, au pire ses neurones, pour ce qui reste au final un jeu: le foot, le tennis voire le scrabble. Il y a des allumés partout, des êtres dévoués corps et âme à leur art et qui ne reculeraient devant rien ou pas grand-chose pour triompher.

Car pour eux c’est bien plus qu’un jeu. Allez donc leur parler d’industrie du divertissement – aussi risqué que de couper ses spaghettis face à un Italien. Ils sont prêts à y laisser leur vie, d’abord parce qu’ils aiment ça, mais surtout parce qu’ils ne pourraient pas faire autrement.

Et c’est précisément pour ça qu’ils en font une affaire si personnelle qu’elle prend le dessus sur le bon sens. Qu’elle pousse à la déraison jusqu’à la folie – c’est de l’amour, oui, mais c’est toxique, aussi. Accro au jeu, certes, mais surtout au «je», triomphant, envers et contre tous.

Des serial winners, qui sévissent en mondovision. Pour eux, la victoire a le goût du sang: c’est fin, ça se mange sans faim. Un appétit animal, comme un instinct de tueur, les griffes acérées par l’ambition, les crocs aiguisés par l’orgueil.

Stop, on arrête là. Comme disait Hannibal Lecter: «J’aimerais poursuivre cette conversation mais j’ai un vieil ami pour le dîner.»