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Guerre à Gaza : Israël sous la menace d'un boycott économique

Pour protester contre la guerre et la crise humanitaire à Gaza, la Turquie impose des restrictions à ses exportations vers Israël. La France n'exclut pas des sanctions, et le fonds souverain irlandais renonce à ses investissements dans ce pays.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié Israël « d'Etat terroriste » tout en affirmant que le Hamas, responsable des massacres du 7 octobre, était un « mouvement de libération ».
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié Israël « d'Etat terroriste » tout en affirmant que le Hamas, responsable des massacres du 7 octobre, était un « mouvement de libération ». (Adem ALTAN/AFP)

Par Pascal Brunel

Publié le 10 avr. 2024 à 16:16Mis à jour le 10 avr. 2024 à 16:32

La guerre dans la bande de Gaza commence à se propager sur le front commercial. Le ministère turc du Commerce a annoncé mardi des restrictions sur 54 produits exportés vers Israël. Cette mesure restera en vigueur jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu intervienne.

Stéphane Séjourné, le ministre français des Affaires étrangères a, pour la première fois, évoqué des possibles « sanctions » contre l'Etat hébreu, tandis que le fonds souverain irlandais a renoncé à ses investissements en Israël.

La décision turque va surtout affecter le secteur du bâtiment et des travaux publics. Elle concerne en effet le ciment, l'aluminium, l'acier, mais aussi les engrais chimiques et les carburants pour avion. Cette mesure a été imposée en réaction au refus d'Israël de permettre à la Turquie de participer à une opération internationale de largage d'une aide humanitaire par avion sur la bande de Gaza en début de semaine.

Coût des logements

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Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a voulu répliquer aux violentes diatribes du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a qualifié Israël « d'Etat terroriste » tout en affirmant que le Hamas, responsable des massacres du 7 octobre dans le sud d'Israël, était un « mouvement de libération ».

Le patronat israélien a dénoncé « l'embargo » turc qui va se traduire par une hausse des coûts des logements, tout en assurant qu'Israël saura trouver, si besoin est, des sources d'approvisionnement alternatives dans le monde. Israël Katz, le chef de la diplomatie israélienne a, de son côté, voulu répondre du tac-au-tac. Il a ordonné à ses services de préparer une liste d'importations turques qui pourraient être interdites.

« La Turquie viole tous les accords commerciaux », a fustigé le ministre. Il a appelé tous « les pays pro-israéliens et organisations aux Etats-Unis à geler leurs investissements en Turquie, ainsi que leurs importations en provenance de ce pays ». Mais dans la balance, Israël est le plus dépendant : les importations turques se sont élevées à 5,27 milliards de dollars, alors que les exportations israéliennes ont été limitées à 650 millions de dollars l'an dernier.

L'air du temps

Un diplomate israélien, qui préfère garder l'anonymat, estime toutefois qu'en termes économiques, les sanctions turques ne devaient pas affecter durablement Israël. « Ce qui est très inquiétant, c'est plutôt l'air du temps qui se dégrade, d'autres pays pourraient suivre l'exemple d'Ankara pour faire pression sur nous, surtout si nous attaquons à Rafah », souligne-t-il. Une allusion à cette ville du sud de la bande de Gaza, considérée comme l'ultime bastion du Hamas, où s'entassent plus d' un million de réfugiés palestiniens , qui ont fui les combats.

Benyamin Netanyahou a proclamé que la date pour l'invasion terrestre de Rafah était déjà fixée, ce que son ministre de la Défense Yoav Gallant a ensuite démenti. Le président américain, Joe Biden, a mis son veto à cette opération , de même que les Européens, en prévenant qu'une telle offensive militaire pourrait virer à la catastrophe humanitaire.

Signaux d'alerte

Si Benyamin Netanyahou passe outre, Israël pourrait être confronté à des pressions internationales, y compris sur le front économique. Les premiers signaux d'alerte commencent à poindre. « Il faut qu'il y ait des leviers d'influence et il y a des leviers multiples, qui vont jusqu'aux sanctions pour que l'aide humanitaire franchisse les points de passage », a ainsi prévenu Stéphane Séjourné.

Le fonds souverain d'Irlande est passé aux actes. Il s'est séparé cette semaine de ses participations au capital de cinq banques et d'une chaîne de supermarchés israéliens. Avant la guerre actuelle, le fonds souverain de Norvège , le plus important dans le monde avec près 1.500 milliards de capitaux, avait pris les devants en se retirant d'Israël en raison de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie.

Pascal Brunel (Correspondant à Tel Aviv)

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