Accueil Max People

Rencontre avec Camille Lellouche: «Il a fallu que je vive le pire pour sauver ma fille»

Chanteuse, comédienne et humoriste, Camille Lellouche se dévoile sans pudeur dans «Tout te dire», une autobiographie émouvante qu’elle dédie à sa fille Alma. Elle y aborde les violences conjugales dont elle a été victime, ses angoisses de jeune maman et la difficulté de construire une carrière pérenne. 

Camille, vous vous décrivez comme une mère parfois trop protectrice. Avez-vous conscience que vous ne pourrez pas protéger votre fille en permanence?

Oui et j’espère parvenir à me détacher de ça. Je suis en permanence dans le contrôle, et ça me pèse parfois. Je veux que ma fille soit épanouie. J’appréhende tellement son entrée en maternelle. Je n’appréhende pas le fait qu’elle ne soit plus à mes côtés, mais plutôt le fait qu’elle rencontre la méchanceté. Ma fille est tellement mignonne. Je n’ai pas envie qu’on lui fasse du mal. Rien que d’y penser, ça me brise le cœur. Vous savez, je préserve tellement ma relation avec mon mari et ma fille, je ne montre jamais leur visage. Je ne suis pas une influenceuse, je suis une artiste. Mon mec ne veut surtout pas être dans la lumière. Quand j’étais enceinte, j’ai simplement dévoilé mon ventre rond et le prénom de ma fille. Je trouve que c’est déjà beaucoup.

Comment avez-vous vécu le changement de votre corps?

J’ai adoré être enceinte, j’ai désormais du mal avec mon reflet dans le miroir depuis mon accouchement. L’aspect de ma peau n’est plus le même. Avant, je faisais du sport cinq fois par semaine. Aujourd’hui, je n’ai plus le temps de me dépenser. Je travaille tellement que je suis fatiguée. Je compense alors cette fatigue en mangeant parfois de façon démesurée. J’ai toujours été gourmande, mais je parvenais à me contrôler. Je ne vais pas me laisser aller pour autant. Je compte bien reprendre le sport. En revanche, j’ai vécu mon accouchement comme un cauchemar. Ça a duré 24 heures. Je n’en pouvais plus. La tête de ma fille était bloquée dans le col pendant 7 heures. Lorsque j’ai commencé à ressentir les premières contractions, j’étais dans un état second. Ma première péridurale n’a pas fonctionné. Je ressentais toutes les douleurs. Heureusement, mon mari ne m’a pas lâchée une seule seconde.

Quel impact votre compagnon a-t-il eu dans votre vie?

Il m’a aidée à m’endurcir. J’ai toujours eu un fort caractère, mais je suis une hypersensible. Je pleure en permanence pour un rien. Il m’a aidée à voir la vie d’une autre façon. Il m’a aussi recentrée sur l’essentiel, à savoir ma famille et mes amis proches. Il m’a éloignée de la superficialité de certaines personnes de ce métier qui ne m’entouraient que par intérêt. J’étais parfois un peu trop naïve. Mon mec n’a pas envie qu’on me fasse du mal, mais je le rassure en permanence sur certains aspects de ma notoriété. Il est très protecteur à mon égard. Ça fait du bien car j’ai manqué de cette figure paternelle quand j’étais plus jeune.

Vous en avez voulu à votre père?

Oui, pendant longtemps. Il a fait comme il a pu. J’aurais voulu qu’il me dise «je t’aime» plus souvent. Aujourd’hui, nos liens sont distants et compliqués. Mon père et moi, on s’aime énormément, mais on ne parviendra jamais à se comprendre. Il n’a jamais été d’accord avec moi. Tout nous oppose. Même si le divorce de mes parents me hante aujourd’hui, je garde de précieux souvenirs de mon enfance à ses côtés. Il s’est remarié depuis plusieurs années et a reconstruit une famille autour de lui. Ça m’a beaucoup blessée, mais je me suis fait une raison. 

Dans votre livre, vous revenez aussi longuement sur les violences conjugales dont vous avez été victime...

Il fallait que ça remonte une dernière fois. Ça m’a servi de thérapie. J’ai abordé le sujet en musique, dans mon spectacle d’humour, dans mon livre. Il me manque désormais un rôle au cinéma. Je me sens prête, mon corps peut-être un peu moins, mais c’est un devoir de le faire pour toutes ces femmes qui souffrent encore. Je reçois régulièrement des témoignages choquants sur les réseaux sociaux. Certaines femmes m’envoient même des photos de leurs hématomes. Ça prouve que j’ai une responsabilité. D’ailleurs, quelques mois seulement après avoir rencontré mon mari, j’enregistrais mon portrait pour «Sept à huit». Je voulais qu’il soit là. J’ai senti qu’il voulait réellement aller casser la gueule à ce mec qui m’a fait du mal. Aujourd’hui, tout cela est derrière moi. Ma fille m’a fait comprendre que j’avais une vraie raison de vivre.

Vous en doutiez avant?

Un peu. J’exerce un métier difficile. J’ai l’impression de devoir prouver en permanence que j’ai ma place. Je sais faire rire, je sais chanter, je sais jouer la comédie… Sans mes activités et mon équilibre familial, j’aurais pu sombrer. C’est d’ailleurs pour ces raisons que je suis devenue dépendante à l’alcool. Je buvais à n’importe quelle heure de la journée. J’étais frustrée, car je savais que j’avais ma place dans ce milieu. Aujourd’hui, je savoure tout ce qui s’offre à moi. Cela dit, j’ai conscience que le plus difficile, c’est de durer dans le temps. Je n’en suis qu’au début de ma carrière. Dans 10 ans, j’aimerais avoir derrière moi une vraie performance d’actrice qui m’aura emmenée jusqu’au César. J’ai encore des rêves plein la tête.

Votre relation avec Slimane s’est effritée avec le temps. Pourquoi?

On se connaît depuis 20 ans, mais chacun vit sa vie de son côté. On s’envoie des messages de temps en temps, mais on ne se fréquente plus. On est tous les deux très occupés. La dernière fois que l’on s’est vu, c’était à la baby shower de l’un de nos amis. Il était avec sa fille, moi avec la mienne. Il y a désormais de la pudeur entre nous. Il était pourtant présent à l’enterrement de mon grand-père, il connaît très bien ma maman. Lui et moi, nous ne sommes pas des amis du showbiz, on a partagé de vraies galères ensemble. Inconsciemment, si on ne se voit pas, c’est peut-être pour éviter que cela se reproduise. Il faudrait, je pense, que l’on se revoit un jour et qu’on en discute pendant de longues heures, histoire de rattraper le temps perdu.

Appréhendez-vous le jour où votre fille sera en âge de lire votre ouvrage?

Oui, énormément. Je la préparerai avant psychologiquement car je sais que mes écrits sont violents. Ça lui fera du mal, mais ça l’aidera à se construire. Elle se dira certainement: «Je ne veux pas vivre ce que ma mère a vécu!». Si elle se retrouve dans une situation étrange avec un homme, j’espère qu’elle pensera tout de suite à moi et qu’elle osera m’en parler. Ce livre est comme une mise en garde. Et puis, comme je suis très  croyante, je me dis qu’il a fallu que je vive le pire pour la sauver. C’est horrible, mais beau à la fois.

Quelle est votre définition du féminisme?

Être féministe, c’est l’égalité entre l’homme et la femme, mais pas dans tous les domaines. Je suis désolée de ne pas penser comme la plupart des femmes. Pour moi, l’homme et la femme sont complémentaires. Je n’aime pas les extrêmes. On peut être féministe et aimer tout ce que font les hommes. Je suis féministe, mais j’adore cuisiner des plats à mon mari, m’occuper de lui pour qu’il ne manque de rien, et faire le ménage pour que notre maison soit propre. Ce n’est pas de la soumission, mais c’est de l’amour.

Quels sont les hommes qui vous inspirent?

Mon grand-père. Je l’admire énormément. Il a toujours été mon modèle. Ce côté masculin que je dégage me vient sans aucun doute de lui. C’est le plus grand homme que j’ai rencontré. Il était toujours habillé de façon élégante. C’était aussi un grand charmeur. Il ne se plaignait jamais. Je dirais aussi Élie Kakou. J’ai toujours été fascinée par son histoire, ses engagements, son talent absolu, sa vulnérabilité et l’amour qu’il avait pour les gens. Vous savez, Gad Elmaleh, qui est comme mon grand frère, m’a dit un jour: «Si Élie Kakou était encore en vie, tu aurais été très proche de lui. Vous vous seriez adorés!». J’ai même déjà croisé la sœur d’Élie. Elle m’a dit que je lui faisais penser à son frère. C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire. Élie Kakou est d’ailleurs décédé le jour de mon anniversaire.

Vous aimeriez avoir un autre enfant?

Oui, j’y pense, mais chaque chose en son temps car c’est difficile de faire ce métier en étant enceinte. Ça ferme notamment des portes au cinéma. Mes 38 ans approchent et j’avoue que le temps qui passe m’angoisse énormément. J’aimerais avoir un deuxième enfant avant mes 40 ans. Je rêve désormais d’avoir un petit garçon.

Notre sélection vidéo

Commentaires

Postez le premier commentaire

Aussi en People

Derniers articles
SoSoir Max vous recommande