le centre Jean Moulin rouvre pour accueillir trois grandes expositions photos


La « Mère migrante », photo emblématique prise en 1936 par Dorothea Lange, fait partie des quelque 120 photos exposées au centre Jean Moulin.

Thierry David/SO

Dans le cadre du Mois de la Photo, l’association Cdanslaboîte investit cet espace pour présenter trois expositions sur le thème de la photographie humaniste. Parmi eux, une large série de prises de position de la Farm Security Administration, l’organisme américain créé par le ministère de l’Agriculture de 1937 à 1943 pour faire connaître ses actions en faveur des agriculteurs pauvres. Pourquoi au centre Jean Moulin, fermé depuis 2017 en attendant des travaux ? « Lorsque la Ville nous a sollicité pour le Mois de la Photo, nous avons évoqué le problème du manque de lieux d’exposition à Bordeaux », répond Bruce Milpied, fondateur de Cdanslaboîte. Elle nous a offert cet espace et nous avons conçu notre programmation en fonction de ce qu’il représente : la résistance, la défense de la dignité humaine. »

La dignité se retrouve dans ces photos en noir et blanc de personnes brisées par la récession, aux visages fermés et fatigués: familles trimballant des chaises ou des sacs de nourriture dans des voitures à bout de souffle, files d’attente devant les distributions alimentaires, villages de tentes plantés dans des sols arides, des lumières qui brillent sur la peau noire dans un contexte de ségrégation raciale… Les tirages, réalisés aux États-Unis et transmis sous forme de fichiers numériques, sont d’un réalisme saisissant et donnent parfois l’impression que la photo a été prise de nos jours.


Photos de Pierre Faure. Panorama d’une France oubliée, en zone rurale ou semi-urbaine.

Thierry David/SO

En fait, on ne perçoit aucune différence lorsqu’on les compare à ceux de Pierre Faure. Ce photographe travaille régulièrement pour la Bibliothèque nationale de France et a reçu de nombreuses récompenses (Bourse Albert Kahn 2018, Prix Polka 2023, etc.). Il s’intéresse également à la dégradation socio-économique dans les zones rurales et semi-urbaines. Ses images, en noir et blanc dur, montrent une rue déserte d’un village, un hôtel abandonné au milieu de nulle part, et surtout des gens seuls, avec pour seul compagnon un chat, vivant souvent dans la crasse, comme si cela ne servait à rien. en étant plus propre.


Les photos des cinq premiers lauréats de la bourse Laurent Troude, tous âgés de moins de 30 ans, sont exposées au fond de la grande salle.

Thierry David/SO

Le tout est complété par les photos des cinq premiers lauréats – tous âgés de moins de 30 ans – de la bourse Laurent Troude, du nom de ce photojournaliste de « Libération » décédé en 2018. On remarque particulièrement les regards intenses des jeunes photographiés par Théo. Combes au bord de la Méditerranée, loin des clichés touristiques. Ou encore le reportage d’Emeline Sauser sur un adolescent victime de harcèlement scolaire et qui reconstruit sa vie en changeant de sexe. Personnages marginaux, insoumis ou meurtris par la vie, toutes ces figures se retrouvent d’une exposition à l’autre. Avec un point commun : la plupart du temps ce sont eux qui sont au centre de l’image.

 
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