Flora Ghebali sur la liste de Marie Toussaint aux européennes ? Pourquoi cette éventualité complique la tâche des écolos

Marine Tondelier et Marie Toussaint le 28 mars lors d’un happening contre TotalÉnergies à La Défense.
THOMAS SAMSON / AFP Marine Tondelier et Marie Toussaint le 28 mars lors d’un happening contre TotalÉnergies à La Défense.

POLITIQUE - Flora Ghebali sur la liste de Marie Toussaint pour les européennes ? La candidature de la chroniqueuse des Grandes gueules de RMC est évoquée chez les Écologistes, rapporte Libération, une information que Le HuffPost a pu se faire confirmer. Rien n’est encore acté. Mais déjà, l’idée fait tiquer.

Connue pour intervenir régulièrement sur RMC, Flora Ghebali n’est pas pour autant novice en politique. Chargée des relations presse à l’Élysée de 2016 à 2018 – sous les quinquennats de François Hollande et Emmanuel Macron –, elle rejoint pour les municipales de 2020 la liste de Gaspard Gantzer, lui-même ancien conseiller communication du président socialiste. L’aventure s’achève par un ralliement de Gantzer et Ghebali à la liste du camp présidentiel menée par Agnès Buzyn. Avec le peu de succès que l’on sait.

Depuis, Flora Ghebali a lancé Les Fourmis, un mouvement qu’elle définit comme un « espace de dialogue et de propositions pour faire de l’écologie un sujet universel et collectif ». « Les fourmis, ce sont des bénévoles qui se rassemblent pour peser sur la vie politique. Parce que nous sommes convaincus que si nous ne sommes pas capables de rendre l’écologie universelle et inclusive, ni d’imposer notre récit de l’écologie, nous n’arriverons nulle part », expliquait-elle en janvier 2024 sur France Inter.

Ghebali, symbole d’une écologie trop « centriste » ?

De quoi séduire les Écologistes ? Pas tout à fait. Si un membre de la direction du parti se réjouit dans Politico d’une (possible) arrivée qui « montre l’élargissement de la famille écolo », d’autres s’en indignent.

À commencer par Bénédicte Monville, proche de Sandrine Rousseau, qui avait fait part (en vain) de ses ambitions pour porter la ligne des Verts aux européennes en revendiquant de « gêner le match sans enjeu » entre David Cormand et Marie Toussaint. Elle a fait savoir sur X (anciennement Twitter), samedi 30 mars, qu’elle devrait figurer sur la liste mais fustige l’hypothèse Flora Ghebali éventée par la presse, un « camouflet » pour sa ligne.

Elle qualifie Flora Ghebali d’« influenceuse de l’écologie bourgeoise » et voit dans sa possible présence la confirmation « d’un tropisme centriste » de la direction. Le passé hollandiste de Flora Ghebali puis son ralliement à la Macronie sont, pour Bénédicte Monville, « l’expression d’une direction sans boussole ». « Cette manière de faire de la politique entame durablement notre crédibilité et pose directement la question de ce que nous ferons en 2027 ? Une alliance avec Macron et les socialistes de Carole Delga ? Jusqu’où cette direction est prête à nous emmener ? » écrit-elle, en fustigeant à la marge le manque de concertations au sein du parti.

À moins de trois mois du scrutin, les Verts plafonnent à 7 %

Officiellement, aucun cadre de la campagne ne s’est exprimé à ce stade sur la candidature de Flora Ghebali. Selon nos informations, des discussions sont toujours en cours au sein du parti avant le vote du Conseil fédéral sur l’entièreté de la liste dans les prochains jours. Aucune communication n’est prévue d’ici là.

Un rejet de cette liste ou même de simples désaccords ne seraient pas sans conséquence pour la campagne des Écologistes. Car à moins de trois mois du scrutin, la liste portée par Marie Toussaint plafonne entre 7 et 8 %, en quatrième position dans les intentions de votes, comme le montre notre compilateur de sondages. En dessous des 10 % de Raphaël Glucksmann, qui reste premier à gauche et loin des 13 % de Yannick Jadot en 2019.

Sur franceinfo ce mardi 2 avril, la tête de liste se veut optimiste. « La campagne commence. Dans les préoccupations des Français et des Françaises, il y a le pouvoir d’achat, la santé et l’environnement. Mon boulot, c’est d’aller convaincre » les électeurs, assure-t-elle, assumant de parler de sujets « qui ne font pas la Une » des médias.

L’enjeu de ces européennes est double pour les Écologistes. Outre le précédent de 2019 à l’aune duquel sera jugé le résultat de Marie Toussaint, ces élections détermineront en grande partie l’équilibre des forces à gauche en vue des prochaines élections présidentielles et de l’hypothétique reconstruction d’une alliance.

En parallèle, ce scrutin apparaît également comme le premier test électoral d’envergure pour Marine Tondelier, qui a bataillé pour une liste autonome et non une liste unique à gauche comme le réclamaient certains en interne. En creux, c’est donc la stratégie de la direction qui sera jugée, un an et demi après l’élection de la secrétaire nationale.

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