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Fin de l'histoire entre Laurent Blanc et l'Olympique Lyonnais

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Par AFP (édité par Alice Devilez)

Laurent Blanc entraîneur de l'Olympique lyonnais "c'est fini", a annoncé le club sur les réseaux sociaux. L'équipe est classée dernière de Ligue 1 après trois défaites et un nul en quatre journées.

Blanc avait été auparavant mis à pied, selon L'Équipe, qui écrit depuis plusieurs jours que l'OL lui cherche un successeur en vue de la prochaine journée de Ligue 1, pour laquelle l'OL recevra le promu Le Havre dimanche soir (20h45).

Selon le quotidien sportif, l'entraînement de mardi sera dirigé par un des adjoints de Blanc, Jean-François Vulliez, assisté de l'ex-buteur du club Sonny Anderson et de l'ancien défenseur Jérémie Bréchet. Il n'y a pas d'entraînement lundi, a précisé l'OL

Le nouveau propriétaire américain du club lyonnais, John Textor, cherche un successeur à Blanc. Les noms de l'Italien Gennaro Gattuso, de l'Autrichien Oliver Glasner ou du Français Habib Beye ont notamment circulé.

Le champion du monde 1998 avait remplacé le Néerlandais Peter Bosz en octobre 2022 et avait signé un contrat de deux ans.

Il avait redressé la situation sportive du club, l'OL terminant troisième de la phase retour mais échouant à se qualifier pour une coupe d'Europe, pour la seconde saison consécutive, une lourde perte financière et de prestige pour un club habitué aux compétitions européennes et demi-finaliste de la Ligue des champions en 2020.

L'ancien sélectionneur des Bleus (2010-2012) avait été remercié par le Paris Saint-Germain en 2016, peu de temps après avoir pourtant prolongé son contrat. En 2022 il avait été licencié du club qatarien d'Al-Rayyan après 14 mois sur le banc.

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"Un cirque"

L’ancien champion du monde en bleu, ex-libéro de Marseille, démarre sur les chapeaux de roues en tant qu’entraîneur en portant Bordeaux à la deuxième place du championnat. Laurent Blanc est même élu meilleur coach de l’Hexagone. La saison suivante est encore plus fructueuse : il emmène les Girondins vers le titre, mettant fin à la domination sans partage des années 2000 de l’Olympique lyonnais.

Mais après avoir dominé le championnat en début de troisième saison, Bordeaux s’écroule et termine sixième. En Ligue des champions, les Girondins sont éliminés par leurs rivaux français de l’OL en quarts de finale.

Incapable sur les deux matches suivants de redresser la barre, Laurent Blanc paie aussi la note d'une crise qui le dépasse. Une décision de la DNCG prise au début de l'été a imposé des mesures de restrictions de la masse salariale et des indemnités de mutation, qui ont contraint et retardé le recrutement estival.

Fin août, le club a été le théâtre d'une guerre entre Jean-Michel Aulas, l'ancien et emblématique président, et le nouveau John Textor, sur fond de comptes bloqués et de saisine de tribunaux.

"Un cirque": le terme a été employé par le président exécutif, Santiago Cucci, lui-même, le 3 septembre.

Le successeur de Blanc, qui devra remobiliser l'équipe dès le 17 septembre contre Le Havre, sera le cinquième technicien à se pencher sur l'OL depuis le départ de Bruno Genesio au printemps 2019.

Depuis, le Brésilien Sylvinho (juin 2019-octobre 2019), Rudi Garcia (octobre 2019-2021), le Néerlandais Peter Bosz (2021-octobre 2022) et Laurent Blanc qui ne sera pas resté un an, ont dansé la valse des entraîneurs.

Le club vit un déclassement spectaculaire depuis ses sept titres de champion de France entre 2002 et 2008, symbolisé par son absence des coupes d'Europe trois fois sur les quatre dernières saisons.

Blanc n'était que le 31e coach en 73 ans d'existence du club rhodanien fondé en août 1950; il avait contre lui de ne pas avoir été choisi par Textor mais par Aulas.

Se pose la question de l'avenir de Laurent Blanc comme entraîneur, lui qui fut champion de France avec Bordeaux (2009) puis au Paris Saint-Germain (2014, 2015, 2016), lui qui avait aussi relancé comme sélectionneur une équipe de France en crise entre 2010 et 2012.

Il pourra faire valoir auprès d'éventuels futurs employeurs qu'avant ce début de saison cauchemardesque, il avait à partir de l'automne 2022 redressé partiellement un OL alors déjà en difficulté après le départ du Néerlandais Peter Bosz. Les Lyonnais avaient fini la saison 7e de Ligue 1, et 3e de la phase retour.

Un parcours en dents de scie

Les compétences, le calme, la droiture manifestés à Lyon, ainsi que son statut de héros de 1998 le désignent naturellement pour succéder à Raymond Domenech au poste de sélectionneur des Bleus. L’atmosphère est lourde après la débâcle de la Coupe du monde en Afrique du Sud, terminée dans la grave crise du camp d’entraînement de Knysna en juin 2010.

Mission réussie : l’équipe de France repart de l’avant et ne connaît que quatre défaites en 27 rencontres, enregistrant des succès de prestige contre l’Allemagne, l’Angleterre ou encore le Brésil – en amical. Mais les Bleus s’inclinent sèchement 2-0 contre l’Espagne en quarts de finale de l’Euro 2012. Laurent Blanc et le président de la fédération Noël Le Graët s’accordent pour ne pas prolonger son contrat.

Un an après son départ des Bleus, Blanc débarque au PSG pour la saison 2013-14 en remplacement de Carlo Ancelotti. Avec les arrivées d’Edinson Cavani et de Marquinhos, qui rejoignent Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva ou encore Marco Verratti, le "Président" construit un 4-3-3 séduisant. Paris signe le doublé championnat-Coupe de la Ligue mais s’arrête en quart de finale de la Ligue des champions contre Chelsea. Les deux saisons suivantes, le PSG de Blanc est injouable dans l’Hexagone : avec un style offensif basé sur la possession, il réalise le triplé championnat-Coupe-Coupe de la Ligue.

Mais les ambitions européennes se fracassent deux nouvelles fois contre le plafond de verre des quarts, contre Barcelone puis Manchester City. Assez pour les dirigeants qataris : Blanc quitte le club, une belle indemnité à la clé. Il est toutefois l’entraîneur de l’ère qatarie resté le plus longtemps aux manettes (trois saisons complètes), et les supporters parisiens sont parfois nostalgiques de l’identité de jeu de "son" PSG.

Evincé du PSG, Laurent Blanc jouit néanmoins d’une solide réputation. Au point d’être dans les petits papiers de certains clubs d’envergure. Mais le Français refuse plusieurs offres, en club comme en sélection, et n’exerce pas pendant plus de quatre ans. Fin 2020, il achève sa traversée du désert par une expatriation au Qatar, en prenant la tête d’Al-Rayyan. Il y reste 18 mois avant d’être remplacé, faute de résultats.

En octobre 2022, Blanc revient en France, à Lyon, où il remplace en cours de saison le Néerlandais Peter Bosz. Pas aidé par un mercato d’hiver peu convaincant, Blanc réussit toutefois une bonne deuxième moitié de saison. Mais l’OL termine seulement 7e. Le mandat de Blanc coïncide avec la vente du club à l’Américain John Textor et le départ du président historique Jean-Michel Aulas. En pleine crise en coulisse entre les deux hommes, Blanc voit à l’été son effectif s’affaiblir, avec la perte de ses deux espoirs Lukeba et Barcola – peu en phase avec les ambitions de qualification en C1 de son nouveau propriétaire.

Après la déroute face au PSG (4-1) le 3 septembre, l’OL était dernier de L1. De quoi assombrir l’avenir de Blanc. Textor, qui ne l’avait pas choisi, a finalement décidé de s’en séparer. Le "Président" est donc à nouveau sans club. Pour combien de temps ?

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