EXTRATERRESTRE – Il est tout simplement devenu le plus grand biathlète de l'histoire avec Bjoerndalen et le Français le plus titré de l'histoire des Jeux d'hiver. Après deux titres individuels, Martin Fourcade a remporté l'or du relais mixte aux JO de Pyeongchang. Son cinquième titre olympique. Historique.
Victoire après victoire, il a popularisé auprès des Français son sport longtemps confidentiel en dehors des pays froids. Le roi du biathlon Martin Fourcade, porte-étendard tricolore aux JO d’hiver de Pyeongchang, a écrit une nouvelle page de son sport en remportant, avec Marie Dorin, Anaïs Bescond et Simon Desthieux, l'or du relais mixte, mardi 20 février.
Après la mass start remportée pour quelques centièmes, ce dimanche, la victoire du 20 février n'a pas souffert de la moindre contestation. Il a amené une nouvelle breloque à la France en claquant un 10 sur 10 au tir et en refaisant un retard d'une trentaine de secondes, conservant une vingtaine de secondes sur son dauphin, le Norvégien Emil Svendsen.
Jean-Claude Killy, avec qui le sextuple tenant de la Coupe du monde partageait l'honneur d'être le plus titré des sportifs français aux Jeux d'hiver, est bel et bien dépassé et l'aura du tout nouveau quadruple champion olympique surpasse maintenant largement le cadre de son sport et des disciplines sur neige. Il ne lui restait plus qu'à dépasser les quadruples champions olympiques, tels l'escrimeur Christian d'Oriola.
Outre l'aspect sportif, Martin Fourcade a une personnalité fascinante. Sa présence active sur les réseaux sociaux, ses relations avec son frère, lui aussi biathlète... LCI vous propose d’en apprendre un peu plus sur le Catalan en regardant – en tête de cet article – le "#portrait" que nous lui avons consacré.
Biathlète et officier
Fourcade, né à Céret il y a 29 ans, ne manque jamais une occasion d'évoquer ses racines pyrénéennes, les paysages de son enfance et la difficulté d'y construire une carrière sur les skis. Il y vit jusqu'à ses 15 ans avec son grand frère Simon, lui aussi biathlète de haut niveau. Les deux frères vivent d'ailleurs ensemble les compétitions... une rivalité pas forcément simple à vivre.
Sportif de haut niveau Martin Fourcade est aussi sous-lieutenant depuis octobre 2017. "Jusqu'en 2008, ce sont mes parents qui m'ont financé, a expliqué à l'AFP le quintuple champion olympique. L'Armée de Terre m'a alors proposé d'intégrer l'équipe de France militaire de ski et sans leur soutien, au moment où les sponsors n'étaient pas encore là, je sais que cela aurait été compliqué de poursuivre. J'ai un respect immense pour l'institution et une dette parce que ce sont eux qui m'ont permis d'en arriver là. C'est pour ça que j'ai été très fier d'être promu lieutenant et d'être le premier sportif de haut niveau élevé au rang d'officier."
Mieux que Killy
A Vancouver en 2010, Fourcade découvre à 21 ans et pour la première fois l'univers olympique. La leçon est rude, mais son talent éclate tout de même lors de la mass start avec une médaille d'argent.
Deux ans plus tard, le Pyrénéen termine pour la première fois en tête du classement général de la Coupe du monde et débute sa domination implacable sur le circuit avec en prime trois titres mondiaux à Ruhpolding. La machine Fourcade est définitivement lancée, mais ce sont les Jeux de Sotchi en 2014, puis les Championnats du monde à Oslo en 2016 qui vont en faire l'une des stars du sport français.
Le grand public le découvre d'abord aux JO-2014 à Sotchi où il glane ses deux premières médailles d'or olympiques (poursuite, individuel). Son quadruplé retentissant aux Mondiaux-2016 (sprint, poursuite, individuel, relais mixte) ne fera que confirmer son nouveau statut.
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Cette année à Pyeongchang, il a de nouveau conquis le titre en poursuite, lundi dernier, avant de triompher dimanche. Martin Fourcade compte en outre deux médailles d'argent olympiques, avec la mass start de Vancouver 2010 et celle de Sotchi, ce qui lui fait donc un total de six médailles.
Porte drapeau et... porte voix
Porte drapeau de la délégation française à Pyeongchang, Martin Fourcade est aussi un athlète qui parle haut, chose parfois rare dans un niveau sportif aspetisé. Dopage, politique française et internationale, tout y passe. Après les révélations du rapport McLaren qui a mis au jour un système de dopage institutionnalisé en Russie, il avait menacé la Coupe du monde de boycott avant de prendre la tête de la fronde des biathlètes en janvier 2017, obligeant la Fédération internationale (IBU) à organiser un Congrès extraordinaire à la veille des Mondiaux afin de durcir à l'avenir ses sanctions contre les tricheurs. Il a également publiquement soutenu la décision du Comité international olympique (CIO) de suspendre la Russie des JO-2018, n'hésitant pas à braquer un pays où il reste très populaire. En 2017, l'homme aux 71 succès en carrière avait déjà provoqué une grosse tension avec les Russes aux Championnats du monde après avoir pointé du doigt sur les réseaux sociaux Alexander Loginov, revenu d'une suspension pour dopage. Les Russes avaient alors refusé de lui serrer la main sur le podium du relais mixte.
En janvier, c'est Donald Trump "himself" qui en a pris pour son grade, en pleine polémique après ses propos sur "les pays de merde", Fourcade fustigeant "la théorie stupide" du président des Etats-Unis.
Et que dire de son livre ("Mon rêve d'or et de neige"), où il raconte son parcours, une sorte de "psychanalyse", selon ses propres termes, vendu à plus de 30.000 exemplaires et traduit dans tous les bastions du biathlon mondial. Preuve d'une popularité qui a dépassé depuis longtemps le cadre national.