Sami Zayn a accompli un exploit hier que peu de Québécois ont eu la chance de faire. En finale de l’émission phare de la WWE, Monday Night Raw, le Montréalais a défendu le titre Intercontinental, chez lui, au Centre Bell. 

Plusieurs Québécois ont été champions à la WWE depuis la création de Raw en 1993. Toutefois, il faut attendre neuf ans avant de voir un premier enregistrement de Raw se faire à Montréal. Il s’agissait du Raw après WrestleMania 18 en 2002.

En 2003, Sylvain Grenier et René Duprée avaient défendu les titres par équipe à Sunday Night Heat, face à Tyson Dux et Bobby Rude, juste avant l’enregistrement de Raw. Grenier, avec Rob Conway cette fois-ci, mais toujours sous le sobriquet de La Résistance, a remporté les titres à Raw, à Montréal, le 31 mai 2004, un exploit en soi. Le duo a même remporté ces mêmes titres à deux autres reprises, mais n’a jamais eu l’opportunité de les défendre au Centre Bell. Maryse Ouellet a été championne Divas à deux reprises sans jamais défendre le titre chez elle.

En 2016, Kevin Owens est devenu champion Universel et alors que tout le monde s’attendait à le voir dans un spectacle non télévisé au Centre Bell le 24 mars 2017, il perdait le titre 19 jours plus tôt face à Goldberg. Et de toute façon, ce n’était pas Raw. Owens a aussi été champion Intercontinental à deux reprises et champion des États-Unis à trois reprises, sans jamais pouvoir défendre un de ces titres à Raw à Montréal. Même chose pour Sami Zayn, qui, avant sa victoire à WrestleMania d’il y a quelques jours, avait remporté ce même titre trois fois, mais alors que le monde était en pandémie. Zayn et Owens étaient champions par équipe lorsqu’ils sont venus au Centre Vidéotron à Québec l’an dernier, mais ont lutté dans un match qui n’était pas pour le titre, avant que ce match ne devienne un trois contre trois.

Finalement, Chris Benoit était à Raw à Montréal lorsqu’il était champion mondial de la WWE, mais n’a pas défendu ce titre. Il a plutôt défendu le titre par équipe qu’il détenait avec le Torontois Edge, face à la Résistance le 31 mai 2004, dans le seul match de championnat dans lequel deux Québécois se sont affrontés dans l’histoire de Raw. Je vous rappelle que Benoit est né à ville LaSalle et qu’il a passé les 12 premières années de sa vie dans la métropole.

Hier soir donc, pour la première fois en près de 20 ans et pour la première fois pour un titre en simple, Sami a défendu le championnat Intercontinental, à Raw, à Montréal, au Centre Bell. Et il l’a défendu avec succès devant environ 12 000 spectateurs.

Pourquoi pas Sami Zayn pour ouvrir Raw?

La blessure de Rhea Ripley et la nécessité de laisser vacant son titre mondial féminin a eu préséance sur Sami en ouverture de spectacle. J’aurais aimé qu’on ouvre l’émission avec Zayn, à qui on aurait pu donner une ovation digne de ce nom, digne de SmackDown en 2023. On aurait eu plus de temps et ça aurait permis à Zayn de prendre la parole et de jaser aux partisans quelques minutes. Je pense que ça aurait fait un meilleur début de Raw que de voir la championne remettre son titre, surtout qu’on n’a rien d’autre n’a été fait autour de ce titre durant l’émission, mis à part une brève présence de Liv Morgan. Pas de mini-tournoi, pas de matchs de qualification, ce qui aurait expliqué le besoin de débuter avec Ripley. On a plutôt annoncé qu’une nouvelle championne serait couronnée la semaine prochaine. Ouin, ça nous fait une belle jambe à nous ça!

On a eu beau voir Sami faire son arrivée au Centre Bell sur l’écran géant, la foule n’a eu droit qu’à la version humaine en fin d’émission. Sami est sorti des coursives du Centre Bell, par la foule, dans la section 114 et immédiatement, la réaction a été forte. Les 12 000 amateurs se sont mis à scander son nom et les «Ole! Ole! Ole!» se sont fait entendre d’un bout à l’autre de l’amphithéâtre. Par contre, son entrée a été coupée par une pause publicitaire et c’est le bémol que j’ai avec la décision qu’on a prise. Sami a pris le micro juste avant de revenir en ondes (en fait, c’était peut-être au retour de la pause, je n’ai pas encore vu la version télé) et a à peine eu le temps de s’adresser à la foule en français que les présentations officielles débutaient.

Chad Gable qui se tourne contre Sami: du pur génie!

Toutefois, le match contre Chad Gable, qui lui avait servi de coach dans les semaines qui ont précédé WrestleMania, a livré la marchandise. Sur place, c’était le meilleur match de la soirée. Le tout se confirme lorsque je regarde les cotes que les amateurs donnent aux matchs sur le site spécialisé Cagematch. Un retentissant 8.88 sur 10 pour le match jusqu’à présent. Sans surprise, Sami a reçu l’appui du public tout au long de son match.

Mais si le match était quelque chose à voir, ce qui s’est passé tout de suite après était encore meilleur. Alors que Sami est descendu de l’arène pour aller donner un câlin à son père, puis à sa conjointe, Gable est arrivée par en arrière et lui a administré une solide souplesse allemande sur le concret, la partie la plus dure de l’aréna. L’attaque s’est poursuivie alors que Gable l’a lancé sur la table des commentateurs, avant de l’emprisonner dans le coin de l’arène et de lui faire une clé olympienne.

C’était du pur génie et la bonne foule pour faire ce qu’on appelle dans le milieu un «heel turn». Une fois que l’émission n’était plus en ondes, la foule a tout crié à Gable. Il y a eu un long et fort «F*** You Gable!» suivi d’un «Na na na hey hey goodbye» lorsqu’il a finalement quitté les lieux.

Après le segment, Zayn a pris le micro pour dire «Je ne laisserai pas ce crisse-là voler notre soirée!» avant d’aviser Gable que dès que son pied sera rétabli, il va revenir pour lui botter le derrière! Du bonbon!

Cody, Triple H et les Yeet!

Parmi les autres combats ou moments spéciaux de Raw, notons l’excellent match triple menace entre DIY, New Day et les frères Creed, remporté par le duo de Tommaso Ciampa et Johnny Gargano, qui deviennent ainsi les aspirants numéro un aux titres. D’ailleurs, les champions, le Miz et R-Truth, ont reçu de nouvelles ceintures de la part de nul autre que Paul «Triple H» Levesque, qui a fait une rare présence devant la foule montréalaise. Deux des plus populaires lutteurs de la WWE y étaient également. Jey Uso et son «Yeet» a encore une fois fait réagir les partisans, alors que le champion incontesté Cody Rhodes a reçu une très belle ovation. Même Damian Priest, le champion mondial de la WWE, y était. La foule a aussi réservé un bel accueil à Sheamus, qui revenait dans l’arène après une absence de huit mois. Le Miz a parlé français, Pat McAfee a parlé français pendant une pause publicitaire et la foule de Montréal, toujours aussi en feu, a rendu le spectacle meilleur. Somme toute, une très belle soirée!

Michael Cole parle des débuts de Sami

Aux commentaires, tout de suite après la présentation de Sami Zayn par la divine Samantha Irvin, Michael Cole a mentionné que Zayn avait débuté sa carrière à Montréal pour la FLQ il y a 22 ans.

Dans les faits, le premier match de Zayn a eu lieu à Montréal pour une promotion de lutte qui s’appelait la NEW. Zayn luttait alors sous le nom de Stevie McFly. Son deuxième match, il l’a fait pour la Fédération de Lutte Québécoise (FLQ) de la légende Paul Leduc dans le quartier Rosemont. J’y étais d’ailleurs. La FLQ a ensuite été la première organisation pour laquelle Rami Sebei de son vrai nom a lutté de façon régulière. C’était avant qu’il ne devienne régulier à la IWS et à la MWF.

Très belle attention de la part de Cole de le mentionner en ondes, un commentaire qui a bien été apprécié par le fils de Paul, Carl Leduc.

Une meilleure foule qu’il y a 5 ans

La foule d’environ 12 000 spectateurs (je devrais avoir le nombre de billets distribués un peu plus tard aujourd’hui) a surpassé celle du dernier Raw présenté à Montréal, soit le 15 avril 2019. Cet événement avait attiré 10 500 personnes. Il faut remonter au 30 avril 2018 au Centre Bell pour y voir une foule supérieure, soit 13 500. Au Centre Vidéotron au mois d’août 2023, l’assistance était de 10 583. On n’a pas annoncé un autre spectacle pour le Québec hier soir, toutefois, je pense qu’on peut compter sur le spectacle du temps des fêtes présenté à Laval en décembre. C’est devenu une tradition avec les années. Il ne serait pas surprenant d’en voir un également à Québec d’ici la fin de 2024.