Les jeunes garçons décrochent plus tôt de la lecture mais des leviers pourraient y remédier

Le décrochage pour les filles commencent à partir de 13 ans selon cette étude, quand les garçons délaissent les livres dès l'âge de 10 ans. ©Getty - StockPlanets
Le décrochage pour les filles commencent à partir de 13 ans selon cette étude, quand les garçons délaissent les livres dès l'âge de 10 ans. ©Getty - StockPlanets
Le décrochage pour les filles commencent à partir de 13 ans selon cette étude, quand les garçons délaissent les livres dès l'âge de 10 ans. ©Getty - StockPlanets
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C'est l'un des principaux constats de la nouvelle étude du Centre national du livre sur les jeunes de 7 à 19 ans et la lecture. Les garçons s'en détachent significativement et dès la fin de l'école primaire. Parmi les leviers pour endiguer le phénomène, faire de la lecture une activité collective.

Avec
  • Marie-Christine Ferrandon Présidente de l'association Lecture Jeunesse

Entre 2022 et 2023, les Français âgés de 7 à 19 ans ont lu 33 minutes de moins par semaine. Soit en moyenne 2h11 par semaine, d'après  une étude du CNL publiée ce mardi. Cette enquête confiée à Ipsos a été menée du 25 janvier au 2 février 2024 auprès d'un échantillon de 1 500 personnes. Elle porte sur leurs habitudes et sur leurs goûts littéraires de l'année 2023.

On y apprend notamment comment les jeunes garçons décrochent de la lecture. Avec toutefois, selon Marie-Christine Ferrandon, la Présidente de  l’association Lecture Jeunesse, des moyens pour qu'ils y reviennent.

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"Il faut recréer du collectif"

Selon elle, "les garçons pâtissent d'une représentation genrée de la lecture qui serait associée aux femmes, et aux mères". L'acte de lire s'apprend en effet dès l'enfance à travers les lectures du soir, en majorité lues par la mère, très peu par le père. Plus tard, la lecture est associée aux professeurs. Là encore, ce sont les femmes qui guident l'apprentissage. Elles représentent près de 80% des enseignants de lettres dans le second degré, dans le secteur public, selon le dernier Bilan social du ministère de l'Éducation nationale, portant sur l'année 2020-2021.

"La lecture c'est l'affaire de tous, argue-t-elle, et tout le monde doit s'y mettre pour essayer de faire changer le regard des jeunes". Pour diversifier les représentations, la présidente de l'association Lecture Jeunesse propose que tous les professeurs, quelle que soit leur discipline, hommes et femmes, à l'école, au collège et au lycée, conseillent en classe des livres.

Autre levier selon elle : mettre en avant une diversité de lecture. Pas seulement les romans. "Les garçons peuvent avoir d'autres sensibilités. Des romans d'aventure, de sciences, ou des mangas et des BD". Selon elle, il arrive qu'ils ne se sentent pas assez représentés dans les lectures les plus valorisées à l'école.

Enfin, "il faut recréer du collectif", selon elle. "En créant des projets, comme l'écriture d'un livre en classe, les garçons vont se révéler comme des lecteurs intéressés". En valorisant leurs compétences en matière d'écriture par exemple, ou de recherche d'information, "leurs représentations peuvent évoluer", défend Marie-Christine Ferrandon.

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Les jeunes consacrent dix fois plus de temps aux écrans qu'à la lecture

Cette étude montre également que, si les jeunes continuent de lire pour leur plaisir personnel, les chiffres tendent à baisser au fil des années. Parmi les 7-19 ans à avoir été interrogés, 81% déclarent en effet lire dans le cadre de leurs loisirs.

Mais, chez les adolescents, ce chiffre baisse drastiquement. Entre 16 et 19 ans, près d’un jeune sur cinq ne lit pas sur son temps libre. À partir de 16 ans, la moitié des garçons lisent encore sur leur temps libre, contre 74% des filles. La lecture ne s'ancre plus dans les habitudes.

Quant aux pratiques, l’étude dresse là aussi un constat inquiétant. Les jeunes lisent de moins en moins longtemps. En moyenne, 2h11 par semaine, trente trois minutes de moins qu’en 2022. Un temps qu’ils préfèrent dédier à leur téléphone. En moyenne, les jeunes consacrent dix fois plus de temps aux écrans qu’à la lecture.

"Des résultats peu surprenants, car les chiffres étaient déjà alarmants en 2022", souligne Régine Hatchondo, présidente du CNL, pour qui "cette étude doit faire prendre conscience de la réalité de ces chiffres, alors que le corps médical communique sur les bienfaits de la lecture mais aussi sur la nocivité des écrans".

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La lecture de livres numériques en hausse

Les écrans restent en effet la cause majeure de décrochage de la lecture, selon Marie Christine Ferrandon. Conséquence directe, parmi les jeunes qui ne lisent pas, 27% déclarent que c’est parce qu’ils ont du mal à se concentrer, ce qui représente 10 points de plus qu’en 2022.

Mais les jeunes interrogés expliquent aussi leur désintérêt par des craintes plus concrètes : un manque de temps, des livres avec trop de pages ou encore des mots trop compliqués. Des appréhensions qui se traduisent directement dans leurs choix de lecture. En première place toujours,  les BD et les mangas. Le roman arrive en troisième position.

Dernier enseignement de cette enquête, ces livres, les jeunes les lisent de plus en plus sur leurs écrans de smartphone. Plus de 40% des jeunes se sont mis aux livres numériques, 10% de plus qu’en 2022. Alors que 42% disent déjà avoir écouté un livre audio.

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