Cyclades était un projet expérimental français ayant pour but de créer un réseau global de télécommunication utilisant la commutation de paquets. Créé en 1971, il fut abandonné en 1978.
En 1970, suite à la visite d'une délégation française chez BBN aux États-Unis, le projet ARPANET, ancêtre d'Internet, est connu en France. Cela déclenche un renouveau d'intérêt pour la notion de réseau informatique partagé. Jusqu'à présent existaient seulement des réseaux dédiés (agence Havas, agence AFP, groupe Drouot) privés et onéreux, car à base de lignes louées à temps plein, au lieu d'être partagées (en débit comme en coût) entre acteurs économiques. Le projet Cyclades en fut la conséquence.
Cyclades faisait le choix technique de transmettre ses paquets indépendamment les uns des autres (ce qui ne garantissait pas leur ordre d'arrivée) et de les réassembler au point de destination.
Un autre réseau qui sera développé parallèlement et au départ par les Postes et Télécommunications, Transpac, fait un choix plus conservateur : on choisit certes pour chemin celui qui est censé assurer le meilleur débit au moment de la connexion (même si ce n'est pas le plus court), mais celui-ci reste figé jusqu'à la fin de celle-ci; il n'y a donc pas besoin de réassemblage, mais le réseau est utilisé avec une moins bonne granularité : la connexion au lieu du paquet.
Avantages obtenus en contrepartie :
Inconvénients additionnels :
Pour schématiser grossièrement,
La première démonstration de Cyclades a eu lieu en 1972. Le réseau fut opérationnel en 1974 mais le financement du projet a été arrêté en 1978 suite à des choix politiques. En effet, celui-ci entrait en concurrence avec Transpac. Le réseau Minitel passa donc par ce dernier, sans d'ailleurs que cela ne change quoi que ce soit pour ses utilisateurs en termes de fonctionnalités.
Il est en revanche surprenant de constater que dans les rapports remis à Hugues de l'Estoile et François Polge de Combret figuraient des indications présentant le fait que les paquets Cyclades arrivent en ordre quelconque (ce qui était parfaitement prévu) comme un " vice de conception " du système. Ceux de Transpac arrivant par construction même dans l'ordre de leur émission, ce système fut préféré. S'il est exact que cela permit de simplifier les points d'accès au réseau (points d'assemblage et désassemblage PAD', ou points d'accès vidéotex PAVi) en les dotant de moins de mémoire — très onéreuse à l'époque — le taux d'utilisation des lignes ne s'en trouvait en revanche pas amélioré, amenant à dépenser en cuivre ce qu'on économisait en silicium. L'évolution des coûts respectifs de chacun de ces deux ingrédients révèlera après coup ce choix malheureux sur le moyen terme.
Aujourd'hui (2004), avec les baisses des coûts de lignes dues à la fibre optique - bien plus rapides (-80% par an sur 1995-2005) que celle des composants silicium (-40% par an)-, les avis sont en revanche partagés.
L'infrastructure de Transpac a par ailleurs changé depuis cette époque, ce dernier réseau utilisant en interne du relais de trames demandant bien moins de contrôles intermédiaires (car la fiabilité des lignes a elle aussi nettement augmenté) et n'ayant conservé le X. 25 que pour ses interfaces chez ses clients.
Cyclades a été conçu et dirigé par Louis Pouzin. Ce projet a mis en œuvre plusieurs techniques reprises peu après par Internet.
Les décideurs et préparateurs de cette décision ont été, outre Hugues de l'Estoile et François Polge de Combret, Jean-Claude Pelissolo et Michel d'Ornano.