Pour la première fois, le général Barrientos, président de la Bolivie, a évoqué dimanche le sort de M. Régis Debray. le jeune universitaire français accusé de collaboration avec les guérilleros qui ont fait leur apparition en Bolivie au mois de mars dernier. " Régis Debray est un aventurier venu en Bolivie pour porter le deuil dans les familles boliviennes, a déclaré le général. C'est en Bolivie que se termineront ses aventures. "
Cette brève déclaration du général Barrientos, faite au lendemain de l'arrivée à La Paz de Mme Alexandre-Debray, conseillère municipale indépendante de Paris et mère de M. Régis Debray. revient à préjuger les décisions que rendra le tribunal militaire devant lequel comparaîtrait cette semaine M. Régis Debray. Les déclarations du président de la République bolivienne n'apportent d'autre part aucune précision sur les faits qui sont reprochés à M. Régis Debray.
Arrêté en compagnie de deux journalistes, l'un argentin, l'autre chilien d'origine britannique, M. Debray ne semble pas avoir pris part aux combats que livrent les guérilleros contre l'armée bolivienne. Il serait d'autre part accrédité par un hebdomadaire de l'opposition mexicaine, Sucesos. Il n'a pas été présenté à un juge d'instruction, n'a pas pu recevoir l'assistance d'un avocat et est toujours maintenu au secret. M. Dominique Ponchardier. ambassadeur de France à La Paz, n'a pas pu le rencontrer malgré ses démarches. On ne sait pas encore si les autorités boliviennes permettront à Mme Alexandre-Debray de rencontrer son fils. A son arrivée à La Paz, samedi, celle-ci a annoncé qu'elle demanderait une entrevue au général Barrientos. La veille, cependant, le président de la République avait quitté la capitale pour une tournée d'inspection dans la zone des guérillas, où serait toujours détenu M. Régis Debray, dans le sud-est du pays.
Tandis que le général Barrientos ignorait le principe selon lequel tout accusé est présumé innocent jusqu'à ce qu'ait été fournie la preuve de sa culpabilité, le vice-président de la République bolivienne tenait à Genève des propos beaucoup plus conformes au droit. " Si le jeune Régis Debray peut établir sa qualité de journaliste, sans participation active aux opérations de guérilla, il sera libéré. S'il est prouvé, en revanche, au cours de son procès qu'il a été un élément actif dans l'organisation ou la conduite des opérations de guérilla, alors, bien sûr, il devra encourir les rigueurs de la loi. Il en serait de même si un Bolivien se livrait en France à une activité subversive. "
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