Transport : C’est officiel, à Paris, le vélo met l’auto dans le rétro

C’est un signe qui ne trompe pas, malgré la pluie et le temps grisâtre des dernières semaines : les pistes cyclables de la capitale ne désemplissent pas. Une impression visuelle confirmée par les compteurs de Paris en selle, qui montrent une fréquentation supérieure à la moyenne constatée au mois de mars depuis un an.

Progressivement, la ville poursuit sa révolution. Et les défenseurs de la pédale peuvent se réjouir : ce jeudi, une nouvelle enquête montre que le vélo est désormais davantage utilisé que la voiture pour les déplacements dans Paris.

34,5 millions de déplacements par jour en semaine

C’est l’Institut Paris Région (IPR), l’agence régionale d’urbanisme et de l’environnement, qui a publié sa première enquête mobilité par GPS (EMG). À la demande d’un consortium de quatorze partenaires publics et privés, parmi lesquels la région, Île-de-France Mobilités, les quatre départements de la grande couronne, la ville de Paris, la RATP ou encore la SNCF, l’IPR avait pour mission de récolter des données afin « de diversifier la connaissance de la mobilité des Franciliens un an et demi après la fin de la pandémie de Covid-19 ».

On apprend d’abord que, en 2023, en moyenne, 34,5 millions de déplacements ont été enregistrés par jour ouvré en Île-de-France (contre 29 millions le samedi et 19 millions le dimanche), pour un nombre moyen de 3,8 trajets par personne au quotidien.

Le travail, premier motif de mobilité

Le temps de déplacement, tous motifs et modes confondus, est en moyenne de 92 minutes par jour en semaine (67 minutes le samedi et 49 minutes le dimanche). Des déplacements principalement justifiés par le travail, qui représente 39 % des déplacements et 50 % du temps de transport d’un jour ouvré, pour une durée moyenne de 38 minutes.

Si la voiture personnelle reste le moyen de se déplacer le plus utilisé dans la région (34 %) devant la marche (30 %) et les transports en commun (26 %), c’est notamment en raison de sa très grande prépondérance en grande couronne, du fait des distances plus longues et de la moindre densité de transports en commun.

Le vélo met l’auto dans son rétro

Dans la capitale, la place de la voiture est plus réduite, puisqu’elle ne représente que 4,3 % des déplacements intra-muros. Ce qui représente nettement moins que la part de ceux réalisés… à vélo (11,2 %) ! Une évolution probablement due aux changements de comportements constatés depuis la sortie du Covid-19, la prise de conscience climatique mais aussi, sans doute, à la politique de la ville, qui encourage ce mode de transport (pistes cyclables, aides à l’achat) au détriment de la voiture (prix du stationnement des SUV, réduction des places de stationnement, voies à sens unique, etc.)

Un véritable bon pour l’usage du vélo, qui représentait moins de 3 % des trajets à Paris en 2010 selon une étude du même Institut Paris Région publiée en 2019. Cette progression ne devrait pas s’arrêter. Car si la dernière étude de l’IPR porte sur la période d’octobre 2022 à avril 2023, selon le système de comptage de la mairie de Paris, la fréquentation des pistes cyclables a doublé entre octobre 2022 et octobre 2023.

La petite couronne n’a jamais été aussi proche à vélo

Un changement d’usage qui ne concerne pas que les Parisiens puisque le vélo (14 %) dépasse les autos (11,8 %) également dans les échanges entre la capitale et la petite couronne. Un écart encore plus important à l’heure de pointe du matin (entre 8 heures et 9 heures) avec 18,9 % de déplacements à bicyclette contre seulement 6,6 % en voiture. Ceux qui doivent passer une porte de la capitale à 8h30 comprennent ce choix.

Les échanges entre Paris et les communes voisines pourraient s’intensifier avec le plan Vélo métropolitain de la Métropole du Grand Paris adopté en juillet 2021. Il vise à établir neuf lignes desservant 70 communes métropolitaines pour 215 kilomètres d’aménagement cyclables. A ce jour, près de 60 % de ces lignes sont déjà fonctionnelles.

Le succès de « la petite reine » s’accompagne d’une plus grande variété des modes de transports utilisés par les Franciliens. Auparavant plus habitués à utiliser les transports en commun ou la voiture, ou à marcher, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour le multimodal pour se déplacer : 25 % des actifs utilisent deux modes de déplacement différents d’un jour sur l’autre.