On n’avait pas vu ça depuis des années ! Sur les dix modèles les plus populaires dans l’Hexagone au premier trimestre 2024, trois étaient fabriqués en France, contre un seul en 2023. Cocorico ? Pas forcément, quand même. L’auto la plus prisée en France demeure en effet la Peugeot 208 (6,4 % du marché total sur les trois premiers mois de 2024, d’après la Plateforme automobile française), assemblée à Saragosse (Espagne), une ancienne usine Opel, et à Kenitra (Maroc). Elle est suivie de la Renault Clio (5,2 %), fabriquée à Bursa (Turquie) et Novo Mesto (Slovénie), la Dacia Sandero (4,8 %) montée à Tanger et Casablanca (Maroc) et la Citroën C3 (3,9 %) à Trnava (Slovaquie). Les petits SUV Peugeot 2008 (2,9 %) et Renault Captur (2,6 %) proviennent tous deux d’Espagne, de Vigo et Valladolid respectivement.
Lire aussiL'auto "made in France" fout le camp
C’est à la septième place qu’apparaît la première made in France, la Peugeot 308 (2,6 %), avec une fabrication à Mulhouse (Haut-Rhin). Les deux autres concernés la suivent de près, aux huitième et dixième rangs. Il ne s’agit toutefois pas de véhicules de marques françaises. Ce sont deux Toyota, la citadine Yaris (2 % du marché) et le mini-SUV Yaris Cross (1,8 %), assemblés sur le site du japonais à Valenciennes (Nord). Entre les deux nippones s’intercale le Dacia Duster (1,9 %), produit à Pitesti (Roumanie).
Le Toyota Yaris Cross est le modèle le plus produit dans l’Hexagone (200 000 exemplaires en 2023). Crédit: DR
15 % seulement du Top-100
En élargissant encore, on est loin de la réindustrialisation souhaitée par Emmanuel Macron. Sept modèles seulement sur les cinquante premières ventes en France au premier trimestre 2024 y ont été industrialisés. Dans le « Top-100 », le pourcentage de voitures assemblées sur le territoire national se monte à 15 % à peine.
Lire aussiRenault promeut le « made in France », mais… la France automobile se désindustrialise
En Europe (28 pays), sur les 25 modèles le plus vendus (en janvier 2024), deux seulement ont été fabriqués sur des chaînes en France, selon le compilateur de données JATO. Il s’agit là encore de… deux Toyota (Yaris Cross, troisième) et berline Yaris (onzième). Et encore, dans ce dernier cas, la grande majorité des véhicules sont produits désormais à Kolin (République tchèque), l’usine de Valenciennes s’étant spécialisée dans le SUV Yaris Cross à plus haute valeur ajoutée.
Premier site tricolore
Bref, c’est Toyota qui, finalement, sauve la production tricolore. Paradoxal. Valenciennes a d’ailleurs été le premier site auto français l’an dernier (273 788 unités, +7 %). Et c’est son Yaris Cross qui est le modèle le plus produit dans l’Hexagone (200 000 exemplaires, +24 %).
Lire aussiQuand le succès de Renault influence les choix de Toyota
Malgré la production du japonais, l’Hexagone n’a assemblé au total qu’un peu plus de 1,5 million de véhicules l’an dernier, contre 3,66 en 2004. Et le déficit commercial auto plonge en conséquence chaque année un peu plus pour la filière automobile tricolore. Il a atteint un creux historique de 20 milliards d’euros l’an dernier.