Kering débauche chez Louis Vuitton. Le groupe français de luxe a annoncé, jeudi 11 avril, la nomination de Stefano Cantino au poste de directeur général adjoint de Gucci, sa filiale présidée par Jean-François Palus. A l’été 2023, ce proche de François-Henri Pinault, PDG et actionnaire majoritaire de Kering, avait été envoyé à Milan pour « renforcer les équipes et les opérations de Gucci, préparer ses équipes dirigeantes et son organisation » après le départ de Marco Bizzarri, son PDG depuis 2015.
M. Cantino est un Italien de plus dans l’organigramme dessiné par M. Pinault pour restructurer la marque, dont les ventes représentent près de la moitié de l’activité mondiale de Kering (19,5 milliards d’euros en 2023). Ancien de chez Prada, où il a été directeur marketing stratégique, après une carrière de vingt ans, ce cadre expérimenté occupait le poste de vice-président de la communication et de l’image chez Louis Vuitton, première marque mondiale de luxe détenue par le groupe LVMH.
Il sera sous la direction de l’Italienne Francesca Belletini, promue à Paris, en juillet 2023, au poste de directrice générale adjointe des marques du groupe Kering. Sa prise de fonctions est prévue sans attendre, dès le 2 mai. Chez Louis Vuitton, il est immédiatement remplacé par un publicitaire, Blake Harrop, spécialiste des réseaux sociaux.
Crise de transition sévère
En tandem avec M. Palus, M. Cantino aura la « responsabilité de définir et mettre en place la stratégie de la marque », précise Kering, par communiqué. La situation est urgente, la tâche est grande, et l’opération coûtera cher. Kering espère relancer les ventes de Gucci, qui ont atteint le pic de 10,3 milliards d’euros en 2022, après 15 % de croissance par rapport à 2021, par la grâce des collections d’Alessandro Michele.
Directeur artistique entre 2015 et fin 2022, le créateur transalpin était parvenu à devenir la coqueluche des jeunes consommateurs de mode, notamment les Chinois. A tel point que, sans toutefois dévoiler d’échéance, la filiale de Kering prétendait atteindre 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 40 % de marge opérationnelle.
Cependant, depuis le départ de M. Michele et son remplacement par le Napolitain Sabato de Sarno, un inconnu venu de chez Valentino, la marque italienne traverse une crise de transition sévère. En 2023, l’activité de Gucci s’est contractée de 6 %, pour s’établir à 9,9 milliards d’euros. Sa chute s’avère désormais vertigineuse. Au cours du premier trimestre 2024, les ventes sont « en retrait de près de 20 % », a averti le groupe par communiqué, fin mars, un mois avant la date de publication officielle du chiffre d’affaires des trois premiers mois de l’année.
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