Découvrez comment se déploie l'un des plus grands réseaux smart city LoRaWAN d'Europe

Découvrez comment se déploie l'un des plus grands réseaux smart city LoRaWAN d'Europe Un réseau privé LoRaWAN est déployé à grand rythme pour couvrir toute l'Ile-de-France d'ici début 2027 au plus tard pour favoriser la mise en œuvre de projets de territoires connectés et durables.

Porté par trois syndicats mixtes associés, le projet de réseau privé en LoRaWAN en Ile-de-France se veut l'un des plus grands projets smart city d'Europe. Son objectif : couvrir entièrement la région avec quelque 3 000 gateways, ou antennes, d'ici début 2027. "Les projets smart city ne sont pas récents mais il y a peu d'autres démonstrateurs que celui d'Issy-les-Moulineaux dans la région en raison des coûts récurrents de connectivité. Or, les usages apparaissent d'eux-mêmes quand un réseau bas débit est présent. La priorité est donc d'aller vite, pour industrialiser le déploiement et favoriser l'essor des services", explique Rachid Adda, directeur général du syndicat mixte Val d'Oise Numérique et du GIPC (Groupement d'intérêt économique d'Infogérance Publique Communautaire) qui coordonne cette initiative publique d'envergure régionale.

"Il ne faut pas penser les projets par ville ou par département, mais directement à l'échelle de la région"

Le Val d'Oise Numérique a initié le projet il y a déjà quatre ans, en 2018. "Il ne faut pas penser les projets par ville ou par département, mais directement à l'échelle de la région", affirme Rachid Adda, persuadé qu'il s'agit de l'une des clés pour "embarquer les petites collectivités". Il a donc fait appel à la région, qui lui a recommandé de s'associer à d'autres syndicats franciliens. Les trois syndicats mixtes Val d'Oise Numérique, Essonne Numérique et Seine-et-Marne Numérique se sont ainsi associés dans ce projet mais le projet n'a pas été retenu dans le cadre de l'Appel à projets PIA 4. "Cela nous a fait perdre deux ans sur notre calendrier", regrette Rachid Adda, qui n'a pu mener un projet pilote qu'en 2022.

Quoi qu'il en soit, le projet est désormais sur les rails. Pour mener à bien ce déploiement réseau de grande ampleur, le GIPC collabore avec trois sociétés : L'éditeur de logiciels IoT français Requea se charge du cœur de réseau, le spécialiste du comptage en eau et chauffage connecté Ocea fournit le matériel et l'intégrateur français Sogetrel est mandaté pour l'installation. Le groupe a souhaité privilégier un réseau privé pour en avoir la maîtrise totale. "L'autonomie et l'indépendance vis-à-vis des opérateurs sont les critères de choix des collectivités dans leur choix d'un réseau privé", confirme Olivier Hersent, fondateur et PDG d'Actility, entreprise française experte des réseaux LPWAN qui opère quatre millions de capteurs actifs dans le monde.

400 gateways dans le Val d'Oise

Plus de 400 gateways ont d'ores et déjà été installées dans le Val d'Oise, pour un budget de 3,8 millions d'euros. "Pour que cela soit plus rapide, nous privilégions les sites publics, en commençant par les collèges et lycées", indique Rachid Adda. Ainsi, les 200 établissements scolaires du département seront tous équipés en septembre prochain. A Sarcelles, les cinq collèges et les trois lycées détiennent une antenne sur leur toit. "Ce projet représente un réseau très dense. Nous avons d'abord réalisé une étude de couverture puis analysé les meilleurs points d'accroche et d'alimentation électrique. Les objets connectés sont ensuite configurés", détaille Bertrand Blaise, directeur de la division So'Cities Territoires Connectés & Durables & Electro-Mobilités chez Sogetrel.

L'intégrateur installe une à deux gateway par jour. "Cela requière une grande coordination avec les responsables des bâtiments publics, les interventions doivent être planifiées rapidement mais en fonction de la disponibilité des occupants", confie Bertrand Blaise. L'Essonne a emboîté le pas au Val d'Oise pour mener son déploiement simultanément, tandis que la Seine-et-Marne, département le plus grand des trois, suivra par la suite.

Trois gateways pour un capteur

Le principal défi à relever par Sogetrel concerne la qualité de service du réseau. Le cahier des charges impose qu'un capteur connecté soit vu, c'est-à-dire que ses données puissent être reçues, par trois gateways. "Les gateways doivent assurer à la fois une couverture indoor et outdoor. Le challenge est d'effectuer une étude fine de la couverture pour le deep-indoor, pour les usages de télérelève en sous-sol", raconte Bertrand Blaise. Sogetrel doit veiller à la robustesse du réseau, c'est-à-dire à la disponibilité des antennes et à leur redondance. Si le Val d'Oise est un département au relief assez plat, Sogetrel est confronté à des bâtiments hauts dans l'Essonne qui peuvent engendrer des zones d'ombre dans la réception. "A cette échelle, les problématiques sont similaires à celles des opérateurs publics", prévient Olivier Hersent.

"Les données sont chiffrées jusqu'à l'hyperviseur et tout passe sur de la fibre noire"

La cybersécurité du réseau est quant à elle gérée directement par le GIPC. "Les données sont chiffrées jusqu'à l'hyperviseur et tout passe sur de la fibre noire (une infrastructure à fibres optiques installée mais encore inutilisée. Val d'Oise Numérique a installé 10 000 km de fibre optique sur son territoire, ndlr). Elles sont ensuite stockées dans notre data center public mutualisé", évoque Rachid Adda, qui avait poussé à la création d'un datacenter souverain en Ile-de-France en 2020.

A terme, le réseau LoRaWAN construit servira à l'offre d'une douzaine de services, en premier lieu à la performance énergétique des bâtiments. "La demande vise des services permettant de réduire l'empreinte carbone", observe Bertrand Blaise. La gestion de l'eau et de l'éclairage public font également partie des usages forts mis en place à partir des réseaux LoRaWAN (lire notre article Les 5 atouts du LoRaWAN qui expliquent l'engouement des collectivités). De nouveaux usages innovants pourraient voir le jour et inspirer d'autres territoires. Par l'IoT, l'Ile-de-France compte faire figure de modèle en Europe.