Saint-Ouen-sur-Seine, 1er mars 2030. « Bravo à tous ! On a fini pour ce soir. Pensez à vous étirer et à boire beaucoup. Je veux que vous soyez en forme demain. Il y aura une surprise ». Un peu ralentis par la fatigue, les visages rougis par l’effort mais les yeux pétillants de fierté, la trentaine d’adolescents se disperse aux quatre coins de la salle, qui pour récupérer un vêtement, qui pour ramasser une gourde ou une corde à sauter avant de rejoindre les vestiaires. Ils viennent s’entraîner au Social Sport Club des Quinconces après les cours. Certains fréquentent le collège Dora Maar, en haut de la rue, et la plupart habitent à moins de 10 minutes à pied de la salle, à Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, ou sur l’Ile-Saint-Denis, de l’autre côté de la passerelle qui enjambe la Seine, quand ils ne résident pas directement dans l’un des immeubles situés juste au-dessus.
« En général, quand le coach annonce une surprise, c’est qu’on va avoir la visite d’un grand sportif. C’est génial quand ils nous partagent leur expérience, ça motive. » sourit Léna en franchissant les immenses baies vitrées du club qu’elle fréquente depuis que sa famille a emménagé dans un appartement des Quinconces, en janvier 2026. À l’intérieur, déjà, un nouveau cours de boxe commence, réservé aux adultes cette fois.
Le sport en héritage
Immense espace de 1 700 mètres carrés qui dialogue directement avec la Seine et la promenade plantée, le Social Sports Club a été imaginé pour que les futurs habitants et usagers puissent se rencontrer et continuer à vibrer au rythme du sport après les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. L’ambition était de répondre aux besoins des habitants de Seine Saint-Denis, de créer une convivialité grâce à un lieu inédit, où des sportifs de haut niveau pourraient venir s’entraîner, et qui proposerait des offres pour les jeunes, les salariés de l’immeuble de bureau, les étudiants.
Les parties prenantes du projet ont aussi relevé le défi de la réversibilité : si le quartier devait prendre durablement vie après les Jeux, il fallait également qu’il soit confortable pour les athlètes et para-athlètes. L’ensemble des surfaces a donc d’abord été proposé dans une configuration Village Olympique e Paralympique pour Paris 2024 : les rez-de-chaussée accueillant alors toutes les activités support pour les sportifs : salles de kiné, laveries, conciergerie, etc. « Vous imaginez ? En 2024, plein d’athlètes ont été logés ici, y compris dans l’immeuble de bureaux ! », raconte Léna. Quand on est arrivés, on nous a raconté que beaucoup de cloisons avaient été démontées, même des salles de bains et des toilettes et que dans notre appartement, il y avait une chambre de plus. Vous vous rendez compte ? Des sportifs célèbres ont dormi dans notre salon ! » Des bâtiments conçus pour vivre plusieurs vies et être facilement adaptés en fonction des usages ? Une réponse intéressante pour faire face à la crise du logement et une première pierre posée pour adapter intelligemment les villes aux conséquences du changement climatique.
Un quartier convivial et solidaire
Avant de rentrer chez elle, Léna passe chercher son jeune frère dans un autre espace en rez-de-chaussée. Deux fois par semaine, il bénéficie d’une aide aux devoirs. « Il est en CM2. Quand il vient, il travaille tout seul, mais dès qu’il a une difficulté, il y a des bénévoles pour l’aider », explique-t-elle en remontant la promenade Césaria Evora vers la rue Ampère. De la musique s’échappe du studio de danse situé dans le prolongement du Social Sport Club. Il fait déjà sombre, les jours sont encore courts en cette période de l’année et l’air est frais, mais le quartier est bien animé. Avant d’habiter ici, Léna ne savait jamais trop comment s’occuper, il n’y avait pas vraiment d’endroit agréable autour de chez elle. Aux Quinconces, il y a toujours quelque chose à faire : se promener au bord de la Seine, faire du sport, se former à la vidéo ou à un meilleur usage des réseaux sociaux dans le Hub des Images, etc.
« Là, c’est l’Ecolab, indique-t-elle quelques minutes plus tard. Au début, j’étais un peu timide, mais maintenant j’ai l’habitude d’y aller : on apporte nos déchets alimentaires, il y a des médiateurs hyper sympas qui nous expliquent à quoi ils servent. Et puis j’ai une copine qui habite dans cet immeuble : ils ont des toilettes spéciales. On ne se rend compte de rien, mais ça permet de tout transformer en engrais. Si si, tout, je vous assure », insiste-t-elle en souriant. Le bâtiment Cycle, qui abrite l’Ecolab au niveau de son rez-de-chaussée, dont les toilettes à séparation permettent le recyclage des urines et des matières fécales, est la figure de proue des innovations qui ont vu le jour grâce au chantier du Village Olympique et Paralympique de Paris 2024.
« Ce que je préfère ici, c’est le balcon et la forêt entre les immeubles. Il y a plein d’oiseaux et le bruit du vent dans les feuilles, j’adore, c’est comme si on sentait la Seine remonter jusqu’à nous ». Depuis l’été 2024, les arbres de la forêt urbaine ont bien poussé, la végétation s’est densifiée. Aux Quinconces, il se murmure que les athlètes et para-athlètes ont bien profité des soirées avec vue sur la Seine !
Vous voulez explorer le Village Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et découvrir tous les secrets des Quinconces ? C’est possible grâce à cette visite virtuelle ludique et pédagogique !
Légende photo principale : À terme, un quartier mixte va naître là où les athlètes du monde entier auront cohabité durant l’été.
Crédit photo : Fleur Mounier (photo) ; UapS / Brenac et Gonzalez (architectes)