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Inventer la chimie moderne au féminin

Dans sa carte blanche au « Monde », le professeur d’histoire des sciences Stéphane Van Damme s’empare de la question de la place des femmes dans le monde scientifique. Et rappelle, qu’au siècle des Lumières, quelques-unes d’entre elles ont grandement collaboré à la promotion de la nouvelle chimie, notamment Marie-Anne Paulze-Lavoisier.

Publié le 17 avril 2024 à 12h00, modifié le 17 avril 2024 à 17h34 Temps de Lecture 2 min.

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Alors que les initiatives se multiplient pour rendre visibles les femmes de sciences, l’histoire des sciences n’est pas en reste. Dès les années 1990, on s’est intéressé aux pionnières, aux femmes savantes comme aux inégalités de genre dans la production scientifique. Largement influencées par une approche d’histoire sociale, ces recherches ont mis en lumière de grandes figures oubliées du XVIIIe siècle, comme la philosophe Laura Bassi, la mathématicienne Maria Gaetana Agnesi, la newtonienne Emilie du Châtelet.

Plus récemment, ce sont les travaux de Mme Thiroux d’Arconville qui ont attiré l’attention des historiens et historiennes des Lumières. Traductrice des Leçons de chymie, de Peter Shaw, en 1759, elle entreprend des recherches sur la putréfaction qu’elle publiera en 1766, mais de manière anonyme. Pour Marc André Bernier et Marie-Laure Girou Swiderski, « la chimie lui servit de modèle pour construire une interprétation globale de la nature qui, au nom de l’inconstance fondamentale des êtres, considère toute chose à partir de son potentiel de transformation » (Madame d’Arconville, moraliste et chimiste au siècle des Lumières, Voltaire Foundation, 2016).

Pour saisir cette pratique discrète des sciences, l’historienne Francesca Antonelli a exploré le rôle de secrétaire scientifique qu’a exercé Marie-Anne Paulze-Lavoisier (Scrivere e sperimentare. Marie-Anne Paulze-Lavoisier, segretaria della « nuova chimica » (1771-1836), Viella, 2022, non traduit). Certes, cette figure bien connue a longtemps été célébrée comme l’une des techniciennes invisibles de la révolution chimique, mais en s’appuyant sur l’analyse des cahiers des expérimentations, l’autrice montre l’importance de ses pratiques de prise de notes. Francesca Antonelli essaie de repenser la place des femmes dans les pratiques de l’assistanat scientifique.

Expériences en plein air

En analysant précisément la collaboration entre Antoine et Marie-Anne Lavoisier après leur mariage en 1771, le livre nous éclaire sur le projet « d’une grande archive de l’expérience » qui consignerait le maximum d’expériences dans le contexte d’une rivalité avec les chimistes britanniques Priestley, Black et Hales sur la chimie de l’air. Choix crucial qui éclaire la stratégie de Lavoisier reposant sur ce défi d’une accumulation.

Ces registres, bien que manuscrits, sont en effet déjà destinés à circuler et à être conservés. Une analyse des différentes « mains » conduit ainsi à distinguer l’écriture du chimiste de celle de sa femme, signalant que cette dernière intervient plus directement dans les « carnets ». Son rôle est aussi celui d’un « éditeur » au sens anglais, rôle essentiel compte tenu de la profusion des expériences et de leur caractère ouvert et inachevé. Les registres intègrent des matériaux hétérogènes comme des « billets », parfois non scientifiques, qui montrent la continuation d’une pratique comptable, mais aussi des notes de synthèse.

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