Quand des pasteurs alsaciens étaient nazis -les DNA et l'Alsace sur le chemin d'une histoire occultée...

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Sud-Ouest, la Dépêche, le Figaro, l'Equipe (hélas sans la Une) se souviennent d'André Boniface, quand le rugby croisait ses passes dans les Landes. Le Monde raconte deux profs de gym qui veulent libérer les élèves du portable, les Echos racontent la politique indienne que l'IA a saisie.

Vous nous parlez d'un pasteur...

Un pasteur luthérien, Paul Frey, que l'on traine sous les crachats avec sa femme et son fils dans les rues de Sélestat sa ville, juste libérée des allemands en 1945, et que l'on force à balayer les rues avec autour du cou une pancarte: « Das habe ich dem Führer zu verdanken» (c'est au Führer que je le dois)... Je lis cette scène de l'épuration, dans les DNA et dans l'Alsace, à propos d'un livre d'un autre pasteur, d'aujourd'hui... Michel Weckel- belle figure intense- qui explore les non-dits de sa région... L'engagement nazi de luthériens alsaciens, de pasteurs, hitlériens en pleine conscience -dans une petite terre où nazis et anti-nazis voisinaient, étaient amis parfois… C'est tout un exercice libérateur que la vérité, même longtemps après, Weckel évoque sa propre famille, raconte comment lui, enfant, éprouvait du dégout à entendre le mot "juif"... Il est publié aux éditions de la Nuée bleue, qui appartiennent aux DNA -et ainsi un très grand journal accompagne les siens dans leur histoire...

Au symétrique de la France, Sud-Ouest ranime un moment précieux, quand le rugby français s'inventait dans les Landes, dans des passes croisées entre Dax et Mont-de-Marsan, ville d'André Boniface, qui fit du poste de trois quart centre le lieu même de la création, parti à 89 ans rejoindre son frère Guy, arraché à leur fusion à la Saint-Sylvestre 1968...

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Chaque mot que vous lisez dans Sud-Ouest ranime des bonheurs minuscules et éternels. le site du journal raconte un bouton de manchette, que Guy Boniface avait arraché à son blazer officiel lors d'une tournée en argentine pour l'offrir à un amoureux du rugby local qui portait le même nom de famille que lui -et ce bouton après des dizaines d'années avait été ramené à André le survivant...

Vous en lisez sur Boni, aussi dans le Figaro, dont le journaliste David Reyrat se souvient qu'il fut un personnage littéraire, que magnifièrent Denis Lalanne, Denis Tillinac, Antoine Blondin, Roger Nimier et Kleber Haedens et leur héritier Sébastien Lapaque : « Qui a oublié ce port de tête, cette élégance col boutonné cette facçon de serrer le ballon contre le coeur ? »

Vous en lisez dans la Dépêche qui se souvient que Geirges Pompidou demanda à Boniface de ne pas changer sa façon de jouer, quand on le chassa de l'equipe de France, et la Dépêche pour Boni ranime un vieux titre de l'Equipe pour le footballeur hollandais Johann Cruijf: « Il était le jeu »...

L’Equipe est forcément sublime, et sublime sont les souvenirs de Richard Escot, journaliste à qui Boniface avait raconté qu'avant les matches il écoutait le choeur des esclaves de Nabucco de Verdi... André Boniface au corps de l'Hermès de Praxitèle, qui rêvait d'un jeu avec des passes à l'infini... Boniface que l'Equipe de toute sa puissance d'alors avait soutenu lors de son éviction du XV de France, organisant une sousciption auprès de ses lecteurs pour l'emmener, lui et son frère, à Naples où nous affrontions l'Italie...

Et c'est pitié qu'après cela l'Equipe s'oublie en ne donnant pas sa Une à Boniface, préférant la facilité mercantile de l'avant avant-match de foot entre Paris et le Barça... Si je t'oublie Boni...

On parle aussi de deux profs...

Monsieur Chapelière et Mme Gauthière, que le Monde raconte et qui enseignent au lycée Jacques Feyder d'Epinay, Seine-Saint-Denis, et qui à l'entrée du gymnase, ils sont profs de gym, collectent les téléphones portables des élèves et relèvent leur temps d'écran, « 4h25 tu as baissé c'est bien, 7h15 tu te relâches, tu as réinstallé TikTok »... Ensuite le cours commence, on fait de la boxe dans ce bahut; nos profs ont décidé de s'attaquer aux portables en 2020 quand ils ont vu les ado revenir accros et gras du confinement, et ces mômes qui disent familièremen du téléphone "je l'utilise tellement trop" et qui ajoutent plus joliment "les réseaux sociaux nous emportent", se désintoxiquent un peu, au fil de l'année scolaire, mais replongent dans les vacances... Le prof est sysiphe, est-il heureux...

J'en lis d'autres des profs, dans la Provence qui titre sur le bannissement -pas vraiment effectif-des portables au colège, et dans le Figaro où des enseignants de français et de lettres ceux-làsemblent les gardiens épuisés de la lecture -la lecture des bons livres... Les classiques et pas seulement... On lit dans nos bahuts le Cid et "Juste la fin du monde" cette pièce de Jean-Luc Lagarce sur les retrouvailles d'un homme condamné avec sa famille...

Mais autour du bahut, en dehors, règnent les écrans les portables -le Figaro fait chorus avec le Centre national du livre dont les statistiques rendraient mécontemporain: les jeunes, je globalise, passent dis fois plus de temps sur leurs écrans que sur les livres... Et sont-ils souhaitables, les livres qu'ils aiment ados, des histoires d'amour façon dark romance imprégnées de relation toxiques. L'école peut-elle encore, par Madame Bovary, faire pièce aux héritiers méchants de la collection Harlequin... La référence ne nous rajeunit guère mais en même temps nous dit que le discours sur le déclin ne date pas des écrans...

Vous pourrez auditeurs amis parents corriger un peu nos impressions funestes en écoutant un chouette podcast de nos cousins du Mouv, mis en ligne l'automne dernier, qui s'intitulait. "Les jeunes et la lecture, une grande histoire d’amour malgré les idées reçues"...

Et on parle enfin d'un mort!

Qui atteste du présent... Un mort mais ressuscité, splendide -Muthuvel Karunanidhi, autrefois ministre en chef de l'état indien du Tamil Nadu, décédé en 2018, mais qui dans un meeting électoral a chanté les louanges de son successeur et fils: "La nation sait comment tu as bataillé pour sauver la vie des gens" a lancé le fantôme charismatique, ramené du néant pour quelques milliers de dollars par un alchimiste de l'intelligence artificielle et du deepfake, ces images animées chouettes comme des vraies...

Et ainsi les Echos nous emmènent dans l'illusion indienne, l'inde qui ce printemps renouvelle ses parlementaires, et où l'intelligence artificielle investit la politique... Donc on ressuscite les anciens dirigeants qui sont plus populaires que les politiciens actuels, on fabrique des films où l'on fait dire à des adversaires ce qu'ils ne disent pas, ou bien, c'est mignon, on fait croire que l'on parle anglais..

Tout ceci est à la fois terrifiant et surréel, le peuple est-il dupe, ou bien accepte-t-on les codes d'une nouvele narration...

En farfouillant sur le web, les Echos ayant titillé ma curiosité, j'ai appris que le premier ministre du Tamil Nadu que papa fantôme a caliné, avait été prénommé Stalin par son géniteur en 1953, et que ce géniteur fantasque avait été écrivain, homme de théâtre, scénariste de films, avant de faire de la politique, de son vivant et au-delà désormais... Peut-être l'Inde, sous l'IA ne fait-elle que se ressembler.

Pendant ce temps Street Press me raconte comment des artistes d’extreme-droite fabriquent des images hyper-réalistes pour illustrer les dangers mortels de l'immigration... L'Opinion à sa Une me dit que l'intelligence articielle risque le black-out, tant elle consomme d'énergie. S'en plaindra-t-on?

L'équipe

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