Derrière la capitaine Joelly Belleka, aucune joueuse n’égale les 28,8 minutes de temps de jeu moyen de Shelby Saint-Juste cette saison à Mondeville. S’il fallait une marque de confiance de Morgan Debrosse à son égard, ce chiffre serait sûrement le meilleur. Malgré des hauts et des bas, l’intérieure a toujours été une joueuse majeure de son équipe dans l’esprit de son entraîneur. « Pourtant, je me suis dit à un moment que Morgan n’allait plus avoir confiance en moi, qu’il devait être déçu de moi », reconnaît celle qui avait évolué sous les ordres de son coach actuel dès la saison 2018-2019 à Ifs.
Un manque de régularité
Douter, c’est une seconde nature chez Shelby Saint-Juste. « Le problème, c’est que je perds confiance« , dit-elle. À la sortie de l’hiver, la jeune femme de 25 ans a enchaîné les prestations moyennes, voire insuffisantes. Pendant un mois, son compteur n’a pas dépassé les six points. Sa meilleure évaluation des cinq matchs disputés dans ce laps de temps ? Un petit quatre.
Mon problème, c’est que je ne suis pas très régulière. J’essaie de changer ça mais je ne sais pas quel est le secret. Je me considérais presque comme une jeune joueuse qui s’entraînait avec les pros.
Shelby Saint-Juste a pourtant quatre années pleines en Ligue 2, sans compter celle-ci, derrière elle. Quand elle était partie une seconde fois de Mondeville, en 2020, elle avait sorti le grand jeu à Calais (13 points et 5,5 rebonds de moyenne). Ses deux saisons à Strasbourg avaient confirmé toute sa place dans l’antichambre de l’élite. Malgré cela, la confiance n’en finit pas d’être une donnée difficile à saisir.
Extrêmement exigeante envers elle
« Le problème de Shelby, c’est qu’elle garde trop en tête seulement certains aspects de ses matchs, observe Morgan Debrosse. Elle va faire un match à quatre points, sept rebonds, avec des bons écrans et une bonne défense, mais parce qu’elle aura fait un 2/7 ou 2/9, elle va s’autopersuader qu’elle a fait un mauvais match. » Shelby Saint-Juste est extrêmement exigeante envers elle, du genre « jamais vraiment contente » de ses prestations.
Des fois, je me remets vraiment beaucoup en question. Ça peut être un frein, mais c’est aussi quelque chose qui m’aide à être meilleure. Mais en vrai, ça va. Je le vis bien quand même (sourire).
Shelby Saint-Juste est une cadre de Mondeville, mais elle se demande si elle ne s’est pas « parfois cachée » derrière ses leaders que sont Joelly Belleka et Ashten Prechtel. « Sans faire exprès, précise-t-elle. C’est bien d’avoir des filles comme ça dans son équipe. Je me dis que j’aimerais bien être aussi efficace qu’elles. »
« Important de ne décevoir personne »
À trop vouloir bien faire, Shelby Saint-Juste en oublie ses propres performances. Elle tourne tout de même à 9,2 points et 6,5 rebonds cette saison.
On me dit que je joue trop pour les autres, mais c’est moi. Je suis aussi comme ça dans la vie. Ça reste important pour moi de ne décevoir personne. Je veux être parfaite pour tout le monde. C’est aussi un défaut, mais c’est mieux qu’avant !
Après un temps faible favorisé par une blessure à la cheville à Nice, le 17 février 2024, Shelby Saint-Juste reste sur deux matchs XXL : 18 points et 18 rebonds contre le Pôle France, 17 points à 9 rebonds à Toulouse. « C’est quelqu’un qui est au service d’un groupe, d’un coach, d’un club, salue Morgan Debrosse. Elle donnera sa vie pour les couleurs qu’elle a sur le dos et pour ses coéquipières et le staff. »
Toulouse réussit à Shelby Saint-Juste
La joueuse formée à Mondeville et revenue cette saison arrive en forme pour les playoffs. « Je suis plus en confiance pour les playoffs qu’il y a trois semaines. Mais je me dis : je dois faire ça au minimum. Il faut absolument que je fasse un bon match pour aider l’équipe. » L’excitation l’emporte toutefois sur le stress avant le quart de finale aller devant Toulouse, équipe contre laquelle Shelby Saint-Juste cumule 34 points et 14 rebonds cette saison.
On a pris goût à la victoire et on n’a pas envie d’arrêter maintenant. On veut aller le plus loin possible. On a fini en force donc les gens croient davantage en nous. On veut continuer dans ce sens et tout gagner.
Quatrièmes de la saison régulière, les Mondevillaises se prennent à rêver d’un destin extraordinaire. En fin de contrat, Shelby Saint-Juste discute avec le club de la suite des événements. « J’aimerais aller en Ligue féminine un jour, dit-elle. Si on peut aller au bout et jouer la montée avec Mondeville, ça serait idéal… »
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