Grande-Synthe : un jeune homme frappé à mort sur un parking, deux mineurs de 14 et 15 ans en garde à vue

Il s’appelait Philippe, avait 22 ans et travaillait dans un centre socio-éducatif. Ce jeune homme est mort des suites de ses blessures, mardi 16 avril, après avoir été roué de coups la nuit précédente sur un parking situé derrière le magasin «Carrefour Contact» de Grande-Synthe (Nord), à deux pas de la mairie.

Une enquête, confiée à la police judiciaire, a été ouverte par le parquet du tribunal judiciaire de Dunkerque pour le crime de «meurtre en bande organisée». Deux mineurs de 14 et 15 ans sont actuellement en garde à vue, indique le parquet de Dunkerque. Ce jeudi soir, l'un des deux mineurs a reconnu l'organisation un «guet-apens» via un site de rencontre, a-t-on appris auprès d'une source proche du dossier. «L'un d'eux a reconnu les faits», a indiqué cette source, précisant que ce guet-apens avait été organisé via le site de discussions gratuit Coco. Les deux agresseurs présumés «seront présentés à un juge d'instruction» vendredi, a indiqué le parquet.

Après son agression, Philippe a été retrouvé inconscient, le visage ensanglanté et défiguré par les coups. Il a été transporté à l’hôpital dans un service de réanimation avec un pronostic vital engagé, avant de décéder quelques heures plus tard.

La victime «présentait plusieurs traces de coups notamment au visage», indique la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, dans un communiqué diffusé ce mercredi. «Une autopsie va être diligentée : seule cette expertise par un médecin légiste permettra de déterminer avec certitude la nature des coups portés et l'éventuelle utilisation d'armes, utilisation pour l'instant non confirmée», précise la procureure.

«Une bande de barbares»

Comment expliquer un tel déchaînement de violence ? D'après les premières investigations, la victime était au téléphone au moment des faits. Plusieurs individus, au moins trois, l'auraient alors abordé pour lui réclamer cet appareil, avant de l'agresser physiquement. Ils auraient dérobé son téléphone portable avant de prendre la fuite.

Le frère de la victime, Kelvyn, a dénoncé auprès de nos confrères de BFMTV une «agression inhumaine». «Je pense que c'est une bande de barbares qui s'amusent à détruire la vie des gens», a-t-il déclaré, ajoutant que son frère a été agressé alors qu’il rentrait chez lui après avoir vu un ami. «On a retrouvé Philippe sur le parking du Carrefour à 150 mètres de chez son ami», poursuit-il. «Il n'avait d'embrouille avec personne. C'était quelqu'un d'aimé, de souriant, il rendait service. Tout le monde l'aimait bien.» «Mon frère, s'il fallait donner son téléphone, il aurait donné son téléphone, sa sacoche», a-t-il affirmé. «Il n'avait pas d'objet de valeur.» Et de cingler : «C'est de la barbarie et il n'y a rien qui justifie une telle agression».

«Philippe travaillait dans un centre socio-éducatif. Il était honnête, généreux, plein de vie, toujours souriant et prêt à aider les autres. Son départ aussi brutal qu'inattendu a laissé une famille inconsolable et dévastée. Nous vous remercions infiniment de votre générosité», indique la famille de la victime qui a ouvert une cagnotte sur Leetchi.

Marche blanche

«Nous sommes aujourd'hui sous le choc... Ne cédons pas à la peur, ni à l'esprit de vengeance. Continuons à défendre le Vivre Ensemble dans notre ville. Continuons à œuvrer pour l'éducation, la bienveillance et la fraternité. Repose en paix Philippe», a réagi sur Facebook Martial Beyaert, le maire de Grande-Synthe.

Une marche blanche aura lieu vendredi en l’honneur de la victime. «Un rendez-vous à 11h, vendredi, devant le lycée du Noordover, où il était lycéen et étudiant. On ira jusqu'au lieu du drame pour observer une minute de silence sur le parvis de la maison communale», a précisé le maire ce mercredi. Cette marche blanche a été décidée par la famille du jeune homme, rencontrée par l’édile.

«Il y a une forte hausse des agressions sur le secteur de Grande-Synthe depuis plusieurs semaines», déplore Marc Alegre, délégué du syndicat de police Un1té pour la zone Dunkerque-Calais. «On est en manque d'effectifs au niveau des services enquêteurs. On le crie depuis des mois et des années. Les dossiers s'accumulent et il y a un sentiment d'impunité de la part des agresseurs», poursuit-il.