Alors qu’elle n’a jamais couru en club dans les catégories jeunes, Aline Jourdain s’y met seule à la trentaine.
« J’ai d’abord couru pour me vider la tête. La course à pied, ça a l’avantage de ne pas être trop chronophage. On dépose les enfants, on fait sa sortie et on les récupère. Ensuite, j’ai trouvé des plans d’entraînement sur internet et j’ai effectué quelques courses dont deux fois le semi-marathon de Rouen et les 10 kilomètres d’Offranville ».
« Je suis très attachée à la liberté »
Mais qu’est-ce qui a donc incité Aline Jourdain à débuter réellement l’athlétisme en club à l’âge de 36 ans ?
Tout est parti d’une rencontre professionnelle au lycée Jehan-Ango, à Dieppe, entre Patrice Rigaud (professeur de mathématiques et actuel secrétaire du Stade Dieppois) et Aline Jourdain (professeur de sciences physiques).
« Lors d’un déjeuner, explique la jeune femme, il m’a proposé de venir découvrir le Stade Dieppois. Comme je suis très attachée à la liberté, il m’a fallu un an avant d’effectuer la démarche ».
Une fois qu’elle a posé le pied au Stade Dieppois et rencontré Philippe Cousin qui allait devenir son entraîneur, c’était parti.
« J’avais déjà remarqué Aline (Jourdain) sur un 10 kilomètres à Offranville, souligne justement Philippe Cousin. Elle avait fait 38 minutes en étant non-licenciée. Il y avait quelque chose à développer… Aline (Jourdain) est arrivée au club juste avant le Covid et je lui ai dispensé bon nombre de séances d’entraînement à distance ».
D’emblée, la nouvelle athlète stadiste perçoit les différences entre ce qu’elle faisait jusqu’alors et ce que Philippe Cousin lui demande de réaliser.
« J’ai découvert les séances de très forte intensité à base de fractionné, mais aussi les séances de récupération effectuées à vitesse très lente. C’était tout nouveau pour moi. Je me souviens que j’avais mal partout le lendemain des séances de vitesse. Mais j’ai appris à aimer ça ».
« En un an, je suis passée de 38 à 36 minutes sur 10 km »
Philippe Cousin lui structure ses entraînements et amène de la rigueur dans le travail effectué.
Les résultats arrivent rapidement.
« En l’espace d’un an, je suis passée de 38 à 36 minutes sur 10 kilomètres », reprend Aline Jourdain.
Elle devient aussi vice-championne de France de cross en 2021 chez les Masters 0.
Les entraînements se répètent et les chronos sont de plus en plus bas.
« Je suis une compétitrice et je pratique l’athlétisme pour effectuer les chronos les plus bas » explique encore celle qui court toujours après le temps.
C’est cet état d’esprit qui explique pourquoi l’entente est aussi bonne avec Philippe Cousin, l’homme au chrono vissé dans la main.
Il connaît toutes ses performances par cœur, au centième de seconde près.
« Aline (Jourdain) s’est adjugé le record de Normandie du 1 500 mètres en salle chez les Masters 1 avec un chrono de 4’35 »67, souligne-t-il. Et son 34’53 » sur le 10 kilomètres d’Elbeuf avec beaucoup de vent est également très intéressant ».
« Je cours pour gagner des secondes et des places »
Après avoir été contrainte à l’arrêt l’an dernier en raison d’une fracture de fatigue, Aline Jourdain est revenue encore plus forte depuis quelques mois.
« J’avais tendance à manger de moins en moins et ce n’était pas une bonne chose. Je dois être vigilante à ne pas tomber dans l’excès. J’ai repris 2 kilos et je suis plus rapide que l’an dernier ».
Pour preuve, les chronos énoncés et sa saison de cross époustouflante (championne de Seine-Maritime de cross long au scratch, vice-championne de Normandie de cross court au scratch, 3e des championnats interrégionaux en Masters 1 et 4e des championnats de France en Masters 1).
Elle vient d’y ajouter un podium en devenant vice-championne de France Master 1 du 10 kilomètres dimanche sous la chaleur de Roanne.
Tout cela s’obtient après de nombreux entraînements effectués notamment sur l’Avenue Verte, parfois avec Philippe Cousin qui l’accompagne à vélo.
« Je cours pour gagner des secondes et des places, conclut Aline Jourdain. J’y parviens grâce à la bonne compréhension de mon mari et de mes deux enfants parce que ça demande forcément beaucoup de temps ».
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