HoloSolis, le consortium européen qui veut produire 10 millions de panneaux photovoltaïques

Le fabricant veut construire à Hambach (Moselle) la plus grande gigafactory européenne de modules photovoltaïques. 850 millions d'euros sont investis dans cette usine opérationnelle en 2027.
HoloSolis promet la production annuelle de 10 millions de panneaux solaires photovoltaïques.
HoloSolis promet la production annuelle de 10 millions de panneaux solaires photovoltaïques. (Crédits : DR)

HoloSolis veut accélérer son projet d'implantation en Lorraine. Un mois après l'arrêt de la production de panneaux photovoltaïques du principal concurrent Meyer Burger à Freiberg (Allemagne) pour cause de « distorsion du marché en Europe », l'industriel français a déposé le 12 avril à Sarreguemines (Moselle) sa demande de permis de construire pour « la plus grande usine de panneaux et de cellules photovoltaïques en Europe ».

Annoncé en mai 2023 à l'occasion de Choose France, HoloSolis prévoit 850 millions d'euros d'investissement et 1.900 créations d'emplois, pour une capacité de production annuelle de 10 millions de panneaux photovoltaïques à partir de 2027. « Nous allons rendre un million de foyers indépendants chaque année », promet Jan Jacob Boom-Wichers, son président.

50 hectares viabilisés, clés en mains

L'étape administrative du permis de construire, instruit par la communauté d'agglomération de Sarreguemines Confluences, apparaît comme un signal envoyé aux investisseurs sur un marché fragilisé par la concurrence chinoise. Deux parcelles de 35 hectares et 15 hectares ont été mises à disposition d'HoloSolis par la collectivité, viabilisées et prêtes à l'emploi.

L'arrivée d'HoloSolis à Hambach sera confrontée à trois obstacles majeurs : la saturation du marché, le financement de l'usine et l'accès aux ressources humaines. « Le problème est une offre excédentaire de modules solaires photovoltaïques subventionnés, importés de Chine. À l'heure actuelle, on estime qu'il y a un stock de 140 à 170 millions de modules photovoltaïques dans les ports et les entrepôts européens », rappelle Zygimantas Vaiciunas, directeur politique du Conseil européen de l'industrie solaire (European Solar Manufacturing Council, ESMC). « Cette offre excédentaire est le résultat d'une stratégie agressive de l'industrie chinoise, qui a entraîné un effondrement des prix des modules et laissé les fabricants européens de modules photovoltaïques avec d'importants stocks invendus ».

Les espoirs du règlement NZIA

Jan Jacob Boom-Wichers ne partage pas cette inquiétude. « Le règlement européen NZIA pour une industrie zéro net imposera que 40 % des panneaux installés en 2030 soient d'origine européenne. Le NZIA crée le marché viable dont nous avons besoin », estime le dirigeant.

Le financement d'Holosolis reposera sur les cinq actionnaires initiaux du projet, présents depuis 2023. « Le financement additionne des fonds propres des actionnaires, de la dette bancaire et des subventions françaises et européennes. Nous démarrons notre première levée de fonds en série A, avec InnoEnergy comme actionnaire majoritaire », annonce Jan Jacob Boom-Wichers. InnoEnergy se présente comme le plus gros incubateur d'énergies renouvelables en Europe avec le soutien d'Engie, Schneider, Siemens et Total. « InnoEnergy s'apprête à renouveler dans le photovoltaïque la démarche qu'il a déjà initiée dans les gigafactories de batteries », espère Jan Jacob Boom-Wichers.

Les quatre autres investisseurs potentiels apparaissent comme des spécialistes industriels du photovoltaïque. « Le promoteur IDEC a déjà aidé plus de 200 projets à sortir de terre, dont Verkor et Northvolt. TSE est impliqué dans le développement de centrales agrivoltaïques. Le groupe breton Armor est spécialiste des couches minces. Enfin, l'allemand Heraeus, un groupe technologique discret malgré ses 19.000 salariés, est spécialisé dans les métiers à vase de métaux précieux », commente Jan Jacob Boom-Wichers.

Marché de l'emploi tendu

Reste la question de l'implantation sur le territoire mosellan. Comment accueillir une gigafactory de 1.900 salariés dans un bassin d'emploi où le taux de chômage, contenu à 6,5 % au quatrième trimestre 2023, promet d'évidentes difficultés de recrutement ? HoloSolis se situerait à portée de vue de l'usine automobile Ineos Grenadier, dont les 1.600 salariés s'étaient retrouvés en difficulté en 2020 après la mise en vente par Mercedes, son ancien propriétaire, de l'usine de la micro-citadine Smart. « Nous n'irons pas chercher activement nos salariés chez nos voisins », promet Jan Jacob Boom-Wichers.

Des opportunités de recrutement seront observées de l'autre côté de la frontière, en Allemagne. En Sarre, l'équipementier automobile ZF Friedrichshafen prévoit de se séparer de deux tiers de ses effectifs d'ici 2030. Son usine, proche de Hambach, occupe 2.500 frontaliers, venus de Lorraine et d'Alsace. Le constructeur automobile Ford, qui produit son modèle Focus à Sarrelouis (3.750 salariés), va cesser lui aussi son activité en 2025.

« Nous avons démarré le recrutement de la Core Team, l'équipe de démarrage qui comprend la direction technique, les opérations, les finances, le commercial et les affaires publiques », annonce Jan Jacob Boom-Wichers. A court terme, l'équipe d'HoloSolis sera constituée d'une cinquantaine de personnes, salariés et consultants, installés dans les bureaux à Sarreguemines et à Paris.

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