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INTERVIEW – Kauli Vaast : “Le jour où j'ai compris que le surf serait ma vie“

La rédaction | à 09h50 - Mis à jour le lun. 15 avril 2024 à 14h22

INTERVIEW – Kauli Vaast : “Le jour où j'ai compris que le surf serait ma vie“

Il a 22 ans et compte bien remporter la première médaille d’or olympique de l’histoire des Jeux pour la Polynésie. Ambassadeur de la maison Dior Men, Kauli a grandi dans le sillage de l’icône Kelly Slater et devrait tirer avantage de surfer à domicile. Sans vague à l’âme. Denis Brogniart l’a rencontré à Paris. PAR DENIS BROGNIART.

Une gueule d'ange, des yeux couleur lagon, le surfeur Kauli Vaast va disputer les Jeux olympiques à Tahiti sur la redoutable vague de Teahupoo qu’il tente de dompter depuis l’enfance. C’est dans l’effervescence parisienne qu’il s’est posé quelques heures pour nous répondre avant de s’envoler pour la Polynésie.

GALA : Tu te souviens de tes débuts en surf ?
KAULI VAAST
: Oui bien sûr, j’étais tout gamin, je ne savais pas encore nager, j’avais des brassards pour flotter et mon père m’emmenait sur sa planche après l’école. J’ai tout de suite accroché, c’était magique. Ensuite, je me suis lancé seul et j’ai disputé ma première compétition à 8 ans, je me souviens d’ailleurs de l’avoir gagnée. C’était sur de petites vagues car, à l’époque, j’étais effrayé par le monstre de Teahupoo. C’est ce jour-là que j’ai compris que le surf serait ma vie. Dans mes souvenirs d’enfant, je me remémore aussi cette rencontre impromptue avec la légende de la discipline, Kelly Slater, onze fois champion du monde. J’avais 12 ans et je me suis jeté dans de grosses vagues afin de lui serrer la main. J’en ai été quitte pour une belle frayeur, car j’ai bien cru me noyer. Quand je pense que des années plus tard, je l’ai battu, lui, le boss, lors du Tahiti Pro en 2022…

GALA : Tu es né à Tahiti et pourtant tu n’es pas polynésien d’origine.
K. V.
: Non, mon père vient du nord de la France, de Berck- sur- Mer précisément, et ma mère est originaire de Nouvelle-Calédonie. Ils se sont rencontrés à Hawaï avant de partir à Tahiti où ma mère est arrivée comme monitrice de voile. Mais moi, je me considère polynésien.

GALA : Que signifie ton prénom en hawaïen ?
K. V
. : Kauli veut dire « celui qui va dans l’océan », presque un prénom prédestiné.

GALA : Tu te rends compte de la chance que tu as de disputer les Jeux olympiques chez toi ?
K. V.
: C’est incroyable, j’habite à trois minutes en jet-ski du site des JO, c’est à deux petites baies de la maison. Toute la famille surfe, mes parents, ma soeur, mon frère… C’est le paradis là-bas, j’ai conscience de vivre actuellement le meilleur moment de ma vie. La vague de Teahupoo, je la pratique tous les jours, j’aime la défier dans toutes les conditions, en compétition ou pas. C’est mon terrain de jeu favori. Et ce qui est sympa, c’est qu’avant les épreuves, je passerai chez moi faire un bisou à mes proches. Qui a cette chance ? Très peu d’athlètes. A moi de profiter du fait de bien connaître les lieux et de prouver que mes habitudes me donneront un avantage de surfer à domicile. C’est aussi une formidable opportunité, une vraie publicité pour la Polynésie qui va être vue dans le monde entier.

GALA : Tu rêves du titre olympique ?
K. V.
: C’est mon objectif ultime, la chance de ma vie. Alors forcément, ça occasionne chez moi un surplus de stress, mais c’est ce que j’appelle du stress positif qui motive et non qui paralyse. J’essaie de continuer de m’amuser à l’entraînement, c’est comme ça que j’ai l’impression de progresser. Et je sais que je peux remporter la première médaille d’or olympique de l’histoire des Jeux pour la Polynésie.

GALA : Es-tu sensible à l’écologie ?
K. V.
: Oui bien sûr, même si mon bilan carbone n’est pas bon car je voyage beaucoup pour me rendre sur les sites des différentes compétitions. Mais je n’ai pas le choix. Néanmoins, chez moi à Tahiti, je milite pour la préservation des coraux et je participe très régulièrement à la collecte des déchets en mer. Je suis un témoin du réchauffement climatique et de la pollution. On constate notamment la montée des eaux, la mer étant au fond de mon jardin !

GALA : Comment gères-tu la cohabitation avec les nombreux requins quand tu surfes ?
K. V.
: Je les redoute car leurs réactions sont souvent imprévisibles. Il m’arrive d’en voir quand je suis sur ma planche. Mais je les admire aussi. Les requins me fascinent. Ce sont des espèces magnifiques que je côtoie beaucoup plus lorsque je pratique la pêche sous-marine. Il n’est pas rare de les voir se précipiter sur les poissons que je viens de tirer avec mon fusil harpon. Ça rajoute de l’adrénaline !

"J'habite à trois minutes en jet-ski du site des JO. Toute la famille surfe, mes parents, ma soeur, mon frère"

GALA : Pourquoi as-tu signé un contrat de deux ans avec la police nationale ?
K. V.
: Parce que nous partageons et incarnons les mêmes valeurs : le respect, le travail et la discipline. J’ai des amis qui sont policiers à Tahiti et dès que je le pourrai, je partirai quatre semaines en formation pour devenir policier réserviste. Je suis très fier que la police m’accompagne dans ma carrière et m’offre aussi, pour plus tard peut-être, des possibilités de reconversion.

GALA : Tu es également, depuis le début de l’année, ambassadeur de la maison de haute couture Dior, tu deviens le visage de Dior Men. C’est une fierté ?
K. V.
: C’est plus que ça, c’est un rêve qui se réalise pour quelqu’un comme moi qui viens d’un sport de niche où les grandes maisons de luxe s’aventurent peu généralement. Mais pour y avoir réfléchi, je trouve que la maison Dior et le surf ont plusieurs points communs : la créativité, l’engagement et le style notamment. Donc je me sens à ma place, d’autant plus que j’ai été très bien accueilli par les équipes de la griffe qui m’ont fait sentir que j’étais légitime. Voilà ce dont je suis le plus fier.

Cet article était à retrouver dans le Gala N°1608, disponible le 4 avril dernier dans les kiosques. Pour suivre l'actualité en direct, vous pouvez rejoindre le fil WhatsApp de Gala. Le nouveau numéro de Gala sort ce jeudi 11 avril 2024. Bonne lecture.

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Crédits photos : PHOTOS UGO RICHARD

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