Les soldes d’hiver 2024 se poursuivront jusqu’au samedi 27 janvier au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Les soldes d’hiver 2024 se poursuivront jusqu’au samedi 27 janvier au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Les soldes d’hiver ont démarré dès ce mardi 2 janvier. La gestion de leur calendrier revêt un enjeu stratégique épineux pour les professionnels du commerce, qui tout en assumant une position commune sont confrontés à des intérêts divergents en fonction de leur secteur d’activité.

Pas facile, y compris au sein d’une même corporation, de préserver au mieux les intérêts de chacun. En matière de soldes, les attentes des commerçants se croisent sans forcément se rejoindre. «Dans notre branche, c’est toujours un peu trop tôt, car les saisons sont de plus en plus longues du fait du changement climatique», expose le président de la Fédération de la mode (Femo), Marc Herber, alors qu’a été donné, ce mardi 2 janvier, le coup d’envoi des soldes d’hiver au Luxembourg, sans transition véritable après la trêve des réveillons.

«La période où l’on peut vendre en hiver devient de plus en plus courte. Même chose en été, où vous soldez dès la fin juin alors que les températures peuvent dépasser les 20°C jusqu’au mois d’octobre. Cela n’a pas vraiment de sens», ajoute celui qui est également administrateur de la Luxembourg Retail Federation. Depuis sa création fin 2022, cette structure qui réunit sous une même bannière 8 unions commerciales ou centres commerciaux, 5 fédérations professionnelles du commerce et plus d’une quarantaine d’enseignes est devenue l’interlocuteur privilégié du ministère des Classes moyennes quant au choix des dates de soldes.

«Les différents acteurs sont autour d’une même table. Auparavant, il n’y avait pas cela. Et nous proposons au ministère les dates qui ont été les plus demandées par nos membres», détaille le président de la Luxembourg Retail Federation, l’horloger .

Les préférences s’expriment, notamment, en fonction des périodes retenues dans la Grande Région (quand ce ne sont pas les pays frontaliers qui attendent de savoir ce que compte faire le Luxembourg avant de se positionner). «La tendance serait plutôt de retarder [la période des soldes] et de moins regarder ce que font les voisins», reprend Marc Herber. «À Luxembourg-ville ou dans le centre, c’est moins important de se battre contre les enseignes belges et françaises que dans des centres commerciaux proches de la frontière.»

«Never change»

«Never change», répond en écho le président de la Fédération luxembourgeoise de l’ameublement (Fedam), Jean-Pierre Thill, attaché à ce que le top départ des soldes coïncide avec les tout premiers jours de janvier, comme c’est le cas à nouveau en 2024. «Janvier, c’est le meilleur mois de l’année pour l’ameublement», poursuit le dirigeant, lui aussi administrateur de la Luxembourg Retail Federation. Un secteur par ailleurs «à l’arrêt», déplore Jean-Pierre Thill, qui fait part pour l’année venant de se terminer de chiffres d’affaires en baisse «de 20 à 30%» sur douze mois, selon les établissements. D’où l’importance à ses yeux de soldes programmés dans la continuité des fêtes: «Les gens sont encore partiellement en congé, ils ont davantage le temps, une grand-mère a offert à Noël un chèque pour aider à l’achat du canapé…» Autant de facteurs favorables qu’accentue le poids «de la tradition». «Les prix sont intéressants, les clients en profitent, chacun joue son rôle», résume Jean-Pierre Thill.

«Forte attirance»

Ventes privées, Black Friday, Single Day… Alors même que les opérations commerciales en «physique» ou online se multiplient tout au long de l’année, «le mot «soldes» déclenche toujours une forte attirance», confirme le patron de la Femo, Marc Herber. «On sait que durant cette période, tout le monde «donne» ses meilleurs prix. Historiquement, les soldes sont en décroissance, contrairement au phénomène du Black Friday. Mais tout le monde ne participe pas au Black Friday et ceux qui y participent ont de plus en plus tendance à l’étendre sur une semaine, dix jours, ou plus… Là, c’est tout le monde en même temps, il n’y a même pas besoin de faire de pub spécifique.»

Le terme «soldes», soit dit au passage, n’est accepté que durant quatre semaines en hiver, puis quatre autres en été. En dehors de ces créneaux, les promos sont autorisées mais les démarques consenties ne peuvent être présentées comme des «soldes» à proprement parler.

La tentation de décembre

Les soldes d’hiver 2024 se poursuivront jusqu’au 27 janvier inclus, sans obligation toutefois pour les commerçants de liquider leurs stocks durant quatre semaines entières. «Cela se joue au cours de la première semaine et des deux premiers week-ends d’ouverture», retient Marc Herber. Pour cette raison, la perspective de soldes d’hiver 2024-2025 démarrant dès le vendredi 27 ou le samedi 28 décembre prochains serait à l’étude, à l’en croire. Ce serait une manière de vouloir profiter à fond de la dynamique commerciale du dernier week-end de l’année. Mais également une énorme rupture d’habitudes.

«Il y a plusieurs hypothèses sur la table, mais rien n’est décidé, c’est encore trop tôt», tempère le président de la Fedam, Jean-Pierre Thill. «Il y a des fédérations différentes, on n’est pas toujours à 100% du même avis. Il faut trouver un consensus.» «La question [de commencer en décembre] s’était déjà posée l’année dernière», complète le président de la Luxembourg Retail Federation, Robert Goeres. «Pour les uns ce serait intéressant, pour les autres non. Chacun apporte son point de vue. Quand on est multidisciplinaire, il faut trouver le juste équilibre.»

Le dernier mot reviendra au conseil de gouvernement qui généralement rend public en septembre ou en octobre le calendrier commercial de l’année suivante. En 2023, la Luxembourg Retail Federation lui avait adressé ses suggestions dès le mois d’août. Seule certitude en attendant, la date des prochains soldes d’été: ils se dérouleront du lundi 24 juin au samedi 20 juillet 2024 inclus. Une échéance, là aussi, qui a été âprement discutée en amont.