INVITÉ RTL - Yazid Ichemrahen : "Si on m'enlève mon travail, je ne sais pas trop qui je suis"

Yazid Ichemrahen est la preuve qu'un mauvais départ n'est pas une fatalité et que quand on est du mauvais côté de la barrière, on peut réussir à passer par-dessus, que même si la vie c'est pas de la tarte, avoir une passion sauve de tout. 

Yazid Ichemrahen est pâtissier et a décidé de bouffer le monde depuis qu'il est devenu, à 22 ans, champion du monde par équipe de desserts glacés, façon Zinedine Zidane en 1998. En 2014, cette victoire a changé sa route et lui a ouvert les portes du grand monde. Il a retroussé ses manches et il a monté les marches une par une d'un univers sans pitié.  Il a dormi dans la rue et il a mangé de la vache enragée avant de devenir un incontournable de la pâtisserie de luxe et de s'asseoir à la table des rois de la jet set. 

Quand on lui parle de pâtisserie de luxe, Yazid Ichemrahen ne veut pas en entendre parler. "Je n'aime pas le mot luxe. Je l'effectue à haut niveau, un petit peu partout dans le monde. Le mot luxe pour la pâtisserie, c'est tout de suite quelque chose d'inaccessible", explique-t-il. 

J'ai commencé la pâtisserie parce que il fallait que je me sauve la vie.

Yazid Ichemrahen

Un père qui l'abandonne, une mère prostituée et alcoolique, il est placé très tôt en famille d'accueil. C'est là qu'il découvre le pouvoir de la création et le talent qui coule dans ses veines. "Je n'ai pas commencé la pâtisserie parce que j'étais passionné de pâtisserie et que je voulais absolument faire ça. Moi, j'ai commencé la pâtisserie parce que il fallait que je me sauve la vie, et accidentellement, j'ai mis le nez là-dedans", confie-t-il dans Au cœur de la création. 

Il rêvait de travailler avec Joël Robuchon à l'Hôtel Métropole de Monte-Carlo même si cela voulait dire dormir dans la rue pendant neuf mois. "Je ne pouvais pas à l'époque forcément manger à ma faim. La journée je travaillais dans ce palace, et puis le soir je dormais à la plage de Galet à Nice", témoigne-t-il. 

Désormais, il voyage partout dans le monde. Il a ouvert des boutiques en Suisse, en Grèce, à Bahreïn, au Qatar. Sa vie ne tourne qu'autour de la pâtisserie. "Si on m'enlève mon travail, aujourd'hui je ne sais pas trop qui je suis et où je vais", explique-t-il. "Mon addiction, ma mère c'était l'alcool, moi c'est les projets et le travail". 

De son incroyable parcours, il en a fait un livre Créer pour survivre, vivre pour ne pas sombrer. Sa route est devenue aussi un film, sorti l'année dernière : "À la belle étoile". Il raconte l'histoire d'un petit gars à qui rien ne sourit et qui va sourire à la vie, pourtant grâce à cette fameuse envie d'avoir envie.

>> Au cœur de la création, un podcast présenté par Xavier de Moulins. Chaque dimanche sur RTL, Dans RTL Dimanche Soir, le journaliste nous emmène à la rencontre d'hommes et de femmes qui ont décidé de consacrer leur vie à un art. Écrivains, cinéastes, cuisiniers ou encore chanteurs et photographes, ils livrent leurs secrets et vont vous inspirer. Retrouvez l’intégralité de cet entretien en podcast tous les samedis, ainsi qu’un épisode bonus, Les Essentiels, tous les mercredis.