Pour plusieurs raisons, le hockey est un petit univers. Prenez deux équipes séparées par plus de 450 kilomètres de route, une traversée d’au-delà de deux heures en bateau sur le fleuve Saint-Laurent et un décalage horaire d’une heure, et vous trouverez immanquablement un gars qui a déjà joué avec un autre gars de l’autre côté, un bonhomme qui a travaillé jadis pour l’ennemi, etc. Les possibilités sont grandes et la série qui va opposer le Titan d’Acadie-Bathurst au Drakkar de Baie-Comeau, à compter de vendredi, ne fait pas exception.

D’ailleurs, les liens qui relient les deux équipes sont assez faciles à trouver.

En fait, en ouvrant plus largement nos œillères, ces relations vont plus loin qu’à Bathurst et impliquent aussi d’autres coins du Nouveau-Brunswick (lire autre texte sur acadienouvelle.com).

Même qu’en poussant la note un brin plus loin, ça peut aussi s’avérer un genre de sequel d’une histoire remontant à il y a 25 ans.

Entrevue avec David Bernier, le papa du jeune défenseur Alexis Bernier, du Drakkar.

Bernier, pour ceux et celles qui ont la mémoire longue, a été un acteur important d’une demi-finale historique qui a opposé les principaux locataires du Centre régional K.-C.-Irving aux Remparts de Québec, du 11 au 26 avril 1999.

Bernier conserve de bons et de moins bons souvenirs de cette confrontation qui aura duré six rencontres et du même coup sonné le glas de sa carrière de cinq saisons dans la LHJMQ.

Et dans les deux cas, Roberto Luongo en fait partie.

Dès le départ, même si l’élimination des Remparts fait encore mal, Bernier insiste pour dire qu’il ne ressent aucune animosité à l’endroit du Titan. Donc, il serait faux de croire qu’il rêve de voir Alexis, l’un des beaux espoirs en vue du prochain repêchage de la LNH, venger le paternel.

«C’est sûre que comme parent, tu souhaites le meilleur pour ton gars et que tu veux le voir gagner cette série. Mais je peux t’assurer que je n’ai aucune amertume envers Bathurst. Surtout que l’entraîneur Gordie Dwyer, qui a joué avec moi à Québec, est un bon ami.»
Bernier, seul joueur des Remparts à avoir obtenu au moins un point dans les six matchs de cette série historique, se rappelle particulièrement du premier et du dernier duel.

Le premier parce que même s’il a inscrit deux buts, il a tout de même vu Roberto Luongo réaliser 63 arrêts pour mener le Titan à une victoire de 3 à 2.

«Roberto avait été incroyable ce soir-là. Il nous a volé la partie.»

Le sixième match fait encore plus mal puisqu’il se veut également son dernier match dans la LHJMQ.

«En fin de rencontre, nous menions 2 à 1 quand nous avons gagné une mise au jeu près de notre filet et nous avons réussi à sortir la rondelle de notre territoire. Ramzi Abid, qui évoluait comme défenseur parce que le Titan avait retiré Luongo, a fait mine de tomber et a donc laissé passer la rondelle alors qu’il aurait pu facilement y toucher. L’arbitre a quand même sifflé un dégagement et le Titan (Mathieu Benoit) a réussi à égaler dès la reprise du jeu. Puis, Marc Bouchard a mis fin au match en marquant au début de la prolongation», se remémore Bernier.

«Sans dire que l’arbitre nous a volé, ce dégagement qui n’en était pas un parce que c’était clair que Ramzi pouvait y toucher, a tout changé. J’ai justement croisé Mathieu Benoit cet hiver et nous en avons parlé.»

«Moi, mon plan avant les séries éliminatoires, c’était de me rendre jusqu’au tournoi de la coupe Memorial et de convaincre ensuite les dirigeants des Mighty Ducks d’Anaheim de me faire signer un contrat. C’est peut-être ce qui serait arrivé si nous avions réussi. Malheureusement, je n’ai eu droit qu’à un contrat de la Ligue américaine.»

Cependant, si la défaite fait toujours mal, Bernier se souviendra toujours des foules du Colisée de Québec. Il se souvient ainsi des explosions de joie de la foule à chacun de ses deux buts pendant le premier match de la série.

«Nous avons disputé la saison régulière au PEPS de l’Université Laval, mais nous avons déménagé au Colisée à temps pour les séries. La réponse du public a été extraordinaire. C’était quelque chose de jouer devant plus de 15 000 personnes», révèle David Bernier.

«Ça aurait sûrement été différent si c’est nous qui avions eu Roberto de notre côté. Notre gardien Maxime Ouellet était bon, mais il n’avait que 17 ans. Nous avions beau dominer, Roberto était incroyable. Je n’irais pas jusqu’à dire que cette série a été aussi bien dire la finale, parce que les Olympiques ont également donné bien de la misère au Titan, mais ç’a été toute une série», termine Bernier.

Lors de cette série de six matchs, Roberto Luongo a maintenu une moyenne de buts alloués de 2,64, mais surtout un taux d’arrêts de ,968.

Le monde est petit 

Jean-François Grégoire, Mario Durocher, Donovan Arsenault, Justin Gill, Isaac Dufort, Mattias Gilbert, Justin Poirier, Charles-Edward Gravel, Émile Chouinard et Félix Gagnon. Tous font partie du Drakkar de Baie-Comeau et tous ont tissé des liens avec le Titan d’Acadie-Bathurst et des membres de d’autres organisations néo-brunswickoises.

Les trois premiers dans la liste, Jean-François Grégoire, Mario Durocher et Donovan Arsenault, sont évidemment les plus faciles à cerner puisqu’ils ont déjà œuvré à Bathurst.

Grégoire a agi comme entraîneur adjoint à Bathurst en 2014-2015. C’est sans oublier qu’il a porté les couleurs des Aigles Bleus de l’Université de Moncton et des Canadiens de Fredericton.

Durocher, lui, a dirigé le Titan à deux reprises (2004 à 2006, 2019 à 2021).

Enfin, Arsenault y était encore comme joueur il y a à peine quelques mois.

Justin Gill, le meilleur pointeur du Drakkar, a joué trois saisons avec le capitaine Milo Roelens à Sherbrooke.

Isaac Dufort, le capitaine du Drakkar, est le frère jumeau de Ludovic Dufort, le capitaine des Timberwolves de Miramichi. Et quand les deux frangins évoluaient au niveau bantam, ils avaient parmi leurs coéquipiers un certain Anastasios Lazaris, du Blizzard, les opposant des T-Wolves dans les présentes séries.

Justin Poirier, pour sa part, est le  frère de l’ancienne vedette des Sea Dogs de Saint-Jean Jérémie Poirier, en plus d’avoir joué avec Noah Laberge à Châteauguay dans le M18.

Parlant de Laberge, il a aussi été le coéquipier de Mattias Gilbert à Saint-Hyacinthe, club qui comptait aussi sur Caleb Desnoyers, des Wildcats de Moncton.

Émile Chouinard, qui vient de revenir au jeu après avoir soigné avec succès un cancer, a joué avec Thomas Auger, des Wildcats, et Jérémy Ste-Marie, du Blizzard d’Edmundston, au sein du Blizzard du Séminaire Saint-François dans la M18.

Et pour en terminer avec le Blizzard, leur vedette offensive Félix Bédard a joué en compagnie de Félix Gagnon chez les Élites de Jonquière.

Le gardien Charles-Edward Gravel et Colby Huggan étaient des coéquipiers la saison dernière chez l’Armada de Blainville-Boisbriand.

Et pour terminer, Alexis Bernier, dont on vous parlait dans l’entrevue avec son père David Bernier, a joué avec Loïc Mburanumwe, le jeune frère d’Igor, avec les Gaulois de Saint-Hyacinthe.

C’est fou comme le monde est petit.

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