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Que deviennent nos souvenirs d’enfants ?

Marie Thibaud
Publié le 01/04/2024 à 20:00 Modifié le 29/03/2024 à 16:20
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Les mystères de l'amnésie infantile révèlent que notre cerveau en développement gère les souvenirs différemment. Une étude scientifique montre comment nos premiers souvenirs existent, mais restent hors de portée.

L’idée de se souvenir d’une visite à Disneyland à 18 mois ou d’avoir eu la varicelle à 2 ans semble plausible, mais en réalité, ces souvenirs précoces sont probablement le résultat de récits familiaux ou de photos vues et revues.

Ces souvenirs, bien que semblant réels, sont souvent des constructions basées sur des expériences partagées, s’intégrant dans notre mémoire au fil des répétitions. Cette capacité de notre mémoire à conserver des souvenirs d’événements auxquels nous n’avons pas réellement assisté soulève des questions sur la nature même de notre mémoire infantile, sujet traité dans un article du magazine Science.

Aucun souvenir avant 3 ans

La recherche suggère que les gens ne gardent généralement aucun souvenir avant l’âge de 3 ans, et les capacités mémorielles des enfants ne mûrissent pleinement qu’autour de l’âge de 7 ans. Selon Flavio Donato, neuroscientifique à l’Université de Bâle, il est paradoxal que pendant la période où le cerveau apprend le plus, les souvenirs ne semblent pas s’ancrer durablement.

Cette observation a mené à la notion d' »amnésie infantile », un phénomène bien documenté mais encore mal compris, où les souvenirs créés avant l’âge de 3 ans existent potentiellement, mais restent inaccessibles à notre conscience.

Souvenirs inaccessibles

Des recherches récentes commencent à démontrer que, contrairement aux idées reçues, le cerveau peut créer des souvenirs durables avant l’âge de 3 ans, mais de manière différente des souvenirs adultes. Bien que ces souvenirs précoces persistent dans l’âge adulte, nous ne pouvons pas y accéder consciemment.

Les études sur l’amnésie infantile suggèrent que ce phénomène pourrait servir un but évolutif, aidant peut-être les jeunes cerveaux à apprendre à attribuer l’importance appropriée aux événements ou à développer un cadre pour les systèmes de mémoire qu’ils utiliseront tout au long de leur vie. L’amnésie infantile, loin d’être une simple lacune de notre développement, pourrait être essentielle à la formation de notre identité et de notre capacité à naviguer dans le monde.