C’est un étonnant périple auquel ont assisté les passants du centre de Paris, mardi 16 avril 2024. Une Peugeot 203 décorée aux couleurs de l’Académie Rabelais et de la Coupe du Meilleur Pot a sillonné tout l’après-midi les cinq premiers arrondissements depuis la brasserie Le Sully (4e) jusqu’au bistrot La Grille Montorgueil (2e), dans le quartier des Halles, non sans s’être arrêtée, en joyeuse compagnie, devant une bonne demi-douzaine de troquets de la capitale.
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Un pot synonyme de cuvée « maison »
Le convoi visait à assurer la transmission d’un trophée qui circule ainsi d’un comptoir de la Ville lumière à l’autre depuis précisément soixante-dix ans. Décernée par un jury issu de l’Académie Rabelais, une association d’écrivains, de journalistes et de gastronomes, la Coupe récompense le patron ou la patronne d’un bistrot parisien populaire mettant particulièrement à l’honneur le service du vin de producteurs récoltants. Le « pot » fait référence à la bouteille de 46 cl dans lequel les bistrots servent traditionnellement leurs cuvées « maison ».
Cette année, c’est Laurent Nègre, le dirigeant de La Grille Montorgueil, qui célèbre cette année ses 120 ans d’existence, qui a donc été distingué. « C’est une très belle reconnaissance pour mon travail et celui de mon équipe depuis la reprise de l’établissement en 2019, mais aussi de celui de mes fournisseurs, notamment des vignerons qui produisent la centaine de références de vins de ma carte », s’est félicité l’entrepreneur qui fêtait ses 45 printemps le soir de la remise. Comme beaucoup de ses confrères, le restaurateur est originaire de l’Aveyron et provient du même village (Saint-Geniest-d’Olt) que la famille du vainqueur précédent, Romain Vidal, du Sully !
« Avec Laurent, la relève du bistrot parisien est assurée ! »
La soirée qui a succédé à la remise du trophée a donc pris un accent résolument terroir avec un aligot géant savamment filé par le patron, qui a accompagné saucisses du pays et viande de bœuf d’Aubrac, le tout arrosé de vins de Marcillac, mais aussi du Beaujolais et d’autres vignobles, dûment servis par les producteurs en personne. Tout ce que la capitale compte de confréries gastronomiques et bachiques s’était naturellement donné rendez-vous rue Montorgueil, des Compagnons du Beaujolais à la République de Montmartre en passant par les francs-mâchons (et mâchonnes !) de Paris ou la confrérie de la tête de veau Paris-Rungis.
Le nouveau lauréat n’a pas boudé son plaisir après un début d’année particulièrement animé pour lui. Non content d’avoir relancé avec succès La Grille Montorgueil en 2019, l’entreprenant restaurateur vient en effet de faire l’acquisition d’une adresse bien connue de Saint-Germain des Prés, Le Petit Saint-Benoît (6e), et de reprendre la direction de L’Étincelle (9e).
Il n’en a pas pour autant délaissé La Grille Montorgueil, son navire-amiral, qui séduit aussi bien habitués du quartier que touristes de passage par son comptoir antique en étain, sa cuisine de terroir à prix très raisonnable et sa magnifique carte de vins. « Avec Laurent, la relève du bistrot parisien est assurée ! », s’est réjoui Alain Fontaine, ancien vainqueur du trophée pour Le Mesturet (2e) et qui s’est mis en tête de faire reconnaître les bistrots et cafés français au patrimoine culturel français et mondial.
Bruno Carlhian
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