Six Britanniques sur dix regrettent le Brexit

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Un sondage réalisé pour The Economist montre le revirement rapide de la population britannique.

« Il est rare que les électeurs changent d’avis peu après un référendum, note The Economist. L’expérience, du Canada à l’Écosse, de la Norvège à la Suisse, suggère plutôt que les opinions ont tendance à évoluer en faveur du résultat d’un référendum plus qu’elles n’évoluent en sa défaveur. Mais le Brexit semble être une exception. Depuis le vote de 52-48 % en faveur de la sortie de l’Union européenne en juin 2016, l’opinion majoritaire des Britanniques a évolué, surtout au cours des deux dernières années, vers la conclusion que ce n’était pas une bonne décision. » On savait que les Britanniques se posaient des questions sur le choix qu’ils avaient fait en juin 2016.

20% de regrets

Mais ils sont de plus en plus nombreux à trouver qu’ils se sont trompés. Aujourd’hui, selon les données de l’institut de sondage Yougov, reprises par le magazine britannique, 60% des Britanniques trouvent qu’avoir quitté l’Union est une mauvaise décision. Les sondages montrent que 16 à 20% de ceux qui ont voté pour le Brexit regrettent leur vote.

Les explications de ce revirement sont à la fois démographiques, économiques et politiques.

Démographiques car les opposants à l’Union européenne étaient surtout les électeurs âgés alors que la jeunesse était résolument partisane du maintien dans l’Union. Et avec le temps, les plus âgés cèdent la place aux jeunes.

Mais si le revirement a été tellement rapide, c’est aussi en raison des mauvaises performances économiques du Royaume-Uni. « Si la Grande-Bretagne devait rejoindre les États-Unis, elle serait le deuxième État le plus pauvre, derrière l’Alabama et devant le Mississippi », avec un PIB par tête de 36.000 dollars, observe le Washington Post. A titre de comparaison, la Belgique affiche un PIB par tête de 50.000 dollars environ.

Les Tories en perdition

Et puis, il y a le lien entre le Brexit et le parti conservateur. Ce sont en effet des figures conservatrices comme Boris Johnson qui ont porté le mouvement. Or, depuis des années, le parti Tory est en plein chaos. Faut-il rappeler les épisodes des gouvernements de Theresa May et Liz Truss, qui ont ébranlé la confiance de l’électorat dans les conservateurs, confiance que l’actuel premier ministre Rishi Sunak ne parvient pas à restaurer.

« La majorité des personnes qui ont voté Leave en 2016 affirment que la sortie de l’Union européenne devrait avoir des avantages à long terme, mais que trop peu de mesures ont été prises pour les concrétiser. Ce groupe penche désormais contre les Tories et pourrait même préférer le Reform Party, un parti de droite insurgé. En revanche, ceux qui étaient opposés au Brexit en 2016 pensent qu’ils avaient raison de craindre son impact économique ; beaucoup de ceux qui étaient conservateurs à l’époque soutiennent aujourd’hui le parti travailliste », explique The Economist.

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