Découragé et impopulaire, Leo Varadkar a présenté sa démission le 20 mars, l’éclat de ses premières années ayant depuis longtemps été terni par les dures réalités du gouvernement. Fine Gael, son parti de centre droit, est désormais en mauvaise position dans les sondages. La crise du logement que connaît l’Irlande frise l’obscénité. Et une certaine nervosité semble avoir gagné le pays qu’il dirige : un mécontentement populaire, voire de la colère, qui couve sous la surface. Qu’est-ce qu’il a obtenu alors, si on y réfléchit ? Facile : il a gagné le Brexit.
C’est sans aucun doute une opinion anglocentrique. Les nécessités de la vie sont plus importantes pour l’électeur irlandais moyen. Est-ce que je m’en sors mieux maintenant qu’avant ? Est-ce que mes enfants auront les moyens de se loger ? Et quid de la nouvelle grande question de la vie irlandaise, l’immigration par opposition à l’émigration ? Après tout, Varadkar quitte ses fonctions sur une défaite, pas sur une victoire, après avoir perdu une série de référendums portant sur un projet de réforme de la Constitution en matière de famille.
Dublin plus près d’Amsterdam que de Belfast
Cependant, quels que soient les problèmes de l’Irlande, le fait est que ce sont fondamentalement des problèmes de pays riche. Préfère-t-on être tellement pauvre que les gens doivent partir ou tellement riche que les gens veuillent venir ? Inutile d’examiner les chiffres du PIB pour constater que l’Irlande est en grande partie vraiment fortunée, même si la présence des géants américains des nouvelles technologies qui se sont installés dans le pays pour échapper à l’impôt les exagère grandement.
Chose importante, Varadkar symbolisait cette nouvelle Irlande de prospérité égoïste. Et s’il était moderne, ce n’est pas parce qu’il était le premier Taoiseach [“Premier ministre”] irlandais gay ni parce qu’il était le fils d’un Indien qui s’était installé à Dublin. Ces points ont beau mériter d’être relevés, ils sont moins importants que le simple fait que Varadkar représentait l’Irlande riche. Il n’a pas grandi dans un pays qui se tournait automatiquement vers le Royaume-Uni. L’Irlande de Varadkar était européenne, Dublin plus près d’Amsterdam que de Belfast. Et c’est en partie cela qui lui a per
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Fondé par le journaliste conservateur Tim Montgomerie en 2017, UnHerd repose sur un double jeu de mots. Le site Internet s’adresse aux personnes qui “refusent de suivre le troupeau” (herd, en anglais), et veulent “en apprendre davantage sur des idées et des personnes” unheard-of (inédites). Décrit comme “non-partisan”, le média en ligne publie des articles de journalistes, d’intellectuels, de militants et de personnalités politiques de tous bords. UnHerd rejette l’étiquette de “site d’actualité” et dit se concentrer sur “les événements importants, sans les distractions”.