Napoléon, Brexit et haubans : la folle histoire des châtaigniers de la Ferme d’Hougoumont
Plusieurs idées ont été évoquées comme placer des haubans pour redresser ou maintenir les arbres et même rapatrier un des descendants depuis l’Angleterre.
- Publié le 17-04-2024 à 09h01
- Mis à jour le 17-04-2024 à 10h21
Les trois châtaigniers de la Ferme d’Hougoumont, à Braine-l’Alleud, sont des témoins de la célèbre bataille de Waterloo. Ils ont vu et subi les combats entre les troupes françaises de l’Empereur Napoléon face aux troupes britanniques, allemandes et prussiennes commandées par le maréchal Blücher. Si la ferme porte encore les stigmates de la bataille, c’est aussi le cas des châtaigniers tricentenaires, où on peut encore retrouver des impacts de balles dans l’écorce et même des balles, elles-mêmes. Symboles pour le Domaine, ces châtaigniers le sont encore plus pour nos voisins d’Outre-Manche pour qui il s’agit d’éléments de patrimoine. D’ailleurs, des châtaignes ont traversé la mer et ont été replantées sur le sol anglais.
Mais voilà, l’âge vénérable des trois arbres a déjà eu raison de deux d’entre eux, l’un est tombé en 2021 et le deuxième a rendu l’âme bien que toujours dressé. Reste le troisième, encore en vie, mais pour combien de temps encore, se demande un des administrateurs de l’intercommunale Bataille de Waterloo 1815, et que faire des deux autres ? L’administrateur déplore que “l’intercommunale met beaucoup de temps et d’énergie pour ses vieux arbres”. Il constate également une certaine insistance des Britanniques pour préserver les arbres.
Différents projets ont été mis en place pour conserver les arbres. Il s’agit notamment de maintenir l’arbre mort encore debout à l’aide de câbles. La présidente de l’intercommunale, Véronique Denis, parle de son côté d’installer des haubans, des câbles de maintien des mâts des navires, sur celui qui est à terre. L’administrateur, lui, mentionne d’en faire une sorte de sculpture. Le budget alloué pour préserver l’ensemble des châtaigniers serait de 45 000 euros dans le plan d’investissement 2024, informe l’administrateur. Une bonne partie serait dédiée aux travaux avec un montant de 38 000 euros hors TVA. Véronique Denis partage de son côté les derniers chiffres et l’appel d’offres a déjà été fait et le montant total est de 35 000 euros, approuvé par l’intercommunal sans projet de sculpture.
D’autres pistes ont été émises et suggérées pour assurer la présence de châtaigniers. L’idée première serait d’aller rechercher un des arbres en Angleterre pour le replanter sur le sol belge mais… “le Brexit est passé par là. Il n’est donc plus possible d’importer des arbres de là-bas” poursuit l’administrateur. La suggestion lui est alors faite d’aller chercher quelques châtaignes sur place et les ramener sous le manteau et les planter à proximité de l’ancêtre encore debout. Mais là encore, problème, les châtaigniers britanniques sont encore trop jeunes pour avoir des fruits, nous explique-t-il. Et quant au troisième arbre, il serait trop vieux pour en avoir.
Dernière alternative envisagée, reprendre une partie du tronc, ou de l’écorce et le placer dans la ferme “mais ce n’est pas l’intérêt de l’intercommunale et des Anglais”.
”J’ai même composé un poème sur ces arbres”
La présidente de Bataille de Waterloo 1815, Véronique Denis, se dit très attachée aux châtaigniers, “j’ai même composé un poème sur ces arbres”. Le fait de surélever l’arbre à terre lui “tient à cœur” déclare-t-elle avec émotions. Et face à nos suggestions, elle précise qu’un projet de rapatriement de l’arbre de la cour de la ferme avait été évoqué mais la place manque, “ce sont des géants, vous savez”. Par contre, il y a déjà la présence d’un morceau d’un des arbres dans le porche de la ferme.
La volonté est donc de garder les châtaigniers en lieu et place où ils ont grandi. Et Véronique Denis aimerait pouvoir replacer les arbres avant la fin de la législature. Un appel d’offres a d’ailleurs été lancé.