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Nancy Conférence-débat sur la laïcité : « La République doit vigoureusement réaffirmer ses principes »

Ancien Grand Maître du Grand Orient de France et vice-président de l’association « Unité laïque », Philippe Foussier interviendra au côté de la romancière et essayistes Tristane Banon, le 27 avril prochain, à l’occasion d’une conférence-débat, organisé par le Forum Nancy République, sur le thème de : « la laïcité, clé de l’émancipation ».

Propos recueillis par Frédérique Braconnot - 15 avr. 2024 à 12:27 | mis à jour le 15 avr. 2024 à 12:27 - Temps de lecture :
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Philippe Foussier : « La laïcité fait l’objet de dévoiements qui nourrissent la confusion. »  Photo J.-B. Vernier
Philippe Foussier : « La laïcité fait l’objet de dévoiements qui nourrissent la confusion. »  Photo J.-B. Vernier

Association réunissant les loges de Meurthe-et-Moselle du Grand Orient de France, le FNR (Forum Nancy République) organise, le 27 avril prochain, une conférence-débat sur le thème : « la Laïcité, clé de l’émancipation ». Essayiste et romancière, journaliste et chroniqueuse, Tristane Banon interviendra au côté de Philippe Foussier, ancien Grand Maître du Grand Orient de France et vice-président d’ « Unité Laïque ». Rencontre.

Il est beaucoup question de la défense de la laïcité en ce moment. Êtes-vous de ceux qui considèrent qu’elle est en danger ?

Absolument, parce qu’elle fait l’objet de dévoiements qui nourrissent la confusion. Le premier détournement vient de l’extrême droite, qui s’est emparée de la laïcité pour en faire une arme contre l’islam. Il s’agit d’une usurpation qui ne doit pas faire illusion. Le deuxième dévoiement existe depuis plusieurs décennies. Il est issu d’un certain nombre de courants (y compris des courants de gauche) qui ont voulu tordre la laïcité dans un sens qui était conforme au modèle multiculturaliste anglo-saxon. Pour faire simple, la laïcité est présentée comme une juxtaposition de convictions culturelles. Ce qui évidemment n’a plus rien à voir avec son sens originel. Elle est par ailleurs victime d’autres menaces plus pernicieuses.

Par exemple ?

Beaucoup d’élus, nombre d’élus locaux d’ailleurs, l’ont dévoyée en octroyant des financements à des cultes. Un détournement qui s’inscrit d’ailleurs dans le contexte d’une offensive religieuse claire. Ces complaisances vont totalement à l’encontre de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État.

Celle qui a précisément institué la laïcité, un modèle français unique.

Nous l’avons effectivement inventée pour permettre à tout un chacun de s’émanciper de la férule d’une religion dominante ; pour permettre à tout individu, quelles que soient ses convictions, d’exercer sa liberté de conscience et d’expression. Ce régime juridique et politique particulier permet aussi l’égalité de traitement entre croyants et non croyants.

La laïcité est donc bien la clé de l’émancipation ?

Oui, parce qu’elle est fortement adossée à la notion de citoyenneté républicaine. L’individu prime sur le groupe et non pas l’inverse.

À votre avis, comment la défendre ?

Le problème ne vient pas des religions ou des croyants. Le problème vient de la République elle-même. Elle doit vigoureusement réaffirmer ses principes, comme Gabriel Attal l’avait fait en interdisant l’abaya. Je crois qu’avec un peu de courage et de volonté, on réglerait beaucoup de choses.

« La laïcité, clé de l’émancipation », samedi 27 avril à partir de 14 h. Hôtel de ville de Nancy.