Chaque soir pendant le mois de ramadan, avant la rupture du jeûne, des motards sillonnent les rues de Damas pour livrer des repas aux nécessiteux, brisant les stéréotypes accolés en Syrie aux passionnés de deux roues.

"On va dans les quartiers les plus populaires, les gens nous connaissent, nous sourient et nous aiment", déclare à l'AFP le président du club de motards "Hope Bikers Syria", Tarek Obaid.

Ce quinquagénaire supervise les distributions alimentaires effectuées dans les quartiers populaires de la capitale pendant le ramadan, durant lequel les musulmans s'abstiennent de boire et manger jusqu'au coucher du soleil.

A Damas, des motards redorent leur image en livrant des repas gratuits

Comme lui, une cinquantaine de motards bénévoles se relaient au sein d'associations caritatives pour préparer et distribuer des repas aux personnes dans le besoin pendant ce mois de jeûne.

En préparant des plats de riz au poulet, Tarek Obaid affirme que son groupe se mobilise à "des fins humanitaires ou morales".

Les volontaires, dont certains portent une barbe fournie et une bague flanquée d'une tête de mort, se rassemblent chaque jour en cuisine.

A Damas, des motards redorent leur image en livrant des repas gratuits

Ils coupent et font cuire les légumes et la viande, les ajoutant au riz qu'ils se sont procurés auprès d'associations caritatives, avant d'emballer le tout en vue de le distribuer.

"Avant, les gens évitaient les motos lorsqu'ils les voyaient, mais aujourd'hui, ils se réjouissent à la vue de nos uniformes bleus ou lorsqu'ils entendent le bruit de nos véhicules", s'enthousiasme M. Obaid, un professeur de natation.

L'équipe, qui compte des membres chrétiens et musulmans, n'a aucune affiliation politique ou religieuse et a débuté ses activités pendant la pandémie de Covid-19.

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Elle s'était alors chargée de transporter rapidement des bouteilles d'oxygène pour des cas médicaux urgents.

La pandémie s'étant résorbée, le groupe a réorienté ses efforts vers d'autres activités humanitaires, comme l'aide aux victimes du violent séisme qui a secoué la Syrie en février 2023, l'implication des orphelins dans leurs activités, ou les distributions de repas.

"Moyen d'assistance"

Après la confection des repas, l'équipe se rend vers une maison de retraite en périphérie de Damas.

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Perchés sur leurs Harley Davidson et autres motos imposantes, les bénévoles se déplacent agilement dans les zones très fréquentées et les ruelles étroites.

Il profitent de l'avantage d'être en moto pour éviter les embouteillages et livrer un maximum de plats le plus rapidement possible.

"Même si la moto consomme moins (qu'une voiture), on a du mal à se procurer de l'essence", assure George Hafteh, 37 ans, un bénévole à la barbe fournie. "Mais nous prenons en charge même le coût" du carburant.

Ravagée par 13 ans de guerre civile, la Syrie traverse une crise économique étouffante, marquée par une hausse des prix, notamment ceux de l'essence depuis la levée des subventions en août dernier.

Depuis le début du conflit qui a laissé 90% de la population sous le seuil de pauvreté de l'ONU, les motos en Syrie ont acquis une mauvaise réputation, souvent utilisées par les voleurs à la sauvette.

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Une image que le groupe tente de polir, "en assumant notre responsabilité envers les gens", assure George. "Toute notre fatigue se dissipe quand on voit le sourire des enfants."

A leur arrivée à la maison de retraite, George et ses camarades descendent de leurs motos et portent les sacs de repas jusqu'aux chambres.

Amer Totanji, 31 ans, participe également à la distribution cette année et a contribué avec son équipe à venir en aide à des dizaines de familles depuis le début du mois de jeûne.

"On profite du fait que la moto soit plus pratique de par sa petite taille (...) Plus qu'un simple moyen de transport, elle est devenue un moyen d'assistance aux personnes dans le besoin."