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La Belgique célèbre James Ensor en quinze expositions

Pour l’anniversaire des 75 ans de la mort de l’artiste, le pays honore son œuvre multiforme, provocatrice et dérangeante.

Par  (Bruxelles, correspondant)

Publié le 13 avril 2024 à 06h30

Temps de Lecture 4 min.

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« Pierrot et squelettes » (1905), de James Ensor, huile sur toile.

En visite à Ostende (Belgique), Albert Einstein demanda un jour à James Ensor ce qu’il peignait. « Rien », répondit l’intéressé. C’est pourtant ce « rien » que la Belgique – à moins qu’il faille plutôt parler de la Flandre, tant elle semble seule à la manœuvre – célèbre durant une année 2024 qui sera tout entière consacrée à un artiste singulier, fascinant pour les uns, définitivement insaisissable pour d’autres.

Il faut effectivement parler d’Ensor comme d’un « artiste ». Car si cet écorché vif est d’abord, et pour beaucoup, le « peintre des masques », tant il peupla ses toiles de ces accessoires étranges et grimaçants, il fut aussi l’auteur prolifique de manuscrits, de gravures, d’œuvres sur papier et de compositions musicales. Célébrant cette œuvre multiforme, pas moins de quinze expositions sont, ou seront, donc organisées afin de commémorer les 75 ans de la mort du créateur, né à Ostende en 1860 et décédé en 1949 dans cette même ville, qu’il décrivait comme « reine des mers capricieuses, des sables doux et des cieux chargés d’or et d’opale ».

C’est donc dans cette cité singulière, souvent magnifiée par Ensor, qu’a logiquement débuté une célébration qui trouvera, en revanche, son apothéose à Anvers, où le Musée des beaux-arts exposera, à partir du 28 septembre, ses œuvres majeures. Elles y seront confrontées aux artistes qui inspiraient le peintre et auxquels, non exempt d’un brin de mégalomanie, il entendait se confronter : Goya, Bosch, Munch, Monet, Manet, etc.

Crucifié par les critiques

« Pourquoi ai-je devancé, depuis un quart de siècle, et dans tous les sens, les recherches modernes ? », interrogeait James Ensor, s’identifiant par ailleurs à la figure du Christ, dont cet agnostique estimait qu’il était « un archétype idéal », doté d’une « signification inéluctable ». Ensor se voyait sans doute comme un Christ longtemps crucifié par des critiques qu’il allait réduire, dans l’un de ses tableaux, à l’état de crânes se disputant un hareng saur – art, Ensor ?

« Rose, Rose, Rose, à mes yeux ! James Ensor et la nature morte en Belgique de 1830 à 1930 », qui se termine le 14 avril au Mu. ZEE, le musée d’art contemporain d’Ostende, était consacrée aux natures mortes, qui représentent près du quart des… 850 tableaux peints par Ensor. Un genre que cet adversaire de l’ordre établi allait progressivement révolutionner en y intégrant des objets macabres, des couleurs irréelles, des sous-entendus à forte connotation charnelle.

A la Maison de James Ensor, la demeure ostendaise devenue musée, où le peintre vécut durant trente-deux ans, c’est un autre volet majeur de son œuvre qui s’offre à la découverte avec des autoportraits, un exercice qu’il affectionnait particulièrement. S’interrogeant, comme Rembrandt, sur le dilemme de la représentation, ou faisant allusion à Rubens dans son Autoportrait avec chapeau fleuri (1883), il revendiquait ainsi, sans complexe, sa filiation avec les plus grands maîtres flamands. En révolte contre l’ordre bourgeois, Ensor s’estima longtemps méprisé, et c’est lorsque son talent fut, au début du XXe siècle, enfin reconnu que sa créativité allait décliner.

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