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Emeutes au Brésil: les "Black Blocs" s'en prennent à la police

Emeutes au Brésil: les "Black Blocs" s'en prennent à la police

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Par Jean-François Herbecq

Ces groupuscules ont commencé à faire parler d'eux au Brésil lors de la fronde sociale qui a secoué en juin le pays contre la hausse des coûts des transports, les dépenses excessives engagées pour l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014 et la corruption. Mais c'est alors que le mouvement social est devenu plus sporadique que les Black Blocs ont radicalisé leurs actions, essentiellement à Rio et Sao Paulo, face à une police mal formée réputée pour sa brutalité lors des manifestations.

Lors de leurs sorties fulgurantes, les Black Blocs brésiliens privilégient la destruction de symboles du capitalisme tels que les restaurants McDonald's ou les banques.

A Rio, ils s'étaient invités lundi à la manifestation ayant réuni plus de 10 000 personnes pour soutenir les enseignants en grève. A la tombée de la nuit, ils avaient incendié un autobus, détruit des distributeurs automatiques de billets et érigé des barricades.

Mardi soir, à l'issue d'un nouveau rassemblement d'enseignants d'écoles publiques, les Blacks Blocs ont attaqué avec des pierres et des cockails molotov la police qui a riposté avec des tirs nourris de bombes lacrymogènes et sprays de poivre pour les disperser. Une voiture de police a été incendié et une agence bancaire saccagée.

Les Black blocs sont apparus en Allemagne de l'Ouest vers 1980, au sein du mouvement "Autonomen". Ils se distinguaient à l'extrême gauche par sa volonté d'autonomie par rapport aux institutions (États, partis, syndicats). Le mouvement comptait des centaines de squats, lieux de vie collective, où les Black Blocs affrontaient les policiers lors de tentatives d'expulsion.

Mais c'est en 1999, en marge du Sommet de l'OMC à Seattle, qu'ils acquis leur notoriété avec des manifestations et occupations spectaculaires.

"On ne parle pas aux journalistes :)"

Sollicité par l'AFP pour une interview, le groupe Black Bloc Rio de Janeiro a répondu: "Salutations libertaires! Il est difficile de nous téléphoner car nous sommes sur écoute ; nous préférons communiquer par message sur Facebook". Mais les autres questions de l'AFP sont restées lettre morte. Au niveau national, le groupe s'est limité à répondre: "On ne parle pas aux journalistes :)".

Pour les experts, établir un profil de ces manifestants relève de la gageure. "Il est difficile de savoir qui ils sont; il n'y pas d'autorité établie. Le mouvement est très horizontal, très jeune", explique à l'AFP le sociologue Luiz Antonio Machado de l'Institut d'études sociales et politiques de Rio (IESP). De plus, le Black Bloc n'est pas une organisation permanente. Avant et après leurs actions, les Black Blocs sont des citoyens comme les autres.

"Ce mouvement naît du mécontentement général envers le mauvais fonctionnement des institutions. Il n'est pas révolutionnaire mais va se radicaliser face au manque de dialogue", prédit encore M. Machado. Car pour lui "la presse 'hégémonique' utilise l'action des Black Blocs et des casseurs pour discréditer les manifestations et cela déclenche une répression généralisée", notamment des médias et de la police.

Mais pour Alba Zaluar, expert en violence à l'Université de Rio (Uerj), le mouvement "jette à la poubelle tout ce que notre démocratie a construit", après la dictature (1964-1985). "Ils vident les manifestations" "Cela a pour effet de vider les manifestations. Les gens ne veulent pas en finir avec l'État mais améliorer la santé, l'éducation, les transports. Le fait de casser des abribus est un préjudice pour le contribuable qui va devoir payer, rien à voir avec la mondialisation. Ils doivent se réformer", estime-t-elle.

Le sociologue Jose Augusto Rodrigues (Uerj) juge de son côté que "les actes de vandalisme ne sont pas toujours à attribuer aux Black Blocs" mais que "leur tactique n'a pas été un succès". "En juin, il y avait des foules dans la rue mais depuis qu'ils sont devenus partie intégrante des manifestations, les gens se sont retirés", souligne-t-il. "La dimension que cette présence prendra est difficile à prévoir, cela va dépendre de comment l'État sera capable de réagir, de former sa police pour agir de façon plus civilisée", analyse-t-il encore.

En attendant, les Black Blocs ne désarment pas et ont d'ores et déjà promis aux autorités une coupe du monde de football agitée en juin prochain.

AFP

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