Aurillac. Rencontre avec Alma Dufour, une députée engagée pour la paix

Invitée par le collectif Cantal Palestine Solidarité, la députée LFI Alma Dufour était à Aurillac mercredi 10 avril 2024 pour une réunion publique à la maison des associations.

Alma Dufour auprès du collectif Cantal Palestine Solidarité.
Alma Dufour auprès du collectif Cantal Palestine Solidarité. ©Marie Boudon
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Une salle bondée où plus d’une centaine de personnes s’est massée pour participer à une réunion publique organisée mercredi 10 avril à Aurillac par le collectif Cantal Palestine Solidarité, jeune mouvement pour défendre la paix et le cessez feu à Gaza. Qu’ils soient militants, LFI, CGT, PCF, Ligue des Droits de l’Homme, Planning Familial, MRAP, Générations S, ils ont écouté durant trois heures les témoignages émouvants, des blouses blanches Clermontoises au Secours Populaire.

Le retour d’expérience d’Alma Dufour

Alma Dufour entre dans la salle, entourée du collectif. L’élue LFI de Seine-Maritime, est arrivée le jour-même en train. Cette réunion publique est sa dernière à l’invitation d’un collectif unitaire et citoyen : la députée entre en campagne pour les élections européennes dès demain. « Il n’y aura pas de Rafah tour, dans deux jours je serai à Auch (NDLR : Gers) pour parler de l’Europe » .

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Il est 18 h 30 quand le large public s’installe et se tait. Rencontre avec la députée qui va revenir, en détail et en intensité, sur son séjour de cinq jours à Rafah. « Je suis revenue de Rafah, à la frontière où s’arrête l’humanité, en février dernier, et je pense que le bon côté de l’histoire est du côté de la paix en Palestine » .

Est-ce important pour vous de rencontrer les aurillacois sur la question Palestinienne ?

« Je suis ici à l’invitation du collectif Cantal Palestine Solidarité. J’étais il y a quelques jours à Pau à la demande d’un autre collectif unitaire. Ce type de réunions est intéressant car elles s’adressent à plusieurs publics. Pour des gens qui se sentent seuls, isolés avec leur conscience, leur vision, leur problématique et qui par ces réunions, se rendent compte qu’il y a des collectifs qui portent leur lutte, pour élargir les soutiens et pour se donner de la force.

Et puis, les réunions soutiennent aussi le noyau central, déjà au cœur de la cause, avec dans l’idée de faire rencontrer des gens, d’affiner des stratégies, des pensées. Les gens militent peu, en général, de par la manière dont ils ont été réprimés ces dernières années avec les mouvements des retraites ou des gilets jaunes, entre autres. Alors qu’aujourd’hui le public révolté existe, mais on ne le voit plus ».

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Vous allez livrer un témoignage fort, comment pensez-vous qu’il sera perçu ?

« Je suis restée cinq jours à Rafah. Mon témoigne est reçu généralement avec beaucoup de tristesse mais aussi d’espoir. Les gens se sentent touchés, blessés, comme quand je parle de ce jeune Français de 3 ans dont le père avait des liens avec le Hamas, qui ne peut pas sortir de Gaza et est menacé de mort. Aujourd’hui, lui et sa mère se cachent alors que le petit est un citoyen Français ».

"Comment ne pas être touché quand on sait que l'aide humanitaire ne couvre que 5 % de la population gazaouie, que les humanitaires occidentaux sont menacés, et quand les médicaments sont refusés par l'armée israélienne ? Je l'ai vu de mes propres yeux tout ça".

Alma DufourDéputée LFI

« Ensuite, avec mon témoignage, je sens aussi que les gens ont un peu comme une lueur d’espoir. Ils se disent qu’il existe encore des représentants politiques qui prennent le sujet de l’humanité à cœur, qui comprennent la mesure de ce qui est en train de se passer et qui sont prêt à aller jusque là. Ça réconcilie aussi les jeunes, plutôt abstentionnistes, avec la politique. Ils se disent qu’il y a vraiment des gens qui se mettent au service de l’humanité, et pour quoi les causes justes passent avant l’intérêt politique premier ».

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Une centaine de personnes a assisté au témoignage d'Alma Dufour rentrée de Rafah il y a quelques semaines.
Une centaine de personnes a assisté au témoignage d’Alma Dufour rentrée de Rafah il y a quelques semaines. ©Marie Boudon

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Quelle cause défendez-vous précisément ?

« La cause de l’arrêt du génocide des Palestiniens. L’arrêt du massacre le plus meurtrier de ces dix dernières années, qui est aujourd’hui opéré avec la passivité des États occidentaux de premiers plans : les Etats-Unis, mais aussi la France, qui n’a pris aucune mesure concrète de sanctions, ni diplomatiques, ni économiques, contre Israël. Notre pouvoir en tant que parlementaires est malheureusement très limité donc on alerte beaucoup ».

« Chaque semaine on fait une question au gouvernement sur Gaza. Au Parlement Européen, trois résolutions ont été portées sur la question Israël-Palestine : la suspension de l’Accord d’association UE-Israël, l’embargo sur l’exportation des armes, et l’envoi d’une force d’interposition type casques bleus ou type force européenne pour empêcher le massacre. Nous sommes le seul groupe a voter pour ces amendements car nous sommes opposés à une escalade guerrière, nous semblons être les seuls ».

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Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de ne pas défendre la libération des otages Israéliens du 7 octobre ?

« Déjà, ce que je trouve hallucinant c’est que dans ces questions il y a comme une forme d’équivalence. Il va falloir parler des ratios : les massacres épouvantables du 7 octobre ont tué 1 200 personnes, là on parle de 33 000 morts Palestiniens. Il faut le dire. On dit qu’une vie israélienne vaut 30 vies palestiniennes ? Pour les otages, évidemment que nous sommes pour leur libération. Mais les otages sont l’assurance vie du Hamas. ils doivent donc être libérés, mais dans le cadre d’un accord de paix. Il faut qu’il y ait des perspectives de sortie politique à ce conflit ».

"Parler de cette question-là nécessite de replacer les 76 ans de colonisation, les accords de paix sabotés des deux côtés, une aide à la mise en place du Hamas par Netanyahu en 1987. Je pense donc que tout ça doit se régler dans un accord global qui inclut la reconstruction de la bande gaza et la création d'un état Palestinien".

Alma DufourDéputée LFI

« C’est ce que même Stéphane Séjourné admettait hier : il n’y a pas d’accord de paix possible sans une solution politique qui crée de nouveaux droits pour les Palestiniens. La solution doit venir de la communauté internationale, pour imposer la paix par l’interposition car à l’image d’autres très graves conflits comme au Kosovo, et quand la haine est allée aussi loin entre deux peuples, il est tout de même très naïf de croire que des élections en Israël pourraient régler le problème ».

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