Festival Mingi-Wingi : "Affaire Benjamin", une performance théâtrale à repenser l’abondance 

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Festival Mingi Wingi/Ph. Droits tiers

Penser l’abondance autrement l'abondance, telle est la problématique que David-Minor Ilunga a mis en lumière dans son texte dénommé "Affaire Benjamin". Cette pièce a été mise en scène par Tinah Way sous forme d'une performance théâtrale samedi dernier, au Tarmac des auteurs, dans le cadre du festival Mingi-Wingi qui s'est déroulé entre Bruxelles et Kinshasa. Une performance qui a été représentée par des comédiens tels que Henoc Kiyombo, David-Minor Ilunga, Aïcha Mena ou encore Oracle Ngoy.

Sur la scène, David-Minor Ilunga a déroulé le tapis des mots pour un monologue teinté d'humour devant un public assis sur des chaises autour des tables bien garnies des bouteilles de bière, ou de boissons sucrées comme dans les bars à la kinoise. Avec son corps grand et longiligne, et sa voix un brin rauque ; le comédien a étalé, en montrant un billet de 100 dollars à l'effigie de Benjamin Franklin, les possibilités qu'offre l'argent. Construire des maisons, des autoroutes, se donner une belle vie, mais également de changer de peau, de sexe, de nationalité, de se refaire le corps, d'acheter les consciences, d'obtenir la femme de ses rêves, etc.

Malheureusement, cette vision n'est pas partagée par les autres comédiens, à l'instar d'Oracle Ngoy, qui a montré que le plus important c'est de se préoccuper du sort de la planète. Elle exprimé cela à travers le rap et le Slam, en français et en kikongo, avec force et émotion, mettant de l'intensité et complétant la dramaturgie. Le moment a été aussi propice pour rendre hommage à Papa Wemba en interprétant l'un de ses titres. Un pari relevé avec brio par Henoc Kiyombo.

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Qu'est-ce que l'abondance? La question teste au cœur de la scène. Les comédiens tentent de répondre. Pour les uns, c'est vivre en communauté, prendre soin de la terre. Pour les autres, c'est devenir avocat pour aider ceux qui n'ont pas de moyens pour se défendre. Même le public a été plié à l'exercice. Malgré moult idées proposées autour de ce mot, le système économique leur a renvoyé, en pleine figure, une réalité irréfutable : Benjamin Franklin. Le visage bien connu de celui qui habite les billets de 100$.

« Tout le monde a une notion de l'abondance. Mais il y a quand-même une réalité, le système nous ramène à un élément dont on a tous besoin : l'argent. Le problème ce n'est pas l'argent, c'est comment on utilise cet élément-là. C'est ce que j'ai proposé dans mon texte », a dit le comédien et auteur de la pièce,  David-Minor Ilunga.

Pour rendre cette performance théâtrale unique, la metteuse en scène, Tinah Way, a fait appel aux femmes qui tiennent des petits commerces sur l'avenue où se trouve le Tarmac des auteurs pour jouer sur la scène du théâtre. Une couleur tout autre dans une scène d’artistes, mais qui a bien fait passer le message.

« En faisant appel à ces femmes, on a voulu rapprocher le public. Je suis sûr que quand le DG de l’académie des beaux-arts, Henri Kalama, va voir Aïcha prochainement, il va la reconnaître et commander quelque chose. Mais aussi, c'était une façon de leur faire voir aussi ce que nous faisons, de savoir ce que c’est jouer, puisque certaines d'entre elles nous ont vu jouer depuis plusieurs années », a fait savoir Tinah Way. 

La pièce de théâtre “Affaire Benjamin” a été écrite et représentée dans le cadre du festival Mingi-Wingi organisé par Coopération education culture (CEC), en partenariat, notamment avec le Théâtre du fleuve, le Tarmac des auteurs, l'Académie de Beaux-Arts. Cet événement s'est déroulé du 22 au 24 mars entre Bruxelles et Kinshasa.