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Rencontre pour Visions du RéelEmilie Bujès, action ou vérité?

Face à l’objectif, la directrice de Visions du Réel, Emilie Bujès, n’est pas de celles qui détournent le regard.

«Je vous débarrasse?» «Non!» «Vous avez froid?» «Non! Mais je ne vais pas rester longtemps!» Quand on lui demande quelle réplique lui vient spontanément à l’esprit quand elle pense à «Subway» (1985) de Luc Besson, Emilie Bujès jubile en se remémorant la fameuse scène où Isabelle Adjani arrive, punk et revêche, à un déjeuner barbant chez Monsieur le préfet, hérissée d’une crête iroquoise. La directrice de Visions du Réel, festival consacré au film documentaire créé en 1969, se souvient comme si c’était hier de l’affiche illustrée du film de Besson dans la chambre de son cousin.

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Le réel plus fort que la fiction

Lors de la rencontre dans un hôtel lausannois avec vue sur le lac par une belle journée de mars, Emilie Bujès se montre prolixe et intrépide. Pas fan de l'appellation «documentaire», elle préfère parler de cinéma du réel, «une notion que je trouvais un peu absurde il y a quelques années. En réalité, cette définition correspond à ce que l’on propose dans le cadre du festival, soit la rencontre du réel et du cinéma», déclare-t-elle. 

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Celle qui a grandi à Fribourg avant de s’exiler à Genève et Berlin estime que le terme documentaire réduit la perception que l’on peut se faire du genre. Une appréhension à la fois ennuyeuse, informative et plate. Très peu pour elle. «Peu importe comment on décrit les choses, notre objectif est de réussir à créer une programmation qui donne envie au public de venir. Nous luttons de toutes les façons possibles pour évacuer la dimension un peu «enfermante» du mot, par le biais d’extraits, de vidéos et de fêtes qui permettent de se rendre compte de quels types de films nous donnons à voir. Il s’agit souvent d’histoires invraisemblables auxquelles on ne croirait pas dans la fiction! La famille, c'est vraiment le ground zero du cinéma du réel. On se sent parfois un peu comme des thérapeutes qui écoutent les histoires des gens pendant nos visionnements!»

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Qui détient la vérité?

Où se dessine la frontière entre réel et fiction? «Quand on essaie de montrer quelque chose, répond Emilie Bujès, il arrive que ça ne se passe pas exactement comme on l’avait prévu au moment où la caméra tourne. Dès le moment où on accepte de refaire la scène, tout devient possible, la notion éthique de la vérité n’est jamais objective.»

Pour elle, la dimension du temps est essentielle afin d’optimiser les chances de capturer des situations de façon naturelle. Face au premier contact avec la caméra, les protagonistes peuvent avoir tendance à se crisper. Quand la caméra les accompagne sur un temps long, les rapports deviennent plus directs. Se sentir suffisamment à l’aise pour laisser place à la spontanéité de la parole et du geste peut prendre du temps.

De l’art contemporain au cinéma

Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, la directrice du festival n’est pas tombée dans le film documentaire à l’âge où d’autres font des châteaux de sable. Cette passionnée du cinéma au sens large vient de l’art contemporain. Commissaire d’exposition, elle prend rapidement l’habitude de collaborer avec des artistes qui travaillent l’image en mouvement. Un soir de Berlinale, on lui présente le directeur de Visions du Réel. L’année suivante, elle y participe à des débats, puis elle entre dans le comité de sélection du festival nyonnais. Elle vient d’entamer sa 7e édition en tant que directrice de la manifestation.

Fuir la zone de confort

La directrice de Visions du Réel Emilie Bujès entame sa 7e édition du festival.

Composer le programme d’un festival tel que Visions du Réel est un travail de longue haleine. Des 3300 films reçus pour cette édition 2024, 128 ont été gardés. Dans l’objectif d’un choix judicieux et pertinent, la directrice peut compter sur l’intelligence collective de son équipe de sélection – six personnes, dont elle fait partie. «On aboutit à une shortlist de 600 films, puis nous nous rencontrons dix jours en décembre, suivis de trois semaines en janvier, durant lesquelles nous visionnons de façon très intensive douze heures par jour. Les désaccords sont nécessaires, les tensions et les pôles différents rendent la programmation plus intéressante, s’enthousiasme-t-elle. Si tout se construit dans notre zone de confort, le résultat est tiède et ce n’est pas ce que nous cherchons.»

Le mur du son

Dans le film documentaire, la musique demeure un point délicat, au même titre que le zoom et l’usage des drones. «Je viens d’une école où c’était encore interdit il y a une dizaine d’années. Heureusement, ça se détend aujourd’hui. Sans orchestrer une situation dramatique dans l’objectif de s'intensifier, la musique peut être utilisée dans certaines situations qui s’y prêtent.»

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L’ex-enfant traumatisée par le clip «Thriller» de Michael Jackson et titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art avait choisi de réaliser son travail de mémoire sur le rapport entre le son et l’image. Sensible, elle évite de regarder des films d’horreur. Un jour, elle demande à un ami de l’accompagner voir «Trouble Every Day» (2001) de Claire Denis avec Béatrice Dalle et Vincent Gallo.

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«J’ai trouvé ça tellement affreux que je voulais partir. Alors j’ai fermé les yeux et je me souviens que le son était pire que l’image. On sait que le son agit ailleurs dans le cerveau. Il se situe dans un endroit plus inconscient et émotionnel.»

Visions du Réel, jusqu’au 21 avril.