Jura Une centaine de figurants rejoue la bataille d’Orgelet de 1674
À l’aide d’un micro, ce bénévole tente de guider les figurants, place de l’église à Orgelet. Il est 15 heures ce lundi 1er avril, c’est la fin de la répétition générale. Dans une heure, 85 figurants habillés en costume d’époque tenteront de rejouer la bataille d’Orgelet qui s’est déroulée du 31 mars au 1er avril 1674, il y a 350 ans. « Le principal, c’est que vous passiez un bon moment », lance-t-il aux comédiens amateurs.
Une guerre menée par Louis XIV
L’association de sauvegarde du patrimoine historique d’Orgelet et sa région (Asphor) a initié cette reconstitution historique, aidé des Balladins du château de Présilly, notamment pour le prêt des costumes.
« La bataille d’Orgelet est une partie de la guerre de Hollande qui avait lieu dans toute l’Europe », contextualise François Bonneville, président de l’Asphor. En 1674, les troupes françaises de Louis XIV envahissent la Franche-Comté, province espagnole. À Orgelet, les Francs-Comtois qui ont failli avoir le dessus n’ont pas résisté face aux Français.
Des balles de mousquets dans l’orgue
Le projet de reconstitution est né il y a six mois.
« On sait ce qu’il s’est passé lors de cette bataille grâce à un texte très précis qui contient des témoignages de soldats français, raconte François Bonneville. Il y a aussi des traces archéologiques. Les soldats se sont battus jusque dans l’église. Des balles de mousquets ont été retrouvées dans les tuyaux de l’orgue lors de sa restauration en 1987 ». L’objectif de ce lundi était de donner un aperçu des deux jours de bataille en 20 minutes.
« On n’est pas là pour faire de l’Histoire mais pour s’amuser », indique François Bonneville.
« On pouvait choisir notre personnage »
Un appel à figurants a été lancé il y a quelques semaines. « Ma mère a repéré l’appel et m’en a parlé », explique Antoine Bernard Duc, 14 ans, l’un des plus jeunes figurants du jour. Le collégien a choisi d’endosser le rôle du capitaine De Lezay, du côté des Francs-Comtois. « Le fusil ne tient pas trop à la ceinture », lance le jeune homme, pas stressé pour autant. Les costumes de Diane et François Charreyre, assis sur un banc devant l’église, attirent l’œil des automobilistes.
« François est à la retraite depuis quelques jours, explique Diane. J’ai vu cet appel à figurant, c’est notre premier projet de retraite », lance-t-elle en souriant. Diane a opté pour le costume de paysanne et François de soldat français. « On est allés il y a quelques jours au château de Présilly essayer les costumes. Nous avons fait notre première répétition ce lundi à 9 h 30 sous la pluie », raconte Diane. « Le plus dur c’est de coordonner des gens qui ne se connaissaient pas la veille », ajoute François.
Épée contre épée
Il est 16 heures, le spectacle débute sous l’œil de centaines de spectateurs. Accompagnés d’une bande-son explicative, les figurants rejouent la bataille, armés d’épées et d’armes à feu. Les pétards mettent le public dans l’ambiance. C’est la fin, les francs comtois comptent leurs (faux) morts. La bataille de 1674 est un événement marquant pour la ville d’Orgelet, brûlée et à moitié détruite. En 1678, la Franche-Comté devint définitivement française.
Préparer une centaine de costumes
Des paysans, des bourgeois, des soldats français, des soldats francs-comtois ou encore des mercenaires. Pour rejouer la bataille d’Orgelet, il fallait mettre à disposition des figurants près d’une centaine de costumes. Ceux-ci appartiennent à l’association des Balladins du château de Présilly. « Il s’agit des costumes qui ont servi au film Le Médecin des pauvres , explique François Bonneville, président de l’Asphor. Il y a un petit anachronisme de 30 ans ». La confection d’un seul costume représente des heures de travail. Avant le jour J, les figurants ont tous essayé leur costume. « On avait prévu 4 après-midi complets pour les essayages, au château », raconte Maryse, la cheffe costumière des Balladins. Les accessoires avaient aussi leur importance dans la reconstitution : 51 épées, 16 fusils et 10 pistolets ont été nécessaires.