Mobilité

Presque 10 années : le Belge garde sa voiture toujours plus longtemps… et la revend comme occasion

Le Belge garde sa voiture toujours plus longtemps (La Première 19/04/2024)

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InfoPar Jean-Christophe Willems

9 ans, 9 mois et 11 jours. C’est la moyenne d’âge des voitures en Belgique. Et encore, les derniers chiffres officiels datent de 2022. Comme cet âge augmente année après année, il y a fort à parier que l’on a atteint actuellement le cap des 10 ans. De plus, cela concerne l’ensemble des voitures immatriculées chez nous, y compris les voitures de société qui tirent l’âge vers le bas. Pourtant, notre pays est nettement sous la moyenne européenne de 12,3 ans (8 ans au Luxembourg et… 17 ans en Grèce !).

Une vieille voiture plutôt qu’une neuve ?
Une vieille voiture plutôt qu’une neuve ? © Jean-Christophe Willems

Le nerf de la guerre : l’argent

Cela n’aura échappé à personne : les automobiles sont devenues chères. Même si, dans l’absolu, elles sont toujours plus sûres, mieux finies, mieux équipées et plus performantes. Difficile de comparer une Golf de première génération à moins de 6000 euros avec la huitième génération à 30.000 €. Mais à en croire l’organisation Transport & Environnement, les cinq plus grands constructeurs européens ont augmenté les prix de leurs modèles les moins chers de 41% entre 2019 et 2023. C’est bien plus que l’inflation.

Et la récente diminution des prix de plusieurs modèles électriques ou les remises importantes sur les véhicules de stock (qui n’existaient pas au moment de la pénurie de puces électroniques) ne compensent pas l’envolée. Le citoyen n’a tout simplement plus les moyens de changer de véhicule aussi régulièrement qu’avant.

L’an dernier, deux tiers des voitures neuves vendues étaient des voitures de société. BMW est en Belgique la marque leader, phénomène unique au monde. Et dans le même temps, Dacia est la marque la plus vendue aux particuliers : tout est dit ! "Le coût à l’achat est vraiment un frein pour le particulier", explique Filip Rylant, le porte-parole de Traxio, la fédération des métiers de l’automobile. "Le consommateur hésite, et c’est surtout le cas pour les voitures électriques, qui restent 20 à 25% plus chères que les thermiques."

Pas d’électronique, ni d’aides à la conduite dans les années 70. Et une fiabilité toute relative.
Pas d’électronique, ni d’aides à la conduite dans les années 70. Et une fiabilité toute relative. © Getty Images

Incertitudes et revirements politiques

 

Avec la fin annoncée des énergies fossiles et l’arrivée de zones de basse émission, le consommateur est plus que jamais dans le doute. Le prix n’est donc pas la seule raison au report d’achat : "Pour les voitures électriques, l’infrastructure de recharge est trop peu développée, surtout en Wallonie. L’incertitude plane aussi sur le type de motorisation qu’il faut choisir. Enfin, la fiscalité change régulièrement et ça ne donne pas confiance. Le particulier se rassure en achetant à 70% une voiture essence, qui lui donne le droit de rouler dans les zones de basse émission pendant encore quelques années."

Si l’Europe veut interdire, dès 2035, la vente des voitures thermiques dont le carburant provient du pétrole, certaines régions assouplissent leurs mesures. C’est le cas de la Wallonie, qui est revenue sur sa décision de bannir les voitures les plus polluantes, et donc les plus anciennes. Les grandes villes pourront choisir mais il n’y aura pas de décision globale concernant l’ensemble du territoire. Sans cette épée de Damoclès, moins d’urgence de changer pour un véhicule moderne.

Et même au niveau européen, les instances se repencheront dans deux ans sur la fameuse échéance de 2035. Il n’est pas impossible qu’elle soit assouplie et que les carburants de synthèse neutres en CO2 aient atteint une certaine maturité d’ici-là.

Cap sur l’occasion, plus fiable

 

C’est bien beau de garder son véhicule plus longtemps, encore faut-il qu’il soit en état de rouler. Et les progrès de ces dernières années permettent d’envisager une durée de vie de 300.000 km quand, avant les années 80, on l’estimait à 100.000 km (avec bien sûr des exceptions et des réparations moins coûteuses et plus simples qu’actuellement). C’est donc tout profit pour le marché de l’occasion, presque exclusivement dédié aux particuliers.

Près de 700.000 voitures ont changé de mains l’an dernier, en progression par rapport à une année 2022 déjà correcte, ce qui n’était pas le cas pour les voitures neuves. Le marché se développe avec l’introduction de pièces détachées de réemploi ou l’apparition de centres de reconditionnement. Certains acteurs du secteur proposent même une garantie de 8 ans sur une voiture d’occasion : impensable il y a quelques années à peine. Et Filip Rylant de conclure : "En Belgique, 4 occasions sur 10 immatriculées cette année ont tout de même 10 ans et plus."

Plus vieux, moins écologique malgré tout

 

Si conserver sa vieille auto est sans doute bénéfique pour le portefeuille quand on roule peu, il en va tout autrement pour l’environnement et la santé publique. Malgré des normes d’émission toujours plus strictes, la combustion de carburant est source de rejets polluants (oxydes d’azote, particules fines, hydrocarbures imbrûlés, etc.) et de gaz à effet de serre (CO2).

Le passage à l’électrique élimine quasi tous les premiers, à l’exception des particules fines émises par le freinage conventionnel et les pneus. Quant au CO2, s’il est émis en plus grande quantité lors de la fabrication de l’auto, il est absent ensuite. Les études les plus sérieuses évoquent deux à trois fois moins de rejets sur l’ensemble du cycle de vie, fabrication de la batterie et recyclage inclus, en fonction de la provenance de l’électricité.

Mais ces technologies restent onéreuses, et l’impact sur l’environnement n’est pas négligeable (extraction des matières premières). Reste qu’une voiture électrique nécessite très peu d’entretien et est bien plus fiable qu’une thermique, ce qui permet de la garder plus longtemps et d’effectuer plus de kilomètres. Dans dix ans, il y a fort à parier que l’âge moyen du parc automobile aura encore vieilli, entre autres à cause de l’arrivée de ces voitures électriques sur le marché de l’occasion.

Quelles sont les positions des partis en matière de mobilité, de voitures électriques, de vitesse sur la route ? Faites le test électoral.

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